Dans ce désert
de l'amour,
des terres arides ou des contrées glacées,
des forêts étouffantes et moites,
sans sentiers ni traces, ni âme qui vive
où l'on erre jusqu'à en devenir fou
et, à la fin, en crever,
des nuits sans sommeil, des jours sans soleil,
dans ces éternités d'ennui, ces gouffres de solitude,
ces cavernes béantes, ces lacs de deuils et de douleurs,
ces villes, ces campagnes, ces mers jonchées de cadavres,
pâle héros de ce théâtre d'ombres qu'est la vie,
lourd de ses souvenirs, de ses désirs, de ses rêves,
il avance titubant, épuisé comme le marin
sortant du pot au noir, chevalier errant,
inexistant, somnambule yeux grands ouverts,
et comme le Samouraï aux soixante victoires,
devant le fleuve il s'écrie : " Je suis vivant! "