asynchronie
vrille d’averse qu’à peine repoussent
les essuie-glaces
fluidité du trafique
même les feux sont au Vert et ne m’accordent pas
un regard vers elle ou juste
du coin de l’œil
une main sur son genou—distraite—
et ses doigts sur les miens—peut-être—
je n’ai déjà plus cours
le départ m’a pris hier soir et je n’étais plus là
la nuit taciturne m’a vu compter les heures
la chaleur quittait tout doucement mes gestes
s’abattait l’ailleurs sur mon esprit blême
les demains m’envahissent et leurs présents
se fondent en moi—comment pourrais-je
l’étreindre l’embrasser une dernière fois—
disconnect
souffle retenu au jusant découvert
débris de barques
quelques troncs arrachés
dans l’inédit céruléen du jour
mais nous n’entrainons pas nos cils
à l’aquosité nos visages
ont pris le pli des jours de veille
spectre
soudain seul au volant
j’ai cru voir aux pas des portes
de vagues silhouettes
dire adieu à l’étranger familier à ces lieux
se referment des grilles de brume
et comme on s’éveille d’un rêve
me voici arpentant les hauts plateaux déserts
dans des aberrations de vent
de froid crépusculaire
mes pieds ne laissent pas de traces derrière eux
et si
l’erre d’un souvenir
asynchrone encore
hallucinations témestatiques
aile affalée pour couverture
je dors sous ses cheveux défaits
prosterné devant l’heure filiforme
d’un néant espéré
goûté
déjà loin oublié
mais vois-tu je n’ai pas hâte
des draps froissés par l’ombre des persiennes
déchirés ça et là de soleil
n’ai-je pas toujours préféré
l’aventure des bruines
ce soir je reprends le geste ancestral du tracé
encre sur feuille élimée
en bon gaucher j’écris de haut en bas
épaule raide
le poignet alourdi par d’autres ancres
et ce même doigt pourtant qui effleure tes lèvres
si j’y songeais un peu trop fort
je n’aurais que des questions à écrire