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Lapsus

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#215426 Haïku ?

Posté par Lapsus - 02 novembre 2011 - 06:38

Carnaval masqué ~
quelques mores à Venise
Shakespeare ou Bâsho ?

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Et pourquoi pas Thomas Mann ? Tout cela est question de culture, d'esprit, de sensibilité. Chaque peuple a son propre génie, si difficile à transposer.


#215387 Ma Came

Posté par Lapsus - 01 novembre 2011 - 09:23

Holà ! J'espère que c'est pure fiction d'artiste et qu'il ne faut pas en croire une ligne. Une ligne ? Bon, alors, c'est juste pour essayer.


#215386 Rêveur, à quoi sers-tu ?

Posté par Lapsus - 01 novembre 2011 - 09:16

Merci pour les retours.
Si musicalité et fluidité il y a, c'est pour beaucoup l'effet des contraintes poétiques des siècles passés et du détachement naturel de l'alexandrin, un vers empreint de nostalgie et de sérénité. On ne lit bien qu'avec ses oreilles, c'est bien connu.


#215227 Le Rouge assassine

Posté par Lapsus - 28 octobre 2011 - 07:01

Prose et élitisme, ça fait prosélytisme. C'est peut-être pour ça que ça ne marche pas sur les poètes.


#150549 Antique Ithaque

Posté par Lapsus - 04 avril 2009 - 08:31

La main sur le réveil je récite les heures,
De ces heures trop grises où je n'attends que toi,
Seul l'aède connait les vies antérieures,
Les moments oubliés qui font naître l'émoi.

Tu m'avais prévenu, où donc es-tu passée ?
Tu m'avais dit : « Je pars, j'aime trop l'horizon »,
Alors tu m'as laissé pour vivre l'Odyssée ;
Elle brûlait en toi, bien plus que de raison.

Le temps s'immobilise en mon antique Ithaque.

La main sur le réveil je fixe les aiguilles,
Si la nuit n'a qu'un œil, je ne peux le fermer ;
Ma vie s'en va glissant comme font les anguilles,
Personne est bien le nom de qui n'est plus aimé.

J'ai compté les moutons jusqu'à pouvoir les tondre
Et puis une fois tondus pourquoi ne pas tisser ?
Pénélope souris ! Tisser et se morfondre
Est la seule action qu'on peut recommencer.

Et le temps s'éternise en mon antique Ithaque.

La main sur le réveil j'ai le regard perdu.
Où te mènent les vents ? Maudit sois-tu Éole !
Connais-tu les sirènes ou bien le gouffre ardu ?
Ou les bras d'Apollon ? C'est ce qui me désole.

Je te vois de retour, c'est mon dernier désir ;
Oui, je ferme les yeux, je compte jusqu'à Troie,
Et enfin tu es là, rédimée du plaisir ;
Le tisserand n'est plus mais je reste ta proie.

Ô Réveil bats plus vite en mon antique Ithaque.

Antique Ithaque, antique Ithaque, antique Ithaque...
Le vieux réveil soutient sa mélopée amère
Ô cruelle Odyssée ! Ô qu'as-tu fais Homère ?


#121466 Pour l'amour de la rose

Posté par Lapsus - 23 novembre 2008 - 08:31

A travers les jours gris il nous faut voir le rose
Qui colore la vie, nous fait sentir plus fort,
Nous fait donner du prix à la petite chose,
Modeste et silencieuse, et qui parfois repose
Au creux de ce jardin dont on oublie le sort,
Petit bout de passé qui devine sa mort.

Il est parfois des fleurs qui flirtent avec la mort,
Parmi les plus fragiles éclatait une rose
En ce jardin perdu, abandonné du sort.
Au milieu des épines, ô Dieu qu'il sentait fort
Ce parfum surprenant qui faisait que repose
Toute âme torturée, et c'était quelque chose.

Un pauvre vagabond, c'est aussi quelque chose,
Ça semble dans l'attente absolue de la mort,
Tout tassé par la vie, voyez comme il repose
Au milieu des cartons, pleine vue sur la rose.
Ayant perdu son chien, l'appel était trop fort,
Il trouvait une vie à qui lier son sort.

