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Gilles Tardy

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#332474 Quête d'ailleurs

Posté par Gilles Tardy - 25 mars 2017 - 07:51

J'ai souvent rêvé des portiques de Carthage,

Des ports aux multitudes innombrables,

Des trirèmes aux si étranges équipages,

Portant en leurs flancs des trésors incomparables,

 

Qu'apparaisse au crépuscule la flamme

Incandescente et vivante de Pharos!

Folle maîtresse consumant nos âmes,

Emportées au loin par les nobles albatros,

 

Odeur si oppressante des épices,

Tintamarre baroque des langages,

Souffle torride des aubes corruptrices,

Etreintes ardentes au bord des bastingages,

 

Fleuves infinis, mers blessées, ciels amers,

Quêtes étranges inassouvies, si belles altérités,

Extases des crépuscules que rien n'altère,

Envies d'ailleurs! Que renaissent enfin nos destinées !




#332402 Eveil

Posté par Gilles Tardy - 24 mars 2017 - 07:39

Mer fugace soulevée de toile,

Berceuse d'un brun passager

Eperdu chercheur ennuagé

Du phare d'une dernière étoile.

 

Incertain, ressasse le songe

S'étirant tout bas de ténèbres;

D'un glaive aigu le mensonge

Le poignarde de gris funèbre.

 

O vie ! Renaissante fenêtre

Du retrait bleu d'une persienne,

Quotidien réveil à naître,

Chant pur des aubes musiciennes !




#332401 Plus qu'un souffle

Posté par Gilles Tardy - 24 mars 2017 - 07:21

Plus ne suis le rire espiègle de l'enfance,

Plus ne suis les doux rêves de l'adolescence,

Plus ne suis l'homme libre arpentant la lande,

Plus ne suis votre aîné menant la sarabande,

 

Plus ne suis que la mémoire du bonheur partagé,

Plus ne suis que les souvenirs trop souvent oubliés,

Plus ne suis qu'un souffle au milieu du parc égaré,

 

Plus ne suis......

 

Plus ne suis que toi, ma fille, qui m'offre l'éternité !

 




#332380 The corner house

Posté par Gilles Tardy - 23 mars 2017 - 07:30

Cachée au hasard d'une triste ruelle,

Sa façade bleue et de guingois,

Comme un trop rare lapis-lazuli,

Nous capte nous attire à mi-voix,

Nous invite à oublier la pluie,

A trouver refuge contre les vents de noroit,

 

Son enseigne en lettres d'or surannées,

Porteuse d'espoirs encore inassouvis,

Nous attire, nous capte et nous séduit,

 

Plus ne compte que cette porte centenaire,

Plus ne compte que le battement assourdi

De la vie, qui émane de cet abri précaire,

 

Ni les embruns dans la ruelle s'engouffrant,

Ni le vent, ni les sombres cris des goélands,

N'ont plus ici droit de cité,

Oublié le vent, le froid , la précarité,

Plus ne restent que les accords enjoués,

Toutes les familles et amis ici rassemblés,

Dans les chopes la bière qui abonde,

Les voilons qui combattent et se répondent,

Comme deux aboiements dans les prés émeraude,

Comme deux étalons qui galopent à travers la lande,

Comme l'air vif et grisant de la mer d'Irlande,

 

En une nuit sans fin, oubliant les éléments déchaînés,

Bercés par la harpe et le violon, la flute et le tambourin,

Emportés par l'âme des celtes, nous nous sommes tant aimés...

