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Aequalis

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Publications sur Toute La Poésie

L'éloignement rencontre l'être

27 novembre 2017 - 06:14

C’est dans l’éloignement que l’être se rencontre. Tout d’un coup plongé dans un monde inconnu, les quoi, pourquoi et comment n’ont plus de sens. L’on vit cette différence avec notre environnement, et l’on se définit par opposition. Aux positions des autres, on intègre les nôtres comme éléments même de notre identité. Pourtant quand tout change, d’un bout à l’autre du paysage, quand les réflexions ne sont plus les mêmes, quand la pensée est différente, quand les habitudes nous sont inconnues : c’est là que nous devons tout remettre en question. Qui suis-je, qu’ai-je connu, sur quels principes se basent mes fondements – sur quels fondements se basent mes principes. D’où je viens?D’où venez-vous ? D’où venons-nous ?
Il n’est pas de meilleur perspective de l’être et de l’humanité qu’ainsi plongé dans des courants contraires. Lorsque nous descendons notre fleuve il suffit de savoir flotter. Ailleurs, nous apprenons à nager. L’esprit se muscle du savoir de l’autre et l’être se transforme dans une pluralité nouvelle. Je suis moi mais je suis l’autre. Je suis les uns comme les autres. J’ai appris leurs coutumes, je connais leurs vies. J’ai intégré leur cosmos, qu’osmose est le maître mot quand le je se découvre au monde. Identique et universel, je ne suis pas un pays, une race ou une classe – ces choses là ne sont que les identités que l’on m’assigne. Nous ne sommes rien de tout cela, nous sommes les maillons vivants d’une même espèce.
C’est dans l’éloignement que l’être se retrouve. Avec lui ceux qui lui sont chers et ce qui lui est cher.
C’est dans l’éloignement que l’on s’approche de soi. Pour y comprendre alors que nous ne serons plus « loin » nulle part. Nous sommes partout chez nous – ou plutôt nous devrions être... Mais la route est encore longue.
Tout le monde devrait pouvoir partir à la découverte de notre monde.

L'homme qui aime est faible

11 janvier 2017 - 05:03

Heureuse année à tous, je vous offre ici mon dernier petit texte très libre... Il fait écho à trois autres poèmes pour une seule et même personne qui savait parler allemand..
Bonne lecture !

 

PS : je ne peux que vous conseiller l'écoute de Let me in de Snowmine pour parfaire une lecture à voix haute ;)


L'homme qui aime est faible.

Te rappelles-tu de ces montagnes, de ces arbres et de ces murs ? De ces sentiers que j'ai parcouru en long en large et en travers ? De cette pierre sur laquelle j'ai trébuché plus d'une fois inconsciemment ou consciemment peu importe. Et si le genou guéri, qu'en est-il du cœur. Dis moi, dis-le moi toi, sort-il plus fort du gouffre dans lequel il s'est abîmé ? Ces mois, dis moi...Des mois d'émoi durant des années. Des mois d'espoir.

L'espoir fait vivre mais fait-il vivre en bonne santé ?
Ce souvenir est suranné, et le cœur ne survit jamais vraiment à son vécu. L'homme qui aime est faible. Et beau. L'homme qui aime est beau mais si dément. L'homme qui aime est dément intérieurement contrarié. L'homme qui aime aimera-t-il encore ?
Tu m'auras expliqué l'histoire des papillons dans le ventre. Mais qu'y a-t-il dans l'amour sinon une solution à la vacuité de l'être ? Je pense donc je suis, j'aime donc je me sens vivre ? Une germanophone sait-elle que l'amour peut être l'amor de l'homme. La mort de l'homme dans sa déraison destructrice et passionnelle.
Pourtant c'est cette déraison là que j'aime, ce pharmakon qui me manque.
C'eût été impossible car deux esprits parallèles ne se rencontrent jamais. Je n'avais compris et toi je ne sais plus. Mais je me suis senti vivre.
L'homme qui aime est faible mais fortement vivant.
L'amour gangrène de vie
Amor et melle et felle est fecundissimus
Depuis si longtemps déjà.

