Julien B

Paysage de suie

derrière mes paupières closes

le corps s'enfonce pendant que l'âme s'égare

Mais une abeille ou une mouche fredonne

L' o v n i m'oblige à laisser s'installer un filet de lumière

dans la pénombre de la sieste tout prend vie

et si le mobilier se devine, l'aboiement du lointain se fait entendre

... comme la réalité qui s'invite

Mais que s'éveillent mes rêves!! Devant le propice paysage de sui

Points après points scintillants

mon regard suit l'originale voute céleste

Celle de Cassiopée, d'Hercule, d'Hermes ou de Thésée

Loin de moi le quasar, la nébuleuse et la naine blanche

Ce soir le ciel d'hivers est habité de créatures

Quand sous mes yeux virvoltent les cheveux des comètes

qui s'effacent et laisse place au lait d'Héra

Ciel! l'éclat des étoiles a pour plus beau miroir

les yeux des enfants, petits ou grands 

tournés vers l'infini.

C'est une place

centre de village

à petite périphérie

l'église n'est jamais loin

ni la boutique de pain

tout le monde se connait

et sitôt que revient l'été

on se retrouve au dehors

chacun du même village hume l'air

quand à coté...coule une rivière

Il est frais l'air du dehors.

Métallique le soleil de fin décembre.

Acérée la lumière qui découpe une aquarelle blanche est silencieuse.

C'est bien le lendemain de Noël, tout dort encore.

C'est bien le lendemain de Noël, les papiers déchirés avec les paquets éventrés gisent au pied d'un sapin fatigué.

L'Atlas des décorations, qui sent sa fin proche.

Il plie sous la neige en bombe et les sphères trop vives; assourdi par les rires de la veille.

C'est bien le lendemain de Noël, et pendant que, vous, enfants dormez près de vos jouets; le temps vous porte vers d'autres festivités...cette fois renouvelées.

Car l'innocence d'un instant, s'efface progressivement par l'érosion... due aux Noël passés

Les yeux tournés vers le bitume

qui fixent des souvenirs ou des pensées

un léger sourire qui se dessine

passent les promeneurs ou les affairés

3 minutes à l'abris Decaux

1 minute à patienter

2 à rêver

Sur les cheveux poivre et sel

se reflètent la lumière du soir

et les phares d'un flot de véhicules

intensifié par la sortie des salariés

Tiens, voilà le bus

la dame se lève

3 minutes sont passées

1 vie à défilée

le bus est reparti

j'avoue, j'ai souri

Au zénith, la sphère dorée distribue ses rayons sur la baie.

Là, les gerbes rafraichissantes formées par les surfs scintillent dans un air léger.

Qui porte le rythme reposant d'un jazz métissé, décéléré.

Couvert, à deux rue de là, par la circulation effrénée;

sur les routes de bitume ou de terre qui s'achèvent au sommet des favelas

où l'air atone reprend ses droits.

vertes

plus ou moins inclinées

accueillant des séants ou des pieds

un peu dispersées en fin de journée

toujours poursuivant le soleil à l'aide de leurs invités

les chaises du Luxembourg nous appellent à peine les premiers rayons d'hélios tirés

entend leur chant: le bruit de deux pieds contre le gravier

un peu de poussière levée

un petit nuage vite apaisé

dans le Luxembourg ensoleillé

cuisines sur cuisines

le long de la colonne d'habitation

entassées dans la pierre, figées.

s'agitent, apparaissent et disparaissent

derrière leurs fenêtres

des petits habitants

des femmes et hommes

aux rêves qui furent bien trop grands

pour ces espaces nanométriques

quand soudain...apparait un enfant

Sur la colline

un soleil écrasant

chauffe le si des cigales

qui s'élève vers une voûte

de loin en loin installée.

Trois boules de cotons caressent et passent au zénith

et l'on espère sans doute une réunion

pour une ondé zébrée salvatrice,

visant humains et fourmis

à terre ancrés

Sous les dentelles et les voûtes

Sous les regards aiguisés des gargouilles

La foule attend le saint sacrement

Il y en a des bras tendus vers le ciels et des yeux tournés vers la croix

Des regards suppliants accompagnés par des doigts tremblants

Des fois, même, une larme s'échappe avec bonheur

Et pendant les chants, parfois, certains regards se font empathiques

Puis on se donne la paix du Christ

Communauté humaine et soudée

Mais n'oublie jamais

Qu'à peine l'amour prononcé

La foule se disperse et retourne 

à sa petitesse 

Pauvre poète,

il se promène sans tambour ni trompette.

Pauvre poète, piètre guerrier,

qui préfère la plume au fer.

Le nez vers le ciel, les mains dans les poches;

il erre.

Sans étendard, à l'abris de l'odieuse barbarie,

il est enfant du vent.

De celui glissant, entre ses doigts, le long des sentiers de la vie.

Et si, il arrive à notre pauvre poète de s'arrêter

pour l'amour d'une chevelure épinglée.

Balluchon au poing et souliers crottés,

toujours, il est prêt à enlever sa douce fiancée.

Souvent, la raillerie et l'opprobre de la part de l'honnête

raisonne dans la tête du pauvre poète.

Mais cheveux au vent,

les mots se font moins encombrants.

Car sous l'averse toujours, 

sa muse l'inspire.

Serait-il possible que l'ambition et la gloire trompe leur monde?

Que soit seul juste celui qui suit le vol de la colombe?

Dans ce cas, pauvre poète, 

prête un peu de ta richesse honnête

Passé sous trop de mains,

ton coeur saigne encore de ce trop plein.

Porté par trop de rêves;

tu as voulu, vécu, été déçu.

Et si ton sourire, intact, 

s'offre comme parure à la sincérité de tes yeux;

ton coeur blessé refuse de s'abandonner.

Mais, à nouveau, pour une parole, un geste ou un regard;

ou pour juste encore un brin d'espoir...il battra

Car comme dit le poète "il n'y a pas d'amour mais que des preuves d'amour",

Et les interventions de ce coeur aimé cicatriseront le coeur trop écorché

Sur quatre sabots,

j'arpente les pavés de la vieille ville.

Depuis bien longtemps, j'en promène des chemises bariolées et des accents étrangers.

J'aurais voulu voir une verte prairie,

mais du coins de mes oeillères,

seule la mauvaise herbe

re-nature un paysage bitumé.

Et je tire, bois contre pierre, ma calèche, toujours trop chargée par la bêtise humaine.

Rends moi esclave de tes congés payés

mais sache que dans la tête d'un enfant,

je serai toujours ce fier destrier, crinière au vent.

Rejoins moi dans les flots

Perds toi dans l'océan,

au flux et reflux des sentiments.

Par le mouvement délicat de nos âmes,

jaillit l'onde d'une vague, ni caressante ni écrasante;

elle parcourt calmement, la surface du temps.

Issue du fin fond de l'existant, elle est l'amour, né d'un regard plus ou moins insistant.

Et si l'écume vient à se briser, à rester mousse sur le sol chauffé;

les âmes, toujours légères, ne porteront ni cicatrice ni goût amer.

Alors je t'en prie:

Nettoie mon coeur et laisse toujours intact le rivage étincelant.