elles meurent noyées., par dizaines,
leur corps aux éclats mordorés
dérivant au hasard du courant
et du vent,
emportées, jetées, aspirées enfin
par un maelström aveugle,
jusqu'au fond du gouffre*
elles qui, assoiffées à en mourir
par les fortes chaleurs de cet été
impitoyable, n'avaient pas résisté
à l'attrait fatal de ce miroir d'eau,
avaient voulu y tremper leurs lèvres
avides en vol, s'y gorger de cette eau
si rare, dont leurs larves assoiffées
avaient tant besoin, à en mourir aussi
,
et, dans leur tentative désespérée,
avaient sombré lamentablement
dans ces eaux traîtresses
qui devaient être leur tombeau,
victimes d'un été sans pareil
présageant un sombre futur
où hommes et bêtes
affronteront la chaleur et la soif,
la peur d'un naufrage commun,
de l'effondrement d'un monde,
un monde unique,
le leur,
et aussi le nôtre
* le skimmer