Polymathe

Je marchais à un pas derrière moi-même. Inutile de courir, il courait devant moi.

Et mon fantôme me suivait.

Au-dessus de moi flamboyait la joie verte du jardin de mes rêves.

Mais j'avais beau m'élancer et bondir, gravir des sommets

jamais je ne l'atteignais.

Affolé je courais, affolé je bondissais, mais ni moi, ni mon pays je ne pouvais les atteindre.

Je voulu me résoudre à faire partie du monde mais trop étrange je trouvais porte close.

Je m'assis dans un talus, les larmes aux yeux, dénué de moi, dénué de lieu.

Et levant les regards sur une feuille illuminé dans un rayon,

je compris brusquement;

que je n'étais durant tout ce temps

qu'à un seul mot du paradis.

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J'étais heureux de mettre tant perdu, éperdu sur tes pas.

Le monde est devenu petit, sa cacophonie a fait place au silence.

Je me suis engagé sur un chemin de chêvres vers ces sommets frangés de lueurs.

Je me suis tout à fait perdu, dans la solitude et dans la beauté.

Il n'y eut plus de sentiers, plus de traces, plus de signes et la pluie menaçait.

Je regardais tout alentour inquiet ne trouvant nul abri, quand je réalisai soudain qu'une clarté au fond de mon cœur s'épanouissait.

Elle était semblable à la fleur qui aveuglement s'étire vers le midi, son tropisme et je compris alors que je devais comme elle me laisser

emporter du dedans vers ce hâvre insu qui brillait doucement à l'amont de ma vie.

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*

Dans l'ombre de Ton silence je me suis dissimulé.

J'ai chantonné en secret aux portes de Ton seuil,

encore tout maculé des étoiles de la nuit.

Je me suis incliné devant Ta beauté,

j'ai abandonné mon esprit devant Ta sagesse,

je me suis approché pour boire la buée de tes lèvres.

Et les cieux effarants et les plus hauts abysses noirs et blancs,

peu à peu me sont apparus en négatif, blancs et noirs,

et j'ai, je suis, disparu dans la lumière.

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*