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Aequalis

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#341110 L'éloignement rencontre l'être

Posté par Aequalis - 27 novembre 2017 - 06:14

C’est dans l’éloignement que l’être se rencontre. Tout d’un coup plongé dans un monde inconnu, les quoi, pourquoi et comment n’ont plus de sens. L’on vit cette différence avec notre environnement, et l’on se définit par opposition. Aux positions des autres, on intègre les nôtres comme éléments même de notre identité. Pourtant quand tout change, d’un bout à l’autre du paysage, quand les réflexions ne sont plus les mêmes, quand la pensée est différente, quand les habitudes nous sont inconnues : c’est là que nous devons tout remettre en question. Qui suis-je, qu’ai-je connu, sur quels principes se basent mes fondements – sur quels fondements se basent mes principes. D’où je viens?D’où venez-vous ? D’où venons-nous ?
Il n’est pas de meilleur perspective de l’être et de l’humanité qu’ainsi plongé dans des courants contraires. Lorsque nous descendons notre fleuve il suffit de savoir flotter. Ailleurs, nous apprenons à nager. L’esprit se muscle du savoir de l’autre et l’être se transforme dans une pluralité nouvelle. Je suis moi mais je suis l’autre. Je suis les uns comme les autres. J’ai appris leurs coutumes, je connais leurs vies. J’ai intégré leur cosmos, qu’osmose est le maître mot quand le je se découvre au monde. Identique et universel, je ne suis pas un pays, une race ou une classe – ces choses là ne sont que les identités que l’on m’assigne. Nous ne sommes rien de tout cela, nous sommes les maillons vivants d’une même espèce.
C’est dans l’éloignement que l’être se retrouve. Avec lui ceux qui lui sont chers et ce qui lui est cher.
C’est dans l’éloignement que l’on s’approche de soi. Pour y comprendre alors que nous ne serons plus « loin » nulle part. Nous sommes partout chez nous – ou plutôt nous devrions être... Mais la route est encore longue.
Tout le monde devrait pouvoir partir à la découverte de notre monde.



#329418 L'homme qui aime est faible

Posté par Aequalis - 11 janvier 2017 - 10:57

Ce que je dis sur la faiblesse de l'homme dans le premier vers devient très indécis au milieu du poème pour finir dans une expression étonnante aux allures d'oxymores à la fin... :)
Scio me nihil scire, je monte et démonte ce premier vers avec amusement au fil du poème !




#329409 L'homme qui aime est faible

Posté par Aequalis - 11 janvier 2017 - 05:03

Heureuse année à tous, je vous offre ici mon dernier petit texte très libre... Il fait écho à trois autres poèmes pour une seule et même personne qui savait parler allemand..
Bonne lecture !

 

PS : je ne peux que vous conseiller l'écoute de Let me in de Snowmine pour parfaire une lecture à voix haute ;)


L'homme qui aime est faible.

Te rappelles-tu de ces montagnes, de ces arbres et de ces murs ? De ces sentiers que j'ai parcouru en long en large et en travers ? De cette pierre sur laquelle j'ai trébuché plus d'une fois inconsciemment ou consciemment peu importe. Et si le genou guéri, qu'en est-il du cœur. Dis moi, dis-le moi toi, sort-il plus fort du gouffre dans lequel il s'est abîmé ? Ces mois, dis moi...Des mois d'émoi durant des années. Des mois d'espoir.

L'espoir fait vivre mais fait-il vivre en bonne santé ?
Ce souvenir est suranné, et le cœur ne survit jamais vraiment à son vécu. L'homme qui aime est faible. Et beau. L'homme qui aime est beau mais si dément. L'homme qui aime est dément intérieurement contrarié. L'homme qui aime aimera-t-il encore ?
Tu m'auras expliqué l'histoire des papillons dans le ventre. Mais qu'y a-t-il dans l'amour sinon une solution à la vacuité de l'être ? Je pense donc je suis, j'aime donc je me sens vivre ? Une germanophone sait-elle que l'amour peut être l'amor de l'homme. La mort de l'homme dans sa déraison destructrice et passionnelle.
Pourtant c'est cette déraison là que j'aime, ce pharmakon qui me manque.
C'eût été impossible car deux esprits parallèles ne se rencontrent jamais. Je n'avais compris et toi je ne sais plus. Mais je me suis senti vivre.
L'homme qui aime est faible mais fortement vivant.
L'amour gangrène de vie
Amor et melle et felle est fecundissimus
Depuis si longtemps déjà.

