Morrison

Depuis quand rêvons-nous
De ce monde si fou
Où fonctionne l'Amour
Qui s'consume pour toujours

Depuis quand forçons-nous
Ses portes, qui se jouent
De nous voir chaque jour
brûler comme des p'tits fours.

Le Soleil magnifique
Et sa verve thermique
Brûle derrière une vitre
Dans un lointain chapitre

Notre course pathétique
Vers le Grand Utopique
Où défaite se titre,
On n'est rien que des pitres...


Un matin de merveille
Une clef de vermeil
Me f'ra vivre l'éveil
Dans ce ciel sans pareil

Et l'Amour rubescent
Jaillira dans mon sang
Je n'pourrai plus vivre sans
ce flambeau guérissant

Mais la clef semble loin
Et n'apporte que chagrin
Seul et pleure dans un coin
Mais quand est ce qu'il vient ?

Quel malheureux pantin.

Le Soleil d'automne heurte les arbres,
Foudroie les clairières.

Seul, indécis, hébété
le pas craquant sur le sol jonché de feuilles défuntes.

Esquivant les branches aventurières, butant sur des souches
Envahies par des touffes d'armillaires avariés.

Personne dans ce bois déprimé, rien
Que de traces d'anciens jours de chasse.

Pins et chênes s'entremêlent
Dans ce bois que mon corps transperce.

Petit
Seul
Meurtri
Course folle dans ce bois sombre et méconnu

Souvenirs
Avenirs
Erreurs
A ma poursuite dans cette balade d'horreur.

Cours poème d'à peine 3 vers, simple mais suffisant, proposé par une amie, M. P.

Enterrement

Il pleut
Je pleure
Tu meurs.

Bac, songe et tristesse.
Déconcentré
Mon esprit flotte.
Il écoute
Le borborygme de grasses palombes
Mêlé au gazouillis des mésanges
Il entend
Le grondement éolien des murs de la chambre
Impassible, face au tonnerre automobile de la rue
Il perçoit
L'écoulement paisible de l'écluse du Cher
Se fondant dans le tintement d'une église lointaine.
Mon esprit flotte
Il ne devrait pas, pourtant
Le bac, c'est demain

Onze années de Français
Réduites à quelques fiches
Un cahier, un livre
Pour être broyées dans un sixième de journée !
Mais ma mélancolie importe peu
Etudions celle des autres.
Seulement
Dès que je lis les vers
De Baudelaire
Mallarmé
De Nerval
Immédiatement, mon esprit dit :
"On parle de moi !"
Et retourne flotter
Dans un océan de rêves
Et de tristesse.

Bac de Français ? Trop tard,
Polymnie m'a déjà enlevée
Me voilà au volant de ma lyre
Psalmodiant d'un registre élégiaque
Chantant mon spleen de province
Au moyen d'une pluie de métaphores
Au moyen de mille hyperboles
Au moyen d'anaphores discrètes.

Vous commenterez le poème de votre douleur
Vous argumenterez la raison de votre tristesse
Vous inventerez un court sonnet sur le thème
De votre malheur

Ma fleur préférée
Est le chèvrefeuille
Que j'offris à une fille
Me rendant compte que je l'aimais

Ma chanson préférée
Est Amazing Grace
Air que j'adorais entonner
Aux côtés de sa voix de grâce

Ma couleur préférée
Est sans doute le blanc
Qui, de sa pureté candide
Orna la robe de ma mariée

Mon pays préféré
Est peut être l'Argentine
Brillante de ses mille plaines
Que je traversais avec Elle


Ma boisson préférée
Est un vin de Buzet
Vin dont je me suis empli
Lorsque ma préférée
M'a laissé