Par un hasard réfléchi, l’inspiration lui vint chatoyante dans le fluide pensant. Son texte en tête, les étoiles pour l’éblouir, un flou de noir pour l’obscurcir, et cette personne dans son cœur et dans son corps tout entier, des lèvres à la plante des pieds, en lui passant entre les jambes et le creux des bras. Projection sur paupière mi-closes de souvenirs en réalité augmentée, pour l’exciter, le réconforter, pour lui rappeler qu’il était seul. Sa main devenait sa main. Son corps devenait son corps. Cette chair et dans sa tête, tout s’agita et se perdit. Les mots. Les gestes. Le contrôle n’existait plus, et ce qui l’entourait était tout au plus confus. Il fuyait. Il s’oubliait. C’était… comme s’il sentait son parfum. Comme s’il le regardait dans les yeux. Comme si la peau qu’il touchait était celle de celui dont il n’arrêtait pas de penser. Comme si son corps l’ensevelissait. Comme s’il s’agrippait à ses fesses crispées. Comme s’il goûtait à ses lèvres vives de sang chaud. Comme s’il entendait son rire, son souffle se perturber. Tour à tour, les images s’exhibaient, se déshabillaient, défilaient. Dans sa main, la rigidité de l’exigence. Tout s’agitait, encore et plus fort. Les froissements des draps. Le susurrement du papier. Son regard. Son odeur. Son grain. Son râle. Son sel. Sa force ! Les images tournaient, les caresses passaient. La peau, l’esprit s’échauffaient et, avant qu’il ne s’essouffle, les mots enfin jaillissaient, l’encre s’écoulait. Il écrivait, écrivait encore, et encore, et encore, de plus en plus vite pour ne laisser s’échapper la moindre goutte d’idée. Encore plus vite ! Jusqu’au bout ! Pour ne pas rater le moindre mot. Il étalait de lui, de son corps, de son âme sur le papier, à l’instant inondé, défloré. C’était illisible, certes, incompréhensible et raturé par endroit, mais il se sentait bien, les mots lui semblaient bons, les phrases lui semblaient justes. Détendu, s’abandonnant dans son lit, sentant en lui galoper l’énergie orgasmique de la création. Il se sentait bien. Enfin.
Ellipse
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