 

Et sans lui,
Non fui, fui, non sum, non curo

 

Mais, je le sens,
Non fui, fui, non sum, non curo.

 

 

Isn't life lovely when you give it a chance?

 




#319296 Sic itur ad astra

Posté par Aequalis - 26 avril 2016 - 08:11

Il voit la vie. Elle lui fait face et le devance.

Ses obligations et ses désagréments.

Le perdent.

Il avait l’envie. L’envie d’apprendre et de donner.

Ces obligations et ces désagréments.

Le perdent.

Laissez-le s’investir, comprendre par lui-même, découvrir, s’émerveiller. Laisse-le plus libre, qu’imposé, laissez-le vivre sans l’abandonner, laissez-le chercher et aimer, laissez-le penser ; voyager.

Laissez-le.

Car en fixant échéances et normes, en le testant maintenant, vous n’obtiendrez rien de lui. Il n’en aura que faire de vos évaluations. Il échouera sous vos actions. Et pourtant, son esprit est vivace, imaginatif et sensible. Il a l’œil perçant, intelligent. Il peut s’il est intéressé. Mais il pleure votre désintérêt.

Il n’est fait pour être évalué. Ni catégorisé. Ni classé ni délaissé.

Il est fait comme il est.

Sic itur ad astra




#319295 Suite de fuite.

Posté par Aequalis - 26 avril 2016 - 08:09

Il y a quelques temps, il a revu cette image qui l’avait absorbé. Il est passé près d’elle mais sans la regarder. Il a détourné les yeux ; elle l’a suivi alors. Il a pensé ses courbes d’or mille fois dans son crâne, avait perdu les synapses dont la raison émane. Mais il s’est retrouvé : il croit même l’avoir dépassée. Il ne sera plus englouti même s’il la désire encore, il peut tout reconstruire fort du terrible effort.

 

Il a chéri la solitude, l’a attendue avec impatience et en a profité autant qu’il le fallait. Pourtant, dans la solitude obligée, il a laissé certains traits de sa personnalité. Recroquevillé, il s’ouvrira bientôt au monde. Et il attend d’autres images qui l’emporteront encore car c’est ainsi qu’il veut outrepasser la mort. Il est triste et heureux, et si une partie de son âme est toujours enchaînée, son poids a disparu ; il se sent léger.

 

Voilà comment le temps passe. Voilà comment les fleurs fanent : les parfums s’évaporent. Bien sûr dans sa fuite il a laissé bien des souvenirs de côté, mais ces souvenirs-là sont gravés ailleurs. Voyez-vous, un jour ils resurgiront avec une drôle de senteur. Et couleront les larmes, d’un passé trop lointain pour être encore atteint par ses jambes déjà frêles. Alors, lorsque la nuit viendra, son rêve l’emportera devant le grand bâtiment, le sol pavé, quelques arbres, quelques personnes regroupées, et puis deux yeux qu’il ne voulait plus quitter.




#319001 Eloge de la Fuite.

Posté par Aequalis - 19 avril 2016 - 06:25

Il y avait cette image, immobile presque intemporelle. Cette image qui m'entraîne, me possède. J'ai voulu dessiner par-dessus. La redéfinir, l'altérer, l’effacer, l'éviter ; j'ai échoué. Lamentablement, tant de jours durant. Mais j'ai fini par comprendre : l'absence est nécessaire. Il faut partir loin de tout, vider son sac et son esprit. Être épris d'un autre monde, d'un autre lieu, d'un autre temps. L'image se courbe mais me poursuit. Alors je fuis. Toujours plus loin dans un monde sans paroles. Je fuis jusqu'à ce qu'ils ne me reconnaissent plus. Je fuis jusqu'à ne plus me reconnaître. Je fuis jusqu'à en perdre la raison, car poursuivre une image me ressemble trop. Car poursuivre une image vous détruit. Car l'image est immobile, intemporelle quand le monde est changeant. Car l'image appartient au passé quand on fuit au futur.

