Le Premier Sac de Rome
Brennos et ses guerriers ayant pillé Clevsin
Et reçu des romains un outrage servile
Alignent leur armée aux abords de la ville
Pour venger par le sang leur sinistre dessein,
Des plaines de l’Allia, le souffle du buccin
Délité puis fondu dans la terreur civile,
Les gaulois veulent jouir d’une appétence vile
Libérant sans pitié violeur et assassin,
Les derniers survivants, massés au Capitole,
Spectateurs affamés d’un monde qui s’étiole,
Abaissent leurs fronts ras devant ceux chevelus
Et le barbare, fier en faussant la balance
Pour peser leur tribut, tout auréolé lance
Aux patriciens furieux un : « Malheur aux vaincus ! ».
Hercule et Omphale
Hercule s’avança, le regard basaltique,
Encore inassouvi du torride labeur,
Pour déposer aux pieds de cette reine antique
Sylée, en ce jour là qui déchire tout cœur,
Omphale, contemple en songeant son domestique :
« Homme qui pour mon gré vient laver ton honneur,
Faudrait-il qu’à mon tour sans faillir je m’applique
Comme toi face au crime à tremper ton humeur ? » ;
L’oracle d’Apollon incitant de sa flamme
Le brave à s’ardre un temps au ressort d’une femme
Unit-il son destin à sa noble mission ?
Le héros, sans regret, repart vers l’aventure
Où Déjanire apprête à sa mâle nature
Une tunique toute enduite de poison.
Les Greniers de Mao
« Si les greniers du Henan et du Hebei avaient été ouverts, aucun ne serait mort. » Yang Jisheng, Stèle
Les paysans rompus à la force des bras
Menèrent le combat face aux nombreux nuisibles
Le Timonier ayant indiqué quatre cibles :
Les mouches, les moineaux, les moustiques, les rats,
Plusieurs milliers d’oiseaux dont on sonna le glas
Ne chassent plus dès lors auprès des comestibles,
Les bandes de criquets les passent à leurs cribles
Rationnant strictement de multiples chinois,
Au Henan, au Hebei, cadres et fonctionnaires
Dont l’esprit fut pétri de réformes agraires,
Travaillent sans ciller à déplacer leur flot
Et tous les affamés se pressant à la porte
Des entrepôts de grains crient d’une voix morte
Sans que personne n’ouvre : « Ô Président Mao ! » …
Laudatus sis
Krishna va sur son char et décoche ses flèches,
Cupidon se déplace une main au carquois,
Joseph bande son arc face au monde sans lois
Pour vaincre le démon qui médite ses brèches,
Sans fléchir un cortège enchanteur d’âmes rêches
Liant aux valeureux labeur et désarrois
Veut former des enfants plus forts, plus purs, plus droits
Et porter à chacun la vertu que Tu prêches ;
Qui donc t’estimerait si distant et si froid
Seigneur pouvant remplir nos rêves par l’effroi
De n’être confortés avec tes flammes vives,
Amour, toi qui parfois interroge aux tisons
Sur le jour où tu vins visiter les maisons
Insufflant calmement : « Je voudrai que tu vives ! » ?
Par flèches, je serais tenté de parler de traits d'esprit non ?
CQFD