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marianne_b

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Publications sur Toute La Poésie

Scène d'intérieur

08 février 2015 - 06:21

Il faudrait une main amie pour raffermir nos cœurs mais les verres sont vides et les sièges restent raides.

Souvent, les poèmes sont des fils d'Ariane dans le labyrinthe de la pensée - des fils qui se recoupent ou s'enchevêtrent.

D'autres fois, les poèmes sont les cailloux que l'on sème pour retrouver le chemin des douleurs égarées.

Je pense à nos millions, à nos milliards de petites vies comme à autant de fleuves qui se jettent dans la mer silencieuse, dans la mort houleuse.

Temps sec

29 janvier 2015 - 06:13

J'ai écrit ce poème quelques jours après les attentats du début janvier.

Je le dédie aux victimes.

 

***

 

Nos mains se tendent vers la chaleur mais nous ne trouvons que sécheresse, et le feu de la liberté nous brûle sans nous éclairer.

Les maisons sont dispersées dans la lande mauve et, en leur sein, la solitude couve l'amertume et la rancune.

Le poète a déserté la ville insurgée et a laissé sur un banc publique son paletot idéal.

Les jeunes milices tirent à bout portant sur nos étoiles les plus brillantes, revendent au rabais notre tableau du bonheur. Car il est vrai que notre bonheur ne fut jamais qu'une caricature de cliché prémâché.

La Cassandre des faubourgs disait "La vie est simple" et encore "il faut de l'ordre" et nous lui crachions fièrement Kafka au visage.

Personne n'osait plus aller jusqu'au bout de ses pensées, la liberté devenait trop chère pour tout le monde.

 

***

Foyer dans l'hiver

04 janvier 2015 - 05:47

J'entends ronronner la maison menaçante : la chaleur de l'air sent la poussière et le détergent, et l'ameublement semble plein de cachoteries.

Dans le silence, mes pensées font un vacarme assourdissant et, dans les ténèbres, mon désir d'absolu se précise.

Les yeux du chat sont à la fois des agates célestes et des éclipses de lunes.

L'amour semble être venu de très loin pour découvrir l'Eden caché ici.

Dans ma maison, le piano est tout à fait démuni, la bibliothèque est tentaculaire, et les plantes sont émotives.

Dans ma maison, tu dors d'un sommeil en demi-teinte et je veille d'une écriture incertaine.

Tableau

28 décembre 2014 - 06:21

Le bruit de la pluie est plein de frétillements et de répercussions, on devine les fractures du ciel et les nuages bourgeonnants.

Le bruit de la pluie ondoie comme un pressentiment et je reste hermétique aux réminiscences d'amours passées.

La cigarette a un goût de réglisse usagée, d'insouciance périmée, et la fumée prend la teinte des albums de famille au fond des tiroirs tristes.

Cette nuit, mes rêveries ne me mèneront pas plus loin que la lisière de l'enfance, et je reste insensible aux vents froids qui se lèvent à l'orée du trépas.

La chaleur de ton sommeil me ramène aux moissons d'autrefois sur les enluminures.

La tiédeur de ton souffle ranime l'or et la myrrhe sur les toiles flamandes.

Le bruit de la pluie s'effondre sur mes frissons.

Métempsychoses

07 décembre 2014 - 08:43

La mort nous ouvrira les yeux sur le sens de la vie ; en attendant, nous nous aimons et nous ennuyons à l'aveuglette, nous butons sur chaque nouvelle aube.

L'utopie bouche l'avenir, entrave nos promesses au clair de lune. L'utopie est blanche et noire, comme toutes les choses démentes appelées à se démanteler : comme le rêve, comme la vie, comme le néant.

Notre amour est une famille nombreuse, composée de philosophes et de saltimbanques.

Dans la logique du temps, nos cinq sens sont mortels, mais dans celle de l'esprit, nos regards fusionnés survivent à tous les cycles.

 

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