 

 

 

 

 

 

 




#331439 Comme un jour au Roselay

Posté par Gilles Tardy - 02 mars 2017 - 07:41

Deux colonnes immaculées en marquent l'accès,

Une allée encadrée d'une haute futaie,

Comme la porte d'un monde onirique

Nous invite à oublier notre univers,

Revêtir les atours d'une autre époque,

Entendre d'autres voix, lire encore d'autres vers,

 

Humer l'air délicieux de notre enfance,

Gouter les plaisirs interdits du potager,

Sentir encore d'une rose les fragrances,

Entendre le bois des sabots de nos aînés,

 

Mais comme une âme trop longtemps invoquée,

Cette demeure, cette belle demeure d'autrefois,

S'offre à nos yeux, la voici enfin dévoilée,

Elégante, charmante et simple à la fois,

 

Le fantôme des journées passées, des éclats de rire,

Des soirées estivales, des débats trop animés,

S'impose comme une mélodie toujours renouvelée,

D'autres jeunesses, d'autres amis voudront discourir,

Elire domicile au sein de ce Morvan tant aimé,

 

Oublie ce monde, retrouve ton rythme intérieur,

Le pouls de la nature, le battement de ton cœur,

Dans l'ombre des ormes et des hêtres centenaires,

Par chemins et traverses, suis les pas de ta mère,

 

Et si jamais il nous venait l'envie de mourir?

L'envie de quitter cette terre, l'envie d'un ailleurs,

Ne serait-ce pas au Roselay? Pour encore rire,

Là où tout a commencé, quand la vie était meilleure,

 

Tout au fond du domaine, avec pour uniques compagnons,

Les hiboux, les rainettes, les chênes et les hêtraies,

En compagnie des âmes des générations passées,

Ce site enchanteur toujours nous en rêverons,

 

Aujourd'hui et à jamais...

Au Roselay.

 

 

 




#329903 Volonté

Posté par Gilles Tardy - 22 janvier 2017 - 05:26

Le froid vif de la bise perçait son visage,

Ses doigts gourds refusant de se plier à sa volonté,
Telle une statue parmi les cimes enneigées,

Il ne désirait plus dormir davantage,

 

Seul au cœur des étendues immaculées,

Tel un esquif balloté par l'océan,

Face à son destin, il refusait de céder,

Toujours sa volonté le mènerait en avant !,

 

La nuit passée blotti au sein de la neige
N'avait pas été une douce sinécure,

Le souffle du vent créant comme un sortilège,

Depuis la veille il résistait à la froidure,

 

Il émergea de la poudreuse éveillé,

S'ébroua et prononça quelques mots,

Comme un défi à la nature indomptée,

Il refusait de voir la vie comme un fardeau,

 

Son esprit tendu vers un seul but, vaillamment,

Il avança d'un pas; et puis d'un unique élan,

Il se dirigea vers la crête tant honnie,

Son audace jusqu'à présent lui avait nuit,

 

Perdu la veille dans la brume du matin

Il crut que la nature allait tout lui ôter,

Sa folle audace jamais ne serait récompensée,

Crevasses et séracs scelleraient son destin,

 

Mais la nature brutale sut voir en lui l'Humain,

Sa ferme volonté, sa foi en l'avenir,

Et par un rais de lumière opportun

Lui montra son chemin, tel était son plaisir,

 

Nature, séduis nous, montre nous ta puissance,

Apprends-nous l'humilité sans complaisance,

Car l'homme toujours veut conquérir des cimes,

Ecrire son destin, et toujours se surestime.

 

 

 

 

 




#329034 Cupidon s'en fout

Posté par Gilles Tardy - 03 janvier 2017 - 07:17

Et si un coléreux éclair déchirant le firmament

N'avait capté mon regard malicieusement,

Et si ton visage noyé dans la confuse obscurité

N'avait reflété cette lueur inespérée,

 

Le secret de tes yeux serait encore  inviolé,

Ta chevelure enflammée n'aurait couronné

Les deux émeraudes parant ton visage,

Impavides prunelles porteuses d'espoirs,

Promesses d'ailleurs et d'horizons à conquérir,

 

Mais mon âme candide ainsi profanée

N'a osé traverser ce Rubicon tant espéré,

A peine si mon bras tremblant n'a esquissé

Un élan, rien qu'un élan; à peine un geste,

Un mot, pouvait rompre le charme funeste,

 

Instants si fragiles d'éternité finissante...

Vaine quête d'aventures diaphanes...

