ARTIFICIELS
Ciels, clairs, dénudés, aux nuages dissous, évaporés,
Ciels aux couleurs d’imaginaire,
Ciels purs inaccessibles dans les yeux des femmes,
Objets des multiples regards qui espèrent, même les plus sceptiques,
Ciels, peuplés de toutes les images, universelles, intimes, mystiques et athées,
Aujourd’hui sans brûlure, ciels constellés d’oiseaux,
Ciels dont on attend l’issue, clins d’œil sur d’autres horizons,
Poèmes contre la fatigue, l’âge, les poches qui se forment, le délitement des années
NÉES,
Dans la jeunesse turbulente du siècle, ont la légèreté des parachutes,
Nées pour glisser sous le vent, pour échapper à ce réseau d’incertitudes,
Pareilles aux envolées des îles aux contours d’un hasard accueillant,
Nées fortes quand elles portent l’errance des déserteurs usés,
Quand leur alphabet est un paysage que les fleurs ont choisi pour tapisser
Les terres convoitées,
Nées avec la grâce du nouveau-né accroché à sa mère,
Le désir dans le corps pour donner du courage.
RAGE,
Après l’abattement,
Rage des vikings à dynamiter les circuits,
Vider les mégalopoles des enfants que nous sommes,
Rage des armées de soldats devant la crinière des incendies,
Mélange de danse et de combat où les corps sans lumière s’écartèlent,
Dans un théâtre noir tapissé de musique baroque,
Rage du loup aux canines sanglantes,
Rage à faire éclater ce monde d’algorithmes.
RYTHMES,
Rythmes à tituber devant des ruines fraiches,
Rythmes pour des danseurs sauvages qui fêtent le futur,
La nouvelle utopie « retrouver l’innocence »,
À inventer des mots sur des bouts de papier,
Rythmes à suivre ses désirs dans des éclats de rire,
Vivre ses évasions dans la menthe et les arbres,
À chanter, chanter, chanter encore,
Sur les toits ou les ponts, sans musique et sans loi,
Rythmes à copier les oiseaux.
EAUX,
Eaux de pluie, tropicales. eaux de fleuves sauvages, eaux de lacs insondables,
Eaux d’océans farouches, de deltas épuisés,
Dans lesquelles il faudra se laver,
Ce sont ces eaux qui nettoieront les cerveaux et les cœurs,
Qui se déverseront dans les corps et les peurs,
Eaux qui prendront le contrôle,
Quand tout cela sera derrière, quand tout sera perdu, oublié,
Qu’il ne restera qu’un espoir, et qu’ainsi se finiront les temps
ARTIFICIELS.