Alors laissez-moi tomber, écorcher mes genoux. Tomber encore et de tout cœur. Tomber jusqu'à briser chaque trait. Briser chaque lien. Alors, si je fuis suffisamment loin, peut-être, peut-être que je me relèverai ; sans Elle.




#319000 Ne me quitte pas

Posté par Aequalis - 19 avril 2016 - 06:20

Après une courte phase de disette poétique, me voici de retour avec quelques "textes", plutôt en prose maintenant. En espérant qu'ils vous plairont. Bonne lecture !

 

*

 

Il y a le temps qui s'échappe. Il y a le vent qui souffle au-dehors, la pluie qui laboure les vitres, et l'homme qui se traine là-bas, et la feuille qui se détache, passe devant mon regard, puis s'éloigne ; comme toi.

Il y a le temps qui te délaisse. Il y a longtemps que j'y pense, au pourquoi du comment. Il y a longtemps que ça tourne, dans ma tête : abasourdi, n'arrivant plus à mettre un pied devant l'autre.

Je m'aventure moi aussi dans ta tempête.

N'est-il pas normal d'être perdu, au milieu de tout ce monde, de tous ces mots, ces pubs qui s'ancrent dans ta rétine sans même que tu t'en rendes compte ?

Plus ça va, et plus tu t'enfuies, loin. Plus loin dans la pluie battante qui ruisselle sur mon visage.

Alors je ferme les yeux. Je ne touche plus le sol. Je ne vois déjà plus, le candide au caddie. Je suis la stratosphère et puis la thermosphère : tout s'accélère et la planète Terre s'ancre dans mon œil de verre.

Toi, vois-tu ce que je suis devenu ?

Je suis aveugle, et ne saurais dire si c'est toi qui t'éloignes, ou moi qui t'abandonne.




#288254 Qu'on fait si on qu'on fuse ?

Posté par Aequalis - 29 novembre 2014 - 11:41

Bonsoir, ou bonjour !
Voilà encore un petit texte, des pensées esquissées d'une traite.
Bonne lecture...


*

L'envie d'écrire me pris.
Je ne savais que dire, tant pis...
Aussi longtemps que dure la sensation s'enflamme et s'empare de mes mots. J'allonge alors songeur, syllabes et labeurs,
J'élabore mon texte, et là dors ma raison, se relèvent les idées ; affluent et fluctuent, mais toujours sans part de mes mots.
Mais que voulais-je dire ?
En associant ces maux, les images bruitées se succèdent sans raison.
Comment transcrire alors ce qui ne s'exprime pas, et vous faire partager les sensations enfouies ?
Je pensais à ce temps, cet instant d'existence, je voyais des enfants, si heureux, insouciants...
Pourtant planent sur eux, les malheurs de la vie, les aléas, le destin, que l'on contrôle pas.
Alors je pense à l'Autre, dans ce monde étranger. Le perdu qui dérape, qui persiste dans l'échec ; qui n'a pas eu ma chance.
Je suis le privilégié, à qui l'on a tout donné, celui qui a tout reçu, mais a-t-il toujours voulu ?
Je voudrais me faire pardonner, mais pardonner de quoi, suis-je coupable d'être moi ?
Je suis coupable de bien des choses. Bien des misères ne me choquent plus. Mais la misère a-t-elle jamais choqué l'Homme ?
Aveugle aux malheurs des autres, obnubilé par les miens. L'individualisme triomphe.
Et puis je connais si peu...
Comment prétendre comprendre ?
Alors je pense à ce temps, celui des classes surannées, où les professeurs vous demandent, "Que veux-tu faire, quand tu seras grand ?"
Le premier enfant sera "Pompier", c'est un beau métier pompier.
L'autre, voyons voir, "Architecte"...
Et dans la tête de l'enfant les rêves de métiers se succèdent...
Mais si les maîtres de jadis, me demandais ce jour ; "Que veux-tu faire, quand tu seras plus grand?"
Ma réponse ne serai pas "Pompier". Ni "Architecte" ni aucun autre métier.
Le travail n'est pas un but, même s'il est de nos jours parfois un rêve.
Alors, seules dans mon esprit ; deux réponses s'imposent :
"Je veux comprendre, je veux changer."
Deux verbes relevant du divin, si tenté qu'il existe, mais plus vraiment de l'humain.
Tant pis, j'aurais essayé.
Et peut-être effacé, ma culpabilité.