 

Mais tu m'as dépassé d'un air rieur,

Fantasque et sauvagement ingénu,

T'enfonçant dans la brume nocturne

Comme les chevaux de la mer au couchant,

 

Qu'ai-je fait ? Pourquoi n'ai-je osé?

A peine un instant plus tard, il était minuit.




#328925 Désiré heur

Posté par Gilles Tardy - 30 décembre 2016 - 02:41

J'ai en main l'anthologie de la poésie française de Georges Pompidou, un recueil qui m'accompagne depuis près de trente ans.

 

Il a été mon fidèle compagnon dans tous mes voyages, dans les soirées passées sous les orages au cœur des Pyrénées à la lueur d'une lampe frontale, comme lors de journées entières passées en bord de mer dans le chaos des rochers au cap Gris Nez.

 

Trempé par la pluie, brulé par le soleil, gelé par le froid vif de la bise des Vosges, il a vieilli comme moi, avec moi, et c'est maintenant un opuscule jauni par le temps, écorné, qui a une odeur, un parfum qui me remémore tous ces moments de sérénité vécus depuis des années.

 

Et si je veux l'ouvrir au hasard, c'est vers mes poèmes préférés qu'il va s'arrêter, comme un vieux grimoire de magie qui s'ouvre là où votre âme veut aller.

 

Qui ouvre une porte dérobée qui vous permet de vous évader vers des recoins secrets de votre âme , parfois en friches et qui invitent à la découverte, à la création, et qui ne demandent qu'à être magnifiés pour vous apporter le bonheur.

 

Louise Labé parlait au XVIème siècle de son "désiré heur", cette expression n'est plus usitée mais je l'aime , car plus que le mot bonheur, c'est la volonté de trouver l'équilibre de l'Etre, l'accomplissement de soi qui transparait dans ces termes ; et surtout savoir ce que l'on veut, ce qui vous rendra heureux.

 

Aussi je souhaite pour 2017 à chacun d'entre vous de trouver, si ce n'est déjà fait, son "désiré heur".




#328808 Regrets

Posté par Gilles Tardy - 27 décembre 2016 - 08:23

Rappelle toi l'aube enflammée des matins d'été,

Lorsque la voie lactée disparait dans l'infini,

Rappelle toi la douce caresse de la brise

Lorsque s'éveille ton esprit émerveillé

 

Nul ne saurait troubler cet instant si précieux

Qu'offre la nature à tes yeux,

Tu baignes dans un océan d'extase,

Seul, et la vague de chaleur des premiers rayons ta peau effleure,

 

Et tu voudrais partager ce bonheur,

Et tu voudrais retrouver ton âme sœur,

Et tu voudrais, et tu voudrais, et tu voudrais...

Ne faire qu'un avec la buse qui te survolait !

 

S'élever dans l'azur, quitter cette terre

Qui depuis trop longtemps te retient amer,

Mais déjà les couleurs du ciel se ternissent,

Et désespéré tu pries pour que tout finisse...




#328805 je découvre un nouveau poète ...

Posté par Gilles Tardy - 27 décembre 2016 - 08:14

une nouvelle personnalité qui exprime à travers ses mots, ses rythmes tout ce qu'elle est,

n'est ce pas la caractéristique de la nature de se renouveler toujours et encore, de tester, réussir ou échouer.

un nouveau poète, une nouvelle partition qui nous emmène plus loin vers une symphonie ou encore la complicité d'un violon solitaire, ou de notes au piano égrenées ....

 

merci à tous de ce que vous partagez




#328545 Erin, l'Île d'émeraude

Posté par Gilles Tardy - 20 décembre 2016 - 07:10

La lande morne s'étendait à l'infini,

Epousant contre son gré le ciel à l'horizon,

De rageuses ondées ponctuaient l'azur,

Le vent se jouait de nos chevelures,

Trois arcs-en-ciel avaient pour ambition

De nous faire oublier notre solitude,

Les éléments déchaînés, à cette latitude,

Cherchaient avec vigueur à imposer

Ce qui ne pouvait être notre destinée,

Voulaient à la triste lande nous enchaîner,

Depuis l'aube fondrières et marais se liguaient

Afin de nous perdre encore, nous perdre à jamais,

Mais d'un cercle de fées, un border collie surgit,

Comme un magicien, pour dire: suis moi ! Je suis ton ami !

