Art poétique
Ecrire quelque chose sur notre décadence
Non pas d’artistique – puisque l’art se pourrit au contact de l’air
Mais méta artistique.
Ecrire sur.
Espérer la tristesse et l’approximation
Ne jamais se contenter des mots qui dénotent ce qu’ils disent.
Remplacer indéfiniment une idée par une autre dans un plan structurel. Affirmer
En même temps que rien
N’existe. Que toute chose est relative, enfin. Et se complaire dans ce demi malheur.
Ne plus vouloir classer les choses logiquement. Séparer au Hasard, comme l’Abîme du Ciel.
Prince clément, or vous plaise sçavoir
Que j’ai tout vu mais n’ai science ne sçavoir
Et puis dormir, rien de plus.
Travailler par obsession puis goûter la moiteur d’un repos apathique.
ne pas être pourtant passionné
être convaincu de son incompétence
en souffrir, l’adorer.
Ne faire les choses qu’à moitié et rêver de l’autre
sans la réaliser.
Détester les émissions télévisées sur la littérature
Détester la littérature, mais en faire son métier
Sans l’avoir voulu
Mépriser tous ces fades humains, se reconnaître en eux.
Ne pas être laborieux.
Se reposer.
Dormir, rien de plus.
Croire en l’inspiration. La laisser s’évaporer.
Manger. Vomir. Ne plus manger.
Rêver d’une maigreur extrême & détester
la chair.
Ne pouvoir s’en passer, pourtant,
rien de plus.
Avoir vu ce que j’ai vu
Et voir ce que je vois…
Ernestine Artner
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Art poétique
11 décembre 2007 - 07:16
théorie du fantasme
11 décembre 2007 - 04:55
Décadence :
Commencement de la ruine, perte de prestige ; déclin.
Toutes les époques peuvent revêtir des airs de décadence : tout présent contient une forme de finitude. Libre aux humains, par goût d’un optimisme hypocrite, de s’intéresser à ce qui commence. Moi, Ernestine Hahn, j’ai acquis le goût délétère de voir ce qui meurt.
Ma più ne colpoi micidiali specchi, / che’n vagheggiar voi stessa avete stanchi / Questi poser silentio al signar moi, che per me vi pregava, ond’ei si tacque, / veggendo in voi finir vostro desio ; / questi fuor fabbricati sopra l’acque / d’abisso, et tinti ne l’eterno oblio, / onde’l principio de mia morte nacque.
Pétrarque, Canzoniere, sonnet 46
La théorie se poursuit donc (se termine peut-être) sue ces « micidiali specchi ».
Selon la théorie médiévale du fantasme, le mécanisme de la vue est expliqué comme une personne qui serait entre un lac et un miroir. Si un objet du monde se reflète dans le lac, elle en voit le reflet qui lui-même se reflète dans le miroir, ce reflet du miroir se reflète à nouveau dans le lac et revient vers l’objet extérieur. Le lac est l’extérieur de l’œil (qui reflète littéralement grâce à l’eau qu’il contient), l’homme la faculté appréhensive et le miroir la faculté intellective où se fixe le fantasme, donc, de l’objet extérieur.
Et c’est cette double projection à la fois du monde extérieur et vers le monde extérieur qui permet d’en « saisir » les objets. Le phénomène de fixation, sous forme de fantasme, c’est le mécanisme de la mémoire. La notion de « réalité » procède d’un double mouvement, d’un extérieur vers l’œil et de l’œil vers l’extérieur ; de là vient que nous disions « ré-fléchir » pour « penser » le monde.
Dons, mettons que par exemple cet objet ce soit toi et que tu sois là , mes yeux réfléchissent ta lumière, et moi, je réfléchis sur toi l’image de ton image… ce que je vois de toi est le reflet d’un fantasme.
Disons maintenant que je sois atteinte de la melancholia amoris ; toujours selon cette théorie, l’image de toi dans moi, mon fantasme de toi grossit et envahit toute ma mémoire. Tu vis dans moi et je n’ai l’impression de n’être plus que toi. D’où l’image de l’échange des cœurs dans la topique courtoise (chez Thomas d’Aquin cette faculté intellective se situe dans l’intellect, mais chez d’autres, comme Arnaud de Villeneuve, elle est dans le cœur, physiquement).
Ce qui se reflète dans moi n’est plus que toi. Et, s’il venait à être que tu ne sois plus là , ce serait encore le fantasme de toi que je réfléchirais sur le monde alentour, d’où cette « maladie de la perception » qu’est l’amour-mélancolie, ou « maladie de l’estimation ».
Commencement de la ruine, perte de prestige ; déclin.
Toutes les époques peuvent revêtir des airs de décadence : tout présent contient une forme de finitude. Libre aux humains, par goût d’un optimisme hypocrite, de s’intéresser à ce qui commence. Moi, Ernestine Hahn, j’ai acquis le goût délétère de voir ce qui meurt.
Ma più ne colpoi micidiali specchi, / che’n vagheggiar voi stessa avete stanchi / Questi poser silentio al signar moi, che per me vi pregava, ond’ei si tacque, / veggendo in voi finir vostro desio ; / questi fuor fabbricati sopra l’acque / d’abisso, et tinti ne l’eterno oblio, / onde’l principio de mia morte nacque.
Pétrarque, Canzoniere, sonnet 46
La théorie se poursuit donc (se termine peut-être) sue ces « micidiali specchi ».