#282611 Septembre. (certes c'est un peu tard, m'enfin lisez quand même)

Posté par Aequalis - 16 octobre 2014 - 10:53

Septembre.
 
*
 
Septembre. Prétendre comprendre le monde qui nous entoure. Étendre sa pensée à l'espace tout entier. Apprendre de chaque homme, dépendre des autres, répandre sa vie ; s'aviser des vôtres...
Septembre : le travail a repris l'esprit du travailleur vaillant travaillant jusqu'à pas d'heure. Ardeur et langueur.
Le ballet des hommes obnubilés bat les records des années passées... Mais le bal est couvert d'un vaste gris cachant le bleu. Blême je contemple ce monde que je ne comprend pas : quelles sont les logiques de la vie ? Pourquoi toujours s'acharner ? Espérer plus qu'il nous en faut ? Vouloir avoir, je veux, tu vois, qu'il veut sans voir qu'il peut s'en passer... Sans passer sa vie sans espoir.
Des espoirs pour surmonter la morosité. Désespoir qui s'immisce dans ma pensée s'ancre dans les neurones et retourne ma vision qui flanche, floue et en flammes sont mes pupilles devant ce monde. Alors seules des larmes peuvent encore sauver de la fournaise un coeur qui s'est emballé dans son équilibre instable.
Il faut y installer des idées de renouveau. Il faut voter pour la vie.
Vis la pour voter, changer ce qui t'entoure ; aller plus loin dans l'oeuvre d'une vie bonne et saine pour chacun.
Projeter l'utopie d'un monde meilleur. Et imaginer une seule seconde le bonheur de la réussite...
La pureté du Moment.



#260775 Souvenir en devenir

Posté par Aequalis - 17 avril 2014 - 01:52

*

Tu trottes dans mes pensées.
Tu t'y caches, tu y restes.
Je te cours toujours après.
Et tu m'échappes.
Tu t'évades.
Tu panses mes soucis,
Tu allèges ma vie.
Tu m'envoles si haut...
Qu'aussitôt,
Un vent tranquille m'emporte.
Me ramène au réel.
Et je m'en moque.

Ce sont quelques mots de plus,
Qui sans effets ; s'emmêlent.
Les sentiments affluent,
Et sans cesse fluctuent...

Myriade, mystères, chimères.
Que je suis candide...
A profiter de la jeunesse,
Pour vivre avec ivresse,
Aimer avec tendresse,
Ne se soucier du passé,
Et passer outre le futur..

Je me suis perdu.
La musique perdure,
Elle tourne en boucle.
La boucle est bouclée.




#260774 Devenir un souvenir

Posté par Aequalis - 17 avril 2014 - 01:47

*

Ce n'est qu'une onde,
Qui traverse mon esprit.
Je suis obnubilé.
La marque est indélébile.

Ce n'est qu'une pensée,
Qui transperce mon coeur.
Je suis l'oublié.
La marque est indélébile.

Ce n'est qu'un chemin,
Qui me semble imposé.
Je suis enfermé.
La marque est indélébile.

Ce n'est qu'une sensation;
Qui coule tout un navire,
Je suis chaviré.
La marque est indélébile.

Ce n'est qu'une vision,
Qui perdure puis s'efface,
Je suis prisonnier.
La marque est indélébile.

