je suis un continent, la peau comme frontière,
avec ses promontoires, ses archipels, ses vallées
secrètes, ses sommets, ses gouffres obscurs,
ses collines ensoleillées, ses bois et ses déserts
un continent perdu, ignoré des autres et aveugle,
entraîné malgré lui dans une lente dérive,
attendant son Christophe Colomb pour rompre
sa solitude, tout en sachant que ce serait sa perte,
que ses forêts et ses fleuves inviolés et sauvages
devraient alors cracher l'or de son sol,
le sang de ses hévéas
et enfin,
rêvant de s'enfoncer dans ses océans et ses mers,
pour retourner dans le secret du ventre maternel
et sentir se dissoudre les contours de son être,
entendre à nouveau le souffle et les pulsations
de l'univers
au rythme et en écho
de son propre coeur