On chante la magie qui jetterait un sort
Pour changer la laideur en une belle chose.
La magie était là, et rien n'était plus fort
Pour sceller un amour au-delà de la mort.
Chaque jour le clochard s'inquiétait de la rose,
Elle devait embaumer pour qu'enfin il repose.

Les amères questions qu'on se pose et repose
Sur nos morceaux de vie, l'infortune du sort,
Savent s'évaporer au charme de la rose,
Un charme délicat où se meurt toute chose ;
La fleur et ses pétales introduisent la mort
Sur le chemin royal que foulerait le fort.

Voilà qu'un certain soir le froid se fait plus fort,
Harassée par le vent la neige se repose.
Pour la vie de sa rose il affronte la mort,
Il brûle ses cartons pour contrarier le sort,
Par amour il fait don de cette ultime chose,
Il couvre d'un manteau les boutons de la rose.

De la rose, l'amour est resté le plus fort.
Pauvre chose glacée, voyez comme il repose,
Son sort, en ce matin, avait parfum de mort.


#120404 Exquise est la douleur qui mène à Compostelle

Posté par Lapsus - 19 novembre 2008 - 07:46

Par la marche forcée je ferai pénitence.
Mes sandales trouées m'apprennent le chemin
Qui mène du péché jusqu'à la repentance.
Hier était hier et voici que demain
Brillera dans nos yeux la coquille sans âge.
Je n'étais qu'un brigand coutumier du carnage
La grâce m'a touché du plus profond de l'âme,
J'ai délaissé l'épée, je manie le calame.
Si le corps est pesant l'âme est seule immortelle,
Au Chant de Notre Roi je veux subir le blâme.
Exquise est la douleur qui mène à Compostelle.

Au bois de mon bâton je demande assistance,
Assistance et repos pour mes pieds et mes mains.
Le sable est souverain et masque la distance
Qui s'ouvre devant nous tout en recelant maints
Écueils maints dangers brisant le paysage.
Dante et tous ses Enfers délivrent leur message
Terrifiant et puissant pour tourmenter l'infâme.
Il brûle dans nos cœurs une si douce flamme,
Qui, en mes nuits troublées, le froid des cieux constelle.
Mais est-ce la douleur qu'il faut donc que je clame ?
Exquise est la douleur qui mène à Compostelle.

Cela fait tant de mois que je suis en partance
Ou que je suis parti sans peur du lendemain.
Mais qui donc au pays connaît mon existence,
Ce qui est advenu du terrible gamin ?
Ma jeunesse a connu le triste brigandage
Et s'est éparpillée comme on verse un breuvage.
Ma conscience assaillie par les remords réclame
La belle contrition qui sera le sésame
Pour ouvrir grand les voies nous menant à l'autel.
Encore un pas de plus afin que je proclame :
Exquise est la douleur qui mène à Compostelle.

La Provence est partie puis le parfum intense,
Arles avait déployé sa toge de romain.
A l'envie d'arrêter j'ai nourri résistance,
Pouvais-je abandonner Nicolas et Germain ?
J'ai tissé en chemin l'amitié de passage,
L'amitié du marcheur, à la fois tendre et sage.
Saint Jacques et son appel cinglent comme une lame,
C'est l'épée d'un guerrier aux portes de l'Islam.
Chaque pas hésitant rend notre vie mortelle,
Un parjure muet au Malin qui diffame.
Exquise est la douleur qui mène à Compostelle ?

Voici le chaud soleil d'Espagne qui me tance.
"Quoi, tu n'en es que là, ô misérable humain ?
Rien dans tout l'Univers n'aurait plus d'importance,
Hâte-toi de trouver le but du parchemin.
Le secret de la vie tient dans un coquillage,
Gardé en sol sacré, porté loin du rivage."
Mes yeux de pèlerin ont vu le tétragramme,
Une vision fut mienne avant que je me pâme.
Une épée s'enfonçait très profond dans la stèle
Pourfendant mes péchés, avant que je m'exclame :
Exquise est la douleur qui mène à Compostelle !

Je m'en vais retourner, guéri de tous mes drames,
En mon pays perdu, au temps où les cerfs brament,
Pour composer un chant en douce tarentelle.
Et sur air léger chanteront bien des dames :
Exquise est la douleur qui mène à Compostelle.