Selon la théorie médiévale du fantasme, le mécanisme de la vue est expliqué comme une personne qui serait entre un lac et un miroir. Si un objet du monde se reflète dans le lac, elle en voit le reflet qui lui-même se reflète dans le miroir, ce reflet du miroir se reflète à nouveau dans le lac et revient vers l’objet extérieur. Le lac est l’extérieur de l’œil (qui reflète littéralement grâce à l’eau qu’il contient), l’homme la faculté appréhensive et le miroir la faculté intellective où se fixe le fantasme, donc, de l’objet extérieur.
Et c’est cette double projection à la fois du monde extérieur et vers le monde extérieur qui permet d’en « saisir » les objets. Le phénomène de fixation, sous forme de fantasme, c’est le mécanisme de la mémoire. La notion de « réalité » procède d’un double mouvement, d’un extérieur vers l’œil et de l’œil vers l’extérieur ; de là vient que nous disions « ré-fléchir » pour « penser » le monde.
Dons, mettons que par exemple cet objet ce soit toi et que tu sois là , mes yeux réfléchissent ta lumière, et moi, je réfléchis sur toi l’image de ton image… ce que je vois de toi est le reflet d’un fantasme.
Disons maintenant que je sois atteinte de la melancholia amoris ; toujours selon cette théorie, l’image de toi dans moi, mon fantasme de toi grossit et envahit toute ma mémoire. Tu vis dans moi et je n’ai l’impression de n’être plus que toi. D’où l’image de l’échange des cœurs dans la topique courtoise (chez Thomas d’Aquin cette faculté intellective se situe dans l’intellect, mais chez d’autres, comme Arnaud de Villeneuve, elle est dans le cœur, physiquement).
Ce qui se reflète dans moi n’est plus que toi. Et, s’il venait à être que tu ne sois plus là , ce serait encore le fantasme de toi que je réfléchirais sur le monde alentour, d’où cette « maladie de la perception » qu’est l’amour-mélancolie, ou « maladie de l’estimation ».
humaine ombre d'humaine
11 décembre 2007 - 04:37
Humaine ombre d’humaine je suis cette ombre dont on parle. Je suis le mouvement, pur mouvement et ligne éphémère dans l’espace. Je suis l’ombre imparfaite d’une créature difforme. Je fuis la perfection et ce qu’on appelle beau me lasse et me dégoûte, encore… encore une chimère, encore un algorithme, une correspondance.
transparence
11 décembre 2007 - 03:34
Transparence de l’homme, transparence et lassitude ; j’aurais voulu mourir, et laisser en désuétude l’image de mon être. Ô moi qui ai lutté contre l’apesanteur, Ernestine Hahn suspendue dans le vide alentour un fragment de temps éternel, au troisième temps de l’octorythmique mesure ; ô moi qui ai lutté contre la masse immonde et physique des corps, Ernestine Hahn allégée de lambeaux de chair et comptant s’il se peut lutter encore ; j’aime les sophismes gorgiaques ; être fantasmagorique qui remplacerait cent et plus de mes réels morbides.
Par pure désinvolture je n’écris que des bribes, des brouillons inachevés aux allures d’inédits. J’aurais pourtant aimé une œuvre monumentale, une œuvre à la mesure du vide de ma vie ; je ne puis que mourir, je n’ai pas pauvre estompe les moyens de ce monument dont on parle.
Par pure désinvolture je n’écris que des bribes, des brouillons inachevés aux allures d’inédits. J’aurais pourtant aimé une œuvre monumentale, une œuvre à la mesure du vide de ma vie ; je ne puis que mourir, je n’ai pas pauvre estompe les moyens de ce monument dont on parle.
Pensées oubliées
26 avril 2007 - 05:57
Une maxime, pour être bien faite, ne demande pas à être corrigée. Elle demande à être développée.
Avertissement
Cet ouvrage est une œuvre anonyme, signée d’un nom factice comme tout nom d’auteur véritable. Que personne ne s’en arroge la propriété, tant sont répugnantes les confessions gluantes d’ersatz d’écrivains télévisés de notre fade époque. L’esprit où a germé ces pensées oubliées n’est celui de personne. Il est celui de tout ceux qui, par nécessité, gloire ou plaisir pervers, ont remarqué dans un demi sourire ou un clignement de paupières que ce qu’on nous apprend à aimer depuis l’Aube des temps n’est que bourbe infâme ou répugnante utilité. Elles sont celles des animaux grégaires qui s’éclipsent doucement du troupeau, non en plein jour pour aller pavaner aux yeux de tous à quelques centimètres, mais qui de nuit, sans que personne ne le sache, s’élèvent à une hauteur infinie et font scintiller en cachette le rayon de leurs yeux remplis de larmes sur les humains malades. Elles sont la voix de tous et de personne. Elles sont toute la poésie occidentale qui reste encore avant d’agoniser dans un spasme ultime.
Prologue
Il est par les dédales de mes pensées confuses des chemins qui mènent plus sûrement à vous ; tous les professeurs ne sont-ils pas des John Egine ? Me rappelant le jour où je fus tant surprise du frôlement si réel de vos doigts sur ma peau, moi qui vous croyais un de ces êtres qui ne doivent leur existence qu’aux rayons de mes yeux sur le monde, j’ai souvent rencontré des êtres qui, pour avoir un sourire un peu semblable au vôtre m’ont semblé pouvoir être une partie de moi. Nous sommes dans ce monde en l’an 2002 d’une ère grégorienne, j’efface lâchement de mes pensées le nom d’Anne au souvenir de mon serment trahi ; je jure quoiqu’il advienne de n’oublier jamais les théories que vous m’avez apprises, je vous tiens pour mon maître et espère n’aimer toujours que des êtres qui sont à vous semblables.