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Hors-ligne Dernière activité : mai 14 2012 06:19

Publications sur Toute La Poésie

Le caprice partagé

09 mai 2012 - 07:42

Dans un verre ébréché, une flamme au long cou
se défile avec art selon qui la secoue.

Sur son lit d'un gris pâle, elle épuise en tenue
toute bougie qui tarde à la porter aux nues.

L'heure est noire autour d'elle, aussi, peut-on penser
lorsque, brûlant nos doigts qu'elle a trop vus passer,

elle en vient à frémir sous nos sanglots qui pressent
en son coeur clandestin tant de leurs maladresses,

qu'elle est fière et sanguine en sa robe ajourée
quand on la sait maussade, exquise ou mijaurée ?

Suite à perte

02 mai 2012 - 11:42

La nuit tombe en cachette à l'entrée du métro ;
et si dehors il fait jour,
dedans, c'est toujours tabou.

Pourtant la cohue s'y presse :
elle, étourdie, s'ébat là-dessous.

Le tourniquet mouline.

L'automate, au guichet,
alimente en tickets
les gagnants du Loto.

Deux enfants chahutent,
simulant le combat qu'un grand dadais débute.

On comprend, qu'à couvert,
formentant sans passion en plein coeur de la terre,
le populo mue.

Tels ces rubans sales
qu'on déchiffre avec peine
et qui, sur le quais des gares,
nous relient à la veille,

l'affichage est ici
ponctué de rengaines,
emmélant les esprits
des flans qui se rappellent.

On voudrait sur les lampes
moins de gris près des tempes
et, dans l'air,
moins d'oignons,
tant les cancans des commères
débordent de rances allusions.

Dans ce four,
où des nappes d'haleines
ressussitent tous les goûts,
on entend parfois comme un râle
assumant ses travers,
sortir d'une faille attenante aux égoûts.

Quand enfin,
moribonds vinaigrés
qu'aligne un escalier roulant,
les corps des usagers,
en longs bras de foule dentelés,
par séries, s'extirpent en titubant,

le quidam en surface,
à leur vue, demeure attiré ;
jocrisse hagard d'un trottoir
où n'éclôt nulle pensée.

Un moment plein

25 avril 2012 - 07:59

Dans la villa docile aux parfums chargés,
La lumière a changé.

Par ici l'on se couche.

Par ici dans l'asile,
Deux petits bras agiles s'en iront tourmenter
Cette mère lasse,
muette
Quand sa fille s'endort...

Nous rêvons aux fenètres,
le soupir sans effort.

Assis là sur les dalles,
La lumière a changé.
Dans la villa docile, nous nous sommes couchés.

Nous rêvons à notre aise en ce jardin choisi :
parmi les verts,
Parmi les pourpres,

Les bassins nous soupèsent
Comme des fraises dans leur bouche.

Hélène alitée

21 avril 2012 - 08:38

Quand sous un gant moite, étendue, tu bous,
haletante rebelle absente et saôule,

j'éponge, envoûté,
tes deux joues rosées
puis ton petit front,

ce joli front sage où de longs cheveux échouent.

Mais lorsque harassée,
lasse et fourbue,
sous la veilleuse austère,
tu jettes
comme un malentendu,
je te laisse faire...

et couchée là,
quasi-nue,
l'enveloppe inquiête et pâle
blottie
dans un vieil afghan,
te voilà qui grelottes,
offrant ta fièvre au divan.

Cernés d'halos ovales,
piqués d'astres cuisants,
tes yeux rouges divaguent,
l'un d'eux luit en tremblant ;

et tandis que ton sang
lentement se caille,
tu crois saisir une ombre
dans l'abîme qui baille.