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Gildas le Berre

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Publications sur Toute La Poésie

Sous des cieux déments

21 février 2017 - 01:56

Sous des cieux déments 

Que seul un dieu désaimant dément
Les hommes hurlent d'être humain
Les femmes brulent d'être humées
Ai-je pensé les panser
Quelques instants seulement
Ils ont ri 
Faussement
Quelque instinct fervent
Au goût de messe rance
Ils ont ri
Pieusement
Les hommes saignent la bête les yeux révulsés d’extase 
Les femmes se frottent furieusement au Livre
Les paupières gonflées par le vide
Le sexe tendu vers le néant
N’être pas 
Ils brulent d'être inhumés
Ils ont ri
D'effroi

Hanabi

21 février 2017 - 08:50

Nous avions 15 ans et n’étions pas poète
Pas même ténébreux
Nous étions l’électricité
Celle qui déchire la moelle épinière
Qui fait craquer l’atome et bouillir les fluides
Le coeur ensauvagé
Nous ne serions jamais demain
A toujours maintenant une vie de cannibales

 

L’école mentait
L’extase est au troquet
Arsouillant de formidables pintes
Bordées après bordées
Rades après rades
La marée, bonne matrone, nous gerbait au matin
Echoués sur les trottoirs vomis de Lorient
Nous disputions à Godot le droit d’être absent

 

Parfois une pauvrette s’amarrait à l’un
S’irritait de l’autre
Une petite Gwenaelle aux yeux de havre triste
Accrochée un temps à la hune de l'ivresse
Tombant à la baille au premier abordage
Quand le zinc tanguait 
Que nos phalanges chantaient la furie de notre sang
Ta gueule en marmelade
Ton rire dévorait le monde d’une ironie superbe

 

Hélène a appelé ce matin
Celle qui t’a domestiqué
Qui t’a arrondi
Quand au loin j’aiguisais mes angles
Sa voix de ru glacial coule encore entre mes doigts noircis
Je te croyais assis
Tu étais couché
A mordre le canon d’un revolver pour ne plus hurler
Tu as brillé une dernière fois
Puisé encore une goutte 
A la source électrique qui ne s'est jamais tarie 

 

A Marc

L'acte charnel

20 février 2017 - 11:50

Un peu de peau

Quelques frottements
Une pincée de vagissements
Un doigt de doigts
Des didascalies « Une langue s’affaire » "Un rein ondule"  
Quelques grincements 
Des sécrétions à tire-larigot
L’acmé charnu de votre cul, Madame
Le rideau tombe
Quelques applaudissements polis

Auto porc traits

20 février 2017 - 11:48

85 kilos de viande avariée

48 ans à faisander

Toute une vie à se décomposer

Au crochet d’un quelconque abattoir 

 

Un bouquet de nerfs à la main
La carcasse en branle
Je bats les trois huit
Jusqu’à la dernière mesure conservatoire

 

Les tripes en vrac sur carrelage
Le groin en tranches
Les oreilles sauce gribiche
Je patiente qu’un Soutine de passage 
Vienne me peinturlurer façon trop chouette

 

Qu’une poèteuse aux hormones de guingois
Mattant ma tronche sur un billot
Se sente le feu monter à l’utérus
Salomé! 
Eh Salomé!
Tâte donc la fraicheur de mes rognons