Un jour je perdis mes rêves en regardant le ciel.
Et ce jour était une nuit,
"Une nuit d'hiver" où j'étais voyageur.
J'avais douze ans.
J'étais allé au concert,
Du Schubert,
Un concert où j'avais pu nager
Telle une truite, un poison argenté
Au fil des notes bleues d'une rivière.
J'avais rangé dans son étui de bois noir,
Mon trois-quarts d'étude.
Il dormait sagement dans un doux velours rouge,
Il attendait,
Mon apogée.
Je n'avais jamais cru que le ciel était clair.
J'avais douze ans, je n'étais pas un enfant.
Un jour je perdis mes rêves en regardant le ciel,
Un jour comme une nuit où la pensée voyage.
Un télescope, un astronome.
Je sus reconnaître les étoiles,
Je les constellais en vains poèmes,
Recalculant les orbites possibles,
Sur l'écliptique.
Au périgée, je m'amusais.
Les "mathématiques sévères" n'avaient plus de secrets.
Mon violon noir attendait.
Les jeux d'enfant sont innocents, croit-on.
Cette nuit,
J'avais fait un grand trou dans l'azur.
Je caressais les univers.
L'eau du peintre en herbe avait perdu ses couleurs:
Le bleu, le vert, le rouge et l'indigo.
L'art du poète avait égaré ses voyelles:
Le A, le O, le U et le I grec.
Cette nuit je sus vraiment que le monde était noir.