maîtres du ciel, comme autant de flèches noires
croisant en escadrille d'est en ouest, du nord au sud
au-dessus des timides hirondelles au vol mou et capricieux,
de toute leur vie, jamais ils ne toucheront le sol,
infirmes de leurs trop longues ailes effilées
qui les empêcheraient de reprendre leur envol
et les vouent à ne vivre que dans les airs,
où ils s'accoupleront même secrètement
loin des regards, dans de longues nuits d'ivresse
le soir ils s'élèvent au gré des courants ascensionnels,
en de grandes spirales, à la poursuite du soleil,
et comme libérés des lois de la pesanteur,
de leur nature terrestre et de leurs peurs,
fils d'Icare enfin tutoyant les Dieux,
ils s'en vont dormir là haut dans les étoiles,
bercés par les pulsations lentes de l'univers
et baignant dans les effluves de la Voie Lactée,
assurés de matins triomphants
et de radieuses aurores