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Tavulartiste

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Publications sur Toute La Poésie

Rendre l'instant

20 mars 2016 - 10:29

Rendre l'instant
Qui nous est donné
Dans un souffle
Ou un murmure
Rumeur d'une prière
À la frontière de nos paupières
Au loin les lumières citadines

Les oraisons
Les fumées
Ravies
Par un ailleurs

Jonathan Le Sant

Les Bouleaux blancs

06 mars 2016 - 04:14

Je vois une forêt, seulement boisée de bouleaux blancs.
C'est l'hiver, et la pureté de la neige se mêle par endroit à la boue bouillonnante, cicatrice purulente d'une terre agonisante. Je te vois, seulement vêtue d'une peau de cerf, ses bois sur ta tête ne détournent pas mon regard de tes seins nus qui pendent ; comme une bête, tu es cernée par ta propre vapeur. Tes deux yeux bleus tranchent l'ocre de ton visage ; ta bouche déborde de sang, sang qui recouvre tes mains dégoulinantes ; la gauche tient un cœur encor chaud, mais tes gestes sont trop rapides pour que je les apprécie.
Je te vois, dans ce bois de bouleaux blancs, innocente et sauvage.
Une rivière y serpente d'est en ouest, une rivière noire comme la nuit qui charrie des visages fermés, et pourtant translucides. Je sais que tu connais sa source, pour t'y être baignée autrefois, mais aujourd'hui tu l'ignores, tu ignores cette rivière, ces visages blêmes, tu t'en méfies même, comme d'une morsure donnée dans la confiance, tu en portes d'ailleurs toujours la cicatrice.

Je suis là

20 février 2016 - 08:36

Je suis là
Dans le renfoncement du fond de ton jardin,
Où rien ne pousse,
Où rien ne vit,
Sinon la boue qui bouillonne, 
Insoumise, sous un ciel de Tamise ;
Je suis là,
À moitié absorbé par le sol,
Gisant tel un vieux pneu sans sa jante,
Un pneu bien trop vieux
Pour oser 
Crever.

 

Jonathan Le Sant

Sans temps

24 janvier 2016 - 01:40

Sans temps

 

Ici, je perds la notion du temps,
Comme si le temps lui-même s'était perdu
Dans le vacarme des boulevards,
Dans les ruelles trop étroites,
Dans les impasses ;
C'est comme si le temps avait gravi 
Les marches de Notre-Dame
Et que, une fois arrivé au sommet,
Le gardien s'était assuré de refermer
Toutes les portes.

 

 

Le temps reste là-haut, maître du panorama,
Et voilà que la Seine se fige
-Comme si son courant avait besoin du temps
Pour exister-
En un miroir glacé où Narcisse ne saurait se noyer.

 

 

Sans le temps, Paris devient folle ;
Ses artères ne retiennent plus rien
Et leurs flots deviennent torrents !
Les gens s'engouffrent de bouche en bouche
Mais n'embrassent plus que le sol !
Ils n'ont plus le cœur à regarder les mendiants,
Même furtivement ;
Le visage bleu ou blanc,
Les yeux sur des écrans
Rouges de leur propre sang,
Tous parlent une langue que personne ne comprend !
Et les voilà, station après station,
Boulevard après boulevard,
Gare après gare,
Chaque fois un peu plus égarés.

 

Jonathan Le Sant

 

Conshumance

04 janvier 2016 - 08:54

Conshumance

Ô ! nuit sans étoiles !
A qui devons-nous notre survie ?

 

Avec deux pierres différentes
L'une de l'autre
Nous avons engendré une étincelle,
Une lueur d'espoir dans nos propres ténèbres
Que nous avons portée
Sur le tronc nu de l'Arbre de Vie,
Ainsi nous avons fait un grand brasier
De ce qu'il nous restait du premier monde,
Et, ce faisant, nous avons éteint toutes les autres lumières,
Les étoiles, la foi.
Jusqu'à l'aube, nous avons dansé
Tout autour de notre grand foyer,
Mais l'aube n'est jamais revenue.

 

Ô ! nuit sans étoiles !
A qui devons-nous notre survie ?

 

Jonathan Le Sant