 

Et sans lui,
Non fui, fui, non sum, non curo

 

Mais, je le sens,
Non fui, fui, non sum, non curo.

 

 

Isn't life lovely when you give it a chance?

 

Sic itur ad astra

26 avril 2016 - 08:11

Il voit la vie. Elle lui fait face et le devance.

Ses obligations et ses désagréments.

Le perdent.

Il avait l’envie. L’envie d’apprendre et de donner.

Ces obligations et ces désagréments.

Le perdent.

Laissez-le s’investir, comprendre par lui-même, découvrir, s’émerveiller. Laisse-le plus libre, qu’imposé, laissez-le vivre sans l’abandonner, laissez-le chercher et aimer, laissez-le penser ; voyager.

Laissez-le.

Car en fixant échéances et normes, en le testant maintenant, vous n’obtiendrez rien de lui. Il n’en aura que faire de vos évaluations. Il échouera sous vos actions. Et pourtant, son esprit est vivace, imaginatif et sensible. Il a l’œil perçant, intelligent. Il peut s’il est intéressé. Mais il pleure votre désintérêt.

Il n’est fait pour être évalué. Ni catégorisé. Ni classé ni délaissé.

Il est fait comme il est.

Sic itur ad astra

Suite de fuite.

26 avril 2016 - 08:09

Il y a quelques temps, il a revu cette image qui l’avait absorbé. Il est passé près d’elle mais sans la regarder. Il a détourné les yeux ; elle l’a suivi alors. Il a pensé ses courbes d’or mille fois dans son crâne, avait perdu les synapses dont la raison émane. Mais il s’est retrouvé : il croit même l’avoir dépassée. Il ne sera plus englouti même s’il la désire encore, il peut tout reconstruire fort du terrible effort.

 

Il a chéri la solitude, l’a attendue avec impatience et en a profité autant qu’il le fallait. Pourtant, dans la solitude obligée, il a laissé certains traits de sa personnalité. Recroquevillé, il s’ouvrira bientôt au monde. Et il attend d’autres images qui l’emporteront encore car c’est ainsi qu’il veut outrepasser la mort. Il est triste et heureux, et si une partie de son âme est toujours enchaînée, son poids a disparu ; il se sent léger.

 

Voilà comment le temps passe. Voilà comment les fleurs fanent : les parfums s’évaporent. Bien sûr dans sa fuite il a laissé bien des souvenirs de côté, mais ces souvenirs-là sont gravés ailleurs. Voyez-vous, un jour ils resurgiront avec une drôle de senteur. Et couleront les larmes, d’un passé trop lointain pour être encore atteint par ses jambes déjà frêles. Alors, lorsque la nuit viendra, son rêve l’emportera devant le grand bâtiment, le sol pavé, quelques arbres, quelques personnes regroupées, et puis deux yeux qu’il ne voulait plus quitter.

Eloge de la Fuite.

19 avril 2016 - 06:25

Il y avait cette image, immobile presque intemporelle. Cette image qui m'entraîne, me possède. J'ai voulu dessiner par-dessus. La redéfinir, l'altérer, l’effacer, l'éviter ; j'ai échoué. Lamentablement, tant de jours durant. Mais j'ai fini par comprendre : l'absence est nécessaire. Il faut partir loin de tout, vider son sac et son esprit. Être épris d'un autre monde, d'un autre lieu, d'un autre temps. L'image se courbe mais me poursuit. Alors je fuis. Toujours plus loin dans un monde sans paroles. Je fuis jusqu'à ce qu'ils ne me reconnaissent plus. Je fuis jusqu'à ne plus me reconnaître. Je fuis jusqu'à en perdre la raison, car poursuivre une image me ressemble trop. Car poursuivre une image vous détruit. Car l'image est immobile, intemporelle quand le monde est changeant. Car l'image appartient au passé quand on fuit au futur.

Alors laissez-moi tomber, écorcher mes genoux. Tomber encore et de tout cœur. Tomber jusqu'à briser chaque trait. Briser chaque lien. Alors, si je fuis suffisamment loin, peut-être, peut-être que je me relèverai ; sans Elle.