Jusqu'au seuil de ma maison, jusqu'à la chaleur du foyer

Jusqu'à ce que la harpe, le fiddle et le tambourin

Enchantent nos âmes et célèbrent notre contrée,

La patrie de gaëls, des fées et des lutins !

 




#328459 ELLE

Posté par Gilles Tardy - 18 décembre 2016 - 08:01

A l'aube de son soixantième anniversaire,

Il se retourna,

 

L'ombre de ces années passées le poursuivait...

Il l'apprivoisa,

 

Qu'importe le passé se disait-il?

Seul compte ce qui reste à réaliser,

Il voulait au bord du monde aller,

Il voulait voir le jardin des Hespérides,

Rencontrer Cléopâtre, fille des Lagides,

Reconnaitre les chutes du Zambèze, descendre l'Orénoque,

Fouler les steppes au côté de Gengis Khan, à une autre époque,

Il aurait voulu rencontrer Homère, Phidias,

Etre Galilée ou Alexandre, pourquoi pas?

 

Il maudit un destin trop modeste à son gré,

 

L'ombre de ces années passées le poursuivait !

 

Puis un jour, il la rencontra,

 

Et le voyage au fond de ses yeux fut désormais son univers,

Son élégance valait bien tous les jardins de Sémiramis,

Son amour tous les fastes et les ors du Mont Palatin

 

Il oublia son passé, plus ne comptait que leur présent.




#328446 Plus qu'un instant

Posté par Gilles Tardy - 17 décembre 2016 - 03:17

Ce texte est dédié à une maman malade qui pense voir sa fille une dernière fois, celle ci ne peut imaginer que c'est peut être la dernière qu'elle voit sa maman; d'ailleurs nous pensons toujours que nos parents sont éternels...

Tout ceux qui ont perdus leurs parents comprendont




#328415 Plus qu'un instant

Posté par Gilles Tardy - 17 décembre 2016 - 07:42

Combien d'aubes pleines de promesses verrai-je encore?

 

Après tant d'années au fil du temps écoulées

Me reviennent à l'esprit les instants de bonheur passés,

Si proches, à portée de mains et pourtant si lointains,

Sans regrets, ni nostalgie, j'ai construit mon destin,

 

Combien de crépuscules, d'horizons enflammés encore?

 

Plus qu'un instant pour goûter au sel de la vie!

Plus qu'un instant fugace au sein de tes yeux,

Plus qu'un instant à communier tous les deux,

Plus qu'un instant ! Encore un précieux répit !

 

Mais tu le sais pas,

Mais tu ne le veux pas,

 

Et ton regard n'a pas compris,

Toujours ton cœur me veut en vie,
 

Plus qu'un instant !

Rien qu'un instant......




#328316 Brume

Posté par Gilles Tardy - 15 décembre 2016 - 07:39

Comme un vol de papillons au gré du vent

Son esprit errait parmi les prés environnants,

Son regard était vide, et la beauté des allées

Seule, éveillait le lien avec son passé,

 

Était-elle Flore ou Diane chasseresse?

Elle était femme, amour, délicatesse...

Parmi les hautes lignées

Avait-elle une destinée?

 

Son regard au lointain embrumé

Refusait de la mener là où elle était née,

Des mots vinrent à sa bouche, des sons

S'échappèrent du plus profond

De son Etre; elle vit se déchirer le voile de son passé,

Prit conscience d'une présence à ses côtés,

C'était sa fille qui chantonnait doucement

Maman, souviens toi maman,

De mon enfance, de mes chagrins passés,

De notre bonheur sans cesse renouvelé,

 

Mais déjà les brumes l'emportaient,

La mélodie du passé s'évaporait,

le bonheur fuyait,

Seule, elle resterait.