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Gilles Tardy

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Hors-ligne Dernière activité : mai 21 2020 09:54

Publications sur Toute La Poésie

Quête d'ailleurs

25 mars 2017 - 07:51

J'ai souvent rêvé des portiques de Carthage,

Des ports aux multitudes innombrables,

Des trirèmes aux si étranges équipages,

Portant en leurs flancs des trésors incomparables,

 

Qu'apparaisse au crépuscule la flamme

Incandescente et vivante de Pharos!

Folle maîtresse consumant nos âmes,

Emportées au loin par les nobles albatros,

 

Odeur si oppressante des épices,

Tintamarre baroque des langages,

Souffle torride des aubes corruptrices,

Etreintes ardentes au bord des bastingages,

 

Fleuves infinis, mers blessées, ciels amers,

Quêtes étranges inassouvies, si belles altérités,

Extases des crépuscules que rien n'altère,

Envies d'ailleurs! Que renaissent enfin nos destinées !

Eveil

24 mars 2017 - 07:39

Mer fugace soulevée de toile,

Berceuse d'un brun passager

Eperdu chercheur ennuagé

Du phare d'une dernière étoile.

 

Incertain, ressasse le songe

S'étirant tout bas de ténèbres;

D'un glaive aigu le mensonge

Le poignarde de gris funèbre.

 

O vie ! Renaissante fenêtre

Du retrait bleu d'une persienne,

Quotidien réveil à naître,

Chant pur des aubes musiciennes !

Plus qu'un souffle

24 mars 2017 - 07:21

Plus ne suis le rire espiègle de l'enfance,

Plus ne suis les doux rêves de l'adolescence,

Plus ne suis l'homme libre arpentant la lande,

Plus ne suis votre aîné menant la sarabande,

 

Plus ne suis que la mémoire du bonheur partagé,

Plus ne suis que les souvenirs trop souvent oubliés,

Plus ne suis qu'un souffle au milieu du parc égaré,

 

Plus ne suis......

 

Plus ne suis que toi, ma fille, qui m'offre l'éternité !

 

The corner house

23 mars 2017 - 07:30

Cachée au hasard d'une triste ruelle,

Sa façade bleue et de guingois,

Comme un trop rare lapis-lazuli,

Nous capte nous attire à mi-voix,

Nous invite à oublier la pluie,

A trouver refuge contre les vents de noroit,

 

Son enseigne en lettres d'or surannées,

Porteuse d'espoirs encore inassouvis,

Nous attire, nous capte et nous séduit,

 

Plus ne compte que cette porte centenaire,

Plus ne compte que le battement assourdi

De la vie, qui émane de cet abri précaire,

 

Ni les embruns dans la ruelle s'engouffrant,

Ni le vent, ni les sombres cris des goélands,

N'ont plus ici droit de cité,

Oublié le vent, le froid , la précarité,

Plus ne restent que les accords enjoués,

Toutes les familles et amis ici rassemblés,

Dans les chopes la bière qui abonde,

Les voilons qui combattent et se répondent,

Comme deux aboiements dans les prés émeraude,

Comme deux étalons qui galopent à travers la lande,

Comme l'air vif et grisant de la mer d'Irlande,

 

En une nuit sans fin, oubliant les éléments déchaînés,

Bercés par la harpe et le violon, la flute et le tambourin,

Emportés par l'âme des celtes, nous nous sommes tant aimés...

 

 

 

 

 

 

 

Comme un jour au Roselay

02 mars 2017 - 07:41

Deux colonnes immaculées en marquent l'accès,

Une allée encadrée d'une haute futaie,

Comme la porte d'un monde onirique

Nous invite à oublier notre univers,

Revêtir les atours d'une autre époque,

Entendre d'autres voix, lire encore d'autres vers,

 

Humer l'air délicieux de notre enfance,

Gouter les plaisirs interdits du potager,

Sentir encore d'une rose les fragrances,

Entendre le bois des sabots de nos aînés,

 

Mais comme une âme trop longtemps invoquée,

Cette demeure, cette belle demeure d'autrefois,

S'offre à nos yeux, la voici enfin dévoilée,

Elégante, charmante et simple à la fois,

 

Le fantôme des journées passées, des éclats de rire,

Des soirées estivales, des débats trop animés,

S'impose comme une mélodie toujours renouvelée,

D'autres jeunesses, d'autres amis voudront discourir,

Elire domicile au sein de ce Morvan tant aimé,

 

Oublie ce monde, retrouve ton rythme intérieur,

Le pouls de la nature, le battement de ton cœur,

Dans l'ombre des ormes et des hêtres centenaires,

Par chemins et traverses, suis les pas de ta mère,

 

Et si jamais il nous venait l'envie de mourir?

L'envie de quitter cette terre, l'envie d'un ailleurs,

Ne serait-ce pas au Roselay? Pour encore rire,

Là où tout a commencé, quand la vie était meilleure,

 

Tout au fond du domaine, avec pour uniques compagnons,

Les hiboux, les rainettes, les chênes et les hêtraies,

En compagnie des âmes des générations passées,

Ce site enchanteur toujours nous en rêverons,

 

Aujourd'hui et à jamais...

Au Roselay.