Ce n'est qu'une vision,
Qui s'efface puis repasse,
Je suis obnubilé.
La marque est indélébile.

Ce n'est qu'une femme,
Qui éclaire mes journées,
Je suis aveuglé.
La marque est indélébile.

Ce n'est qu'un sentiment,
Diffusant gentiment,
Je suis dépendant.
Il a conquit mon corps.

La marque était-elle délébile ?
L'histoire ne le dit pas encore.
Le temps attend et veille...
Eveille mes sentiments.

Mais...
Ce n'est qu'une perte de temps.
Je suis Icare.
Car auprès d'elle ;
J'ai brûlé mes ailes.


#257584 Venez par ici ; on y parle de Paris.

Posté par Aequalis - 22 mars 2014 - 05:30

Bonne lecture....
 
              *
 
Après-midi dans Paris.
Soleil et ciel gris,
Pollution stagnante,
Dans la ville mouvante.
Après-midi à Paris,
Carrefour de vies,
Un enfant me sourit,
Un homme saoul rit.
 
Au détour de ces rues,
Volée de marches,
Barrières et arches.
Rails à perte de vue.
Un tunnel sous la ville.
Opressant, il défile.
Une femme lève le regard,
Je le croise par hasard.
Tristesse, oeil hagard,
Gare de Lyon, je descend.
Des scenteurs bizarres.
 
Sortie via escalator,
Le vent s'engouffre
Dans le corridor.
Grand beau dehors.
Je fredonne un air,
Comme un air...
De vie ordinaire.
 
Je vis, revis,
Les vies, leurs vies ;
Lévitent dans mon esprit.
Je suis épris de Paris,
Dépasse un parvis,
Vivant.
 
Puis, au détour d'une rue,
Les déchets s'accumulent.
Affiches hétéroclites, 
Immeubles hétérogènes, 
Un sentiment s'infiltre, 
Un sentiment de gêne.
 
Et les oiseaux s'envolent,
Et j'entends le vacarme...
Le vacarme de Paris.
Bruits de discorde,
Cordes stridentes, alarmes ;
Mes larmes coulent sur Paris.
 
Voici donc le chant des sirènes ;
Lui qui envoûtant m'entraîne,
Dans les méandres de ma vie.
Les couleurs se brouillent...
Brouillard gris sur Paris.
Une lumière m'aveugle,
Grand soleil sur Paris.
Je me perd dans le noir.
Il fait nuit à Paris.
 
 
J'hésite.... et zut.
Est-ce que j'aime cette ville ?



#255022 A la croisée des chemins - ( croix, aidés, chemins )

Posté par Aequalis - 27 février 2014 - 06:20


Sur le pan d'un immeuble froid,
Invariablement droit,
Deux fenêtres lumineuses.
Deux fenêtres heureuses.
Rires et cris se répandent,
Dans l'air virevoltent,
Accompagnent les gouttes.

Elles tombent, il écoute.
Traîne son caddie lentement.
Traîne son caddie bégayant,
Aux passants. Regarde les enfants,
Et ses souvenirs l'assaillent.
Il remonte la rue, le caddie roule.
Il pleut, l'eau coule.
Il lève les yeux,
Même les gouttes l'évitent.
Boit une gorgée ou deux,
Vaines, les gouttes lévitent...
L'alcool diffuse sa douce chaleur.
Le pas bancal, le pas rêveur,
Ce rêveur enivré,
Vit un rêve enivrant.
Rêve d'un peu d'été,
De soleil, d'herbe verte.
Chaleur intérieure, perte...
Cherchant le réconfort,
Il reprend une gorgée.

La femme bien habillée,
Marche d'un pas décidé.
Un monstre de loques s'avance,
Bouteille à la main,
Regard de dédain.
Que fait-il celui-là ?
Que fait-il dans le froid ?
Elle hésite...
Peu importe, s'il est là,
C'est qu'il l'a mérité.
234, 236, 238...
Elle est arrivée.
Porte battante, hall d'entrée.
Chambre mille quatre cent une,
Ascenseur de coutume,
Et l'homme est déjà là.
Jette son mégot par la fenêtre.

