Je contemplais l'Histoire ,du haut de ma tour,
les splendeurs des palais que dévoilait l'aurore,
l'Orient dans ses brumes ,où il flottait encore,
le mystérieux parfum des nuits d'Udaipour ;
le Muezzin, lançait son impérieux appel,
dont l'écho frappait les murs du Fort Rouge
dédale de ruelles où rien encor ne bouge,
sauf une vieille femme mâchant le bétel;
au cœur des fumées bleues qui voilent l'Orient,
dans l'azur poussiéreux ,un lourd disque de feu
embrase l'horizon et le lac tremble un peu,
rose sous le marbre blanc, de Bouddha souriant,
dans les vapeurs d'encens ,qu'un essaim exaspère;
Puis tout devient chaos ,c'est le matin bruyant,
la foule fourmille et le désordre se répand,
comme l'âcre senteur d'épices dans l'air;
les clacksons dispersent la foule bariolée,
les dromadaires, sous brancards, se déhanchent ;
les pick-up surchargés de prédicateurs penchent ,
entre deux processions ,femmes nues ou voilées;
regards charbonneux de vrais mendiants du Gange;
le turban guerrier et la barbe des Sikhs,
prise dans un filet ;un saddhou sur ses piques
qui laisse sa planche à clous, en échange
d'un sourire ;et la vache sacrée chemine
dans son maigre silence, la foule, en délire,
l'entraîne dans un tourbillon, provoquant l'ire
de quelque sage Hindou dont la peau parchemine.
La nuit tombe, d'ombres aux yeux de braise,
d'étranges et âcres bûchers vont se consumer,
et, au bord de l'eau, les bruits du le fleuve et l'ascèse,
de la foule qui vient, dans le flot se plonger.
Sur le fleuve glissait une longue barque
avec des chants, des saris orange et vert,
et dressée sur son lit d'or, une lascive Parque,
entourée de fidèles ,nus, les bras ouverts.
Les fleurs, les couleurs ,les senteurs,
le feu à demi-éteint, aux fumées délétères,
tout me sembla soudain empreint d'horreur,
et le bétel même avait un goût de terre;
je remontais aux sources du Fleuve Sacré,
pris d'un élan mystique pour y trouver la foi,
la lenteur du temps, entendre le cri de la Vérité,
sorti de la bouche d'or, d'un ineffable Bouddha.
toujours plus haut vers les cimes, je rencontrai
figé dans un sourire ,là où l'ombre est safran,
le Bhoditsava que d'autres foules venaient adorer
sur un pic vermeil ,face au soleil levant,
qui embrasait les stupas , inondait les rizières;
entre les montagnes parées de liquides miroirs bleus;
je discernais dans quelque fumée l'éclat du mystère,
et mon cœur s'extasiait au sort des bienheureux;
dans l'ombre des cimes des fleurs blanches mirent
leurs rêves présomptueux de pâles immortelles
et moi, pris dans ce doux et vain délire,
j'oubliais mon bourdon et mes vœux de Compostelle.
Jf corr mar 2020
Indes
Débuté par QUETZAL, févr. 05 2024 09:07
2 réponses à ce sujet
#1
Posté 05 février 2024 - 09:07
- Jped, M. de Saint-Michel et Laurence HERAULT aiment ceci
#3
Posté 06 février 2024 - 07:00
Tableaux évocateurs : un poème à la mesure de ce sous-continent indien
- M. de Saint-Michel et Laurence HERAULT aiment ceci