Aller au contenu

Noctis

Inscrit(e) : 07 sept. 2004
Hors-ligne Dernière activité : sept. 29 2011 06:01

Publications sur Toute La Poésie

Le sel de ta peau

06 juillet 2009 - 01:56

Comme j’avais sur la langue le sel de ta peau,
Jardin d’hiver,
J’avais dans les artères ton sang qui coulait.
Et battant sur tes serres, l’aveugle ferveur
Faisait fleurir sur le sel de ta peau
Un jardin d’hiver.

J’attends que les aurores viennent.
J’attends, en fredonnant un refrain sans parole.
Puisque je n’ai plus mot
Pour dire le sel de ta peau
Sur ma langue comme un jardin d’hiver.

Les nuits, jusqu’aux aurores, ton front sur mon cœur –
Et sur tes lèvres un sourire.
Je resserrais ma langue contre mon palais
Pour qu’elle ne laissât pas tomber le tien trésor :
Le soufre de l’espoir.








Quelque chose de court et d'un peu spontané, mais mes vers se font rares.

Vous n'en sûtes rien

14 octobre 2008 - 10:37

J’étais plongé dans mon livre –
Belle, vous n’en sûtes rien –
Mon cœur en a battu, mes tempes résonnèrent.
Belle, vous n’en sûtes rien,
Comme vous passiez près de moi,
Furtive.

L’âcre de la cigarette –
Vos vêtements, votre souffle –
Vous trahit de loin, ma belle,
Et vous n’en sûtes rien.
Annonçant comme un masque froid et révulsant,
Et comme un masque chaleureux et intriguant,
La volupté des amertumes me captive.

Je devinai le sourire
Comme une inflexion des ondes.
Observez-moi, chère insue,
Votre plaisir me parlait
A la chaleur de la peau
Qui, par les airs, me caressait cils et sourcils…
Mais je ne bougeai pas
Et vous ne sûtes rien.

Pour vous, lors je me cachais,
Je m’enchaînais à mes lignes,
Rien que pour vous préserver
L’ivresse de l’insoupçonnée.
Pour que vous n’en sûtes rien.

Puis enfin vous repartîtes,
Et cette âcreté vôtre dans l’air qui s’estompait.
Je vous suivis des narines,
Je regrettai tout déjà,
Et vous n'en savez rien.





Je vous livre ce soir un quasi premier jet, et je ne sais même pas encore s'il est réussi. De vos réactions, j'attends la petite fibre d'inspiration qui me manque ces mois-ci. Cela dit, comme toujours, je ne m'offusque pas de la critique, je la demande même.

Et ton coeur qui bat

17 juillet 2008 - 03:50

Le vrombissement des automobiles
Et rompant le flot, celui d’une moto,
Et sa vibration dans les murs
Qui se répercute jusqu’à moi ;
Une persienne qui claque ;
Les pas au plafond et le parquet qui craque ;
Un rat qui court dans une gouttière ;
Et ton cœur qui bat.

La criarde musique d’un autoradio ;
L’aspiro de la porte d’en face ;
Une sonnerie de téléphone et la réponse,
S’égosillant comme un sourd ;
Des talons dans les escaliers ;
Les cernes sur les nuits qui passent ;
Mon regard dans le vide
Et ton cœur qui bat.

La douche d’une araignée, un matin ;
Le coulis de l’eau dans les canalisations ;
Ta lente respiration, en une mesure ;
Des battements d’ailes insoumis ;
Mes orteils sur le matelas
Qui tapent une rythmique inaudible,
Sûrs d’être importants comme
Ce sont vos caresses qu’ils peignent ;
L’angoisse et la faim qui m’étreignent ;
Et ton cœur qui bat.

Les cris d’un bébé ;
Un lit qui grince ;
Un chien qui aboie ;
Vivez, impuissantes ivresses,
Le temps ne cesse pas son cours ;
Je me blottis contre l’oreiller,
Mon bras sur ton ventre,
Ma joue sur ton souffle
Et ton cœur qui bat.

[/font]

Le rouge des lèvres d'Elle

13 juillet 2008 - 03:35

Libérées, vos lèvres s’entrouvrent,
Et toutes les roses par milliers,
Rouges des passions de tous les cœurs de l’Histoire,
Me sont inconsistantes – symboles flétris.

Humides, vos lèvres, de ces baisers, premiers,
Qui, de notre exaltation irrépressible,
Nous firent saigner des jours durant.
Du pouce, rosissant de ma maladresse,
J’essuyais la salive qui les barbouillait,
Vos lèvres divines.
Et, ainsi que sur le champ de gloire
Les carnassiers se bâfrent,
Mes tempes se ruent à leur écho.
Eclatantes, vos lèvres, de nos baisers,
Faisaient jaillir les flammes –
Ô vermillon sublime, ma soif, ma faim.
J’étais inféodé à votre sourire.

Mais le contact ardent, le désir,
Le désir qui vous arrache à la raison,
Le désir féroce, celui de la brute honnie,
Celui qui terrasse la frustration,
La déchire, en fait une charpie,
Des cendres livrées aux vents,
Le désir avait fait du rouge de vos lèvres
Le fleuve noir qui naît des poitrines trouées –
Le choc assourdissant des corps,
Lancés, le ventre avant les jambes, l’un contre l’autre –
Des estropiés qui gémissent, qui pleurent, qui hurlent,
Des casques envolés, des veines vidées,
Qui, au crépuscule, couvrent le champ de bataille.

Et sur le guéret de vos lèvres,
Vous chantiez encor l’amour.

Le noir des cheveux d'Elle est irréel

08 juillet 2008 - 02:46






Ô la teinte subtile du henné.
Le noir de tes cheveux est irréel.
Je tracerais des continents sur
Les reflets avec lesquels le soleil joue.
Le noir de tes cheveux est irréel.

Comme un long voile que sous
Votre crâne une fée tisse lentement.
Et depuis le crâne, votre long voile
Absorbe la lumière – je vois les halos
Qui ceignent le pourtour de votre tête.
Ainsi suis-je absorbé aussi.
Et depuis votre crâne, le long voile,
Noir du deuil de notre amour –
Ô ce deuil déjà consommé –
Comme des tentacules sur ma peau
Qui m’agrippent ; le noir de vos cheveux
Qui me chatouille jusqu’au palais.

Ah ! Je ne vois plus !
Je me débats.
Je mords des cheveux, j’avale des cheveux.
Mais je ne vois plus.
Où est la chair ? Je te veux, je te cherche.
Où est la chair ?
Point de boussole, non,
Jusqu’à tes yeux.
Le noir de tes cheveux est irréel.
Et je ne vois plus.