Je souhaite, tout en approfondissant le thème de la couleur bleue, rendre un hommage appuyé à Théodore De Banville.
La modeste contribution qui va suivre s'appuie honteusement sur son poème "Le Saut du tremplin" de 1857.
Sur le tremplin de l'esprit en feu
le poète saute, et resaute,
Plus haut ! plus loin ! de l'air ! du bleu !
S'exalte l'apprenti cosmonaute
Le bleu l'entoure, l'oxygène manque,
Encore ! Encore ! Crie le saltimbanque
Il a déjà des cieux le large sourire,
Il veut le toucher, le saisir, le sentir
battre dans sa paume, l'étaler sur sa peau
se fondre dans cet azur, être cet azur
Forcer la réalité, lever le rideau
Voir derrière ce qui est affiché au mur.
Jusqu'au ciel pur, Plus haut encor !
Les bras tenus le long du corps
Il s'élance pour son suprême voyage
Regardons le jaillir, nous autres profanes,
S'arracher de son esclavage,
Traverser enfin les membranes
De ce cocon qui nous maintient en vie.
Alors dans cette dernière folie
L'oxygène n'est plus, le bleu s'assombrit,
Il déchire le voile devant ses yeux
Là, découvre par dessus de ce qui luit
Le noir, profond, immense et vertigineux
Et le bleu tant attendu
A bel et bien disparu.
L'infinie toile, si noire, si trouée,
D'où perce la lumière du fond des âges
Pendouille, juste à quelque étoile accrochée
Et il meurt d'avoir cru à ces grands trucages.