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jacquolarime

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Hors-ligne Dernière activité : mars 03 2011 07:59

Publications sur Toute La Poésie

Le papillon lubrique

03 mars 2011 - 06:47

Dans un décor très bucolique,
Un papillon d’humeur lubrique,
Avisant une jolie fleur,
Entreprit de lui faire honneur.
Pour affrioler son pistil
Il était prêt, prétendait-il,
A pomper toute la rosée
Dans la nuit fraîche déposée.
La fleur fit mine de rougir ;
Dit qu’il lui fallait réfléchir ;
Qu’on ne cède pas aux avances
D’un malappris tentant ses chances…
Le papillon en fut marri.
Son zèle s’en trouva tari.
Fort confus, il tira de l’aile,
Et laissant là la demoiselle
Il bredouilla quelque regret
De s’être montré indiscret.

S'il fallait que les papillons
Sollicitassent des pardons
Lorsque leur vient l'envie coquine
De butiner la capucine,
Maintes prairies, quand vient l'été,
Feraient entendre à satiété
Les échos de cent mille excuses !
Vous permettrez que je récuse
Et la faute, et le repentir.
J'ose affirmer, et sans rosir,
Qu'on ne saurait blâmer l'insecte
Pour sa demande trop directe.
S'il encourt un vrai châtiment
C'est pour avoir, piteusement,
Renoncé à passer à l'acte,
Et laissé la fleurette intacte !..

La danseuse endormie

01 mars 2011 - 11:57

Lorsque je découvris au bord de la rivière
La minuscule plage où gisaient tes haillons,
Ta jeune nudité, virevoltante et fière,
Dansait à perdre haleine, ignorant les rayons

Du soleil infernal qui mordait ta peau nue.
Sous la voûte du ciel d’un insondable bleu
Deux maigres cumulus blancs exploraient la nue
En quête d'un pays où quelquefois il pleut…

Après l’interminable danse, épuisée comme
L’enfant lassé de jeux, enfin, tu fis un somme.
La journée s’achevait. Vinrent l’ombre et le froid.

Anxieux de ne plus voir frémir ta narine,
Je crus bon de m’étendre un peu sur ta poitrine…
Et tu me souffletas ! En avais-tu le droit ?

(Un caramel à qui trouve le poème-modèle... Facile !)

L'épave

28 février 2011 - 01:12

Épave

Parfois, me promenant sur la plage déserte
Je vole aux flots roulants une pièce de bois.
Un monde de pensées alors se lève en moi
Qui viennent animer ma pauvre découverte.

Je songe à la forêt où elle vit le jour,
Au calme pré voisin où broutait une vache,
Jusqu’au sombre matin quand, sous les coups de hache
L’arbre qui la portait se coucha pour toujours.

J’entends l’insupportable hurlement des scies,
Puis je vois, au milieu d’un monceau de scories,
Dans la douleur, surgir son volume parfait.

Longtemps elle cingla les mers, la fière étrave,
Avant que la tempête ou quelque vent mauvais
Change son cher navire en une simple épave.

Epave

28 février 2011 - 01:09

Parfois, me promenant sur la plage déserte,
Je vole aux flots roulants une pièce de bois.
Un monde de pensées alors se lève en moi
Qui viennent animer ma pauvre découverte.

Je songe à la forêt où elle vit le jour,
Au calme pré voisin où broutait une vache,
Jusqu’au sombre matin quand, sous les coups de hache
L’arbre qui la portait se coucha pour toujours.

J’entends l’insupportable hurlement des scies,
Puis je vois, au milieu d’un monceau de scories,
Dans la douleur, surgir un volume parfait.

Longtemps elle cingla les mers, la fière étrave,
Avant que la tempête ou quelque vent mauvais
Change son cher navire en une simple épave.

Nuit et jour

27 février 2011 - 01:37

Le jour dit à la nuit :

Tout ce que vous cachez à la vue du vivant
Se drape de mystère et se perd dans l’espace.
Tout ralentit, tout meurt. Même le temps qui passe
S’épuise à supporter votre manteau pesant.

En nos lieux familiers, les choses sont hostiles.
Nous ne sommes chez nous plus que des étrangers
Perdus dans le fouillis des objets ménagers
Figés au cœur de l’ombre, assagis, inutiles.

Mais quel serait mon sort sans votre douce trêve ?
Les plus vives couleurs, sous un jour éternel
Risqueraient de passer en un ennui mortel,
Et le monde prierait pour qu’enfin je m’achève !

Nul de nous n’a raison, et nul de nous n’a tort.
Qui de nous deux suit l’autre ? Et que veut la nature ?
Nuit noire, ou bien clarté ? laquelle est la plus pure ?
Nous sommes enchaînés comme à la vie, la mort.

La nuit lui répondit :

L’humanité ingrate a souvent confondu
La noirceur de son âme et la paix de mon ombre,
Prétendant que le mal de ses crimes sans nombre
Prospère sous mon voile à dessein répandu…

C’est oublier le calme auquel chacun aspire
Après l’agitation d’un jour de dur labeur.
Les corps fourbus, l’esprit rompu, et la douleur
Ont besoin de repos pour bien se reconstruire.

J’emprunte, je l’avoue, à votre Majesté
Mille points tremblotants pour mes chères étoiles,
Et la lune d’argent, sur mes obscures toiles,
Ne doit qu’à votre feu sa pâlotte clarté.

Vos rayons font chanter la couleur et la forme ;
Ce que je cache aux yeux parle à l’âme et au cœur !
La vie nous réunit ainsi que frère et sœur
Pour que dans l’harmonie la création s’endorme.

Mai 2010