Le mégot heurte le hêtre,
Celui que contourne un garçon.
Trottinant doucement,
Remonte son pantalon,
Ajuste son chapeau..
Prenez garde à son Colt,
Car en une volte,
Il tire sur les méchants.
Il tire sur le vieux manant.
Papa l'appelle de l'appartement,
Le Parc voit sortir l'enfant,
"Fais attention en traversant."

Une autre gorgée de café,
Longue journée,
Début de soirée...
Le taxi baille.
Il est presque à l'adresse indiquée,
238, rue défilant, nom délirant.
Sur le côté un vieux manant,

Paraissant épuisé...
Son regard lassé,
Glisse sur le taxi mouillé.
Puis se pose :
Un petit garçon déguisé.

Le taxi détourne le regard,
Qui reste sur ce clodo hagard.

L'enfant avait bien regardé.
La voiture ne va pas s'arrêter.
Le père lance un cri étouffé.
Le manant gesticule.
Le client gémis de plaisir.
La femme regarde en biais.
Dans la rue, il pleut toujours autant.


#247760 Où vont tous ces gens ?

Posté par Aequalis - 08 décembre 2013 - 12:28

A lire lentement.

A penser longuement ? 

Bonne lecture. 

 

*

 

Où vont les gens ? 

Les gens en vie, 

Ceux qui s'ennuient. 

Que font les gens ? 

Les gens envient,

Les gens ravis. 

Que pensent ces gens ? 

L'un réfléchit. 

L'autre fléchit ;

Sous un poids lourd, 

Sous un poids sombre ;

Qui encombre... 

L'esprit de l'un, 

L'âme de l'autre. 

Le poids encadre, 

Il s'impose, 

Impossible de s'enfuir, 

De s'en échapper. 

Ce poids là, 

C'est votre société.

Votre a - sociabilité, 

Votre as - similitude, 

Votre assassin ! 

La société tue, 

Condamne le savoir, 

Condamne sans savoir, 

Impose la norme, 

Impose le morne.

Le monde se borne.

Et les hommes, 

Sans joyaux, 

Tous normaux,

Aux visages fermés, 

Sans joie... 

Ils sont condamnés. 

 

Si la société tue,

Aveugle, t'aveugle ;

C'est que l'homme vit, 

Voit comme un borgne. 




#246635 Paris de nuit.

Posté par Aequalis - 24 novembre 2013 - 11:15

Paris de nuit,
Pleine de soucis.
Paris Paris,
Paris de nuit.
Quelques amis,
Marchent vite,
Boivent vite.
Tout va si vite.
Assis sur mon banc,
J'attends.
Assis sur mon banc,
J'entends.
J'entends la vie
Ses compromis.
Je vois vos vies,
Les imagine.
Images enfantines,
Contes, comptines.
Féerie.
Paris de nuit.
*
Pari de nuit,
L'homme ivre,
Parie sa vie.
Tuant l'ennui..
Parie si vite,
L'argent s'enfuit.
Qu'importe.
Il s'emporte,
Encore un verre,
Un jeton vert,
Un billet vert,
Lui font voir rouge.
Rougeur aux joues.
Jouer toujours.
Encore, et puis...
"Excuse me Sir,
You have no more money."
La voix résonne ;
Mais ne raisonne,
Cet homme meurtri.
Sa vie dérive...
L'homme en furie,
Sort en courant..
Se sent mourant.
Passe devant moi,
Effrayé, haletant.
Son regard froid,
Me transperce.
Son regard froid,
Me bouleverse.
Je reste coi ;
Sur mon banc de bois.
*
Où vont les gens ?
Les gens en vie.
Où vont ces gens,
Ces gens meurtris.
Paris de nuit,
Pleine de bruit ;
De sons stridents,
Plaintes de la nuit.
Le froid m'agresse.
Le long de la Seine,
Une brume épaisse,
Ce soir d'hiver.
Des gens divers
Dorment dehors.
Mais sur la Seine ;
Un long bateau.
Des gens y rient...
*