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Henri.

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Publications sur Toute La Poésie

Assassin

09 avril 2009 - 07:36

Tête basse, j’ai mis mes pas dans la procession
J’ai suivi comme un spectre, les silhouettes.
Ombre, derrière les ombres, statues en colonnes.
Automate derrière ces automates, formes virtuelles,
J’ai marché. Tout comme elles, j’ai marché.

Las, par inadvertance et hasard
Comme on se réveille, en sursaut j’ai heurté
Une croix, une dalle, une pierre
Pierre tendre sous le ciseau
Modelée par les gouttes de pluie
Et les pleurs acides, les larmes réfractaires.
Brique dans la vitrine. Pavé.
J’ai buté.


Mes pieds se sont enfoncés dans la poussière du temps
Etres, substances, vestiges oubliés.
De mon poids, sous tous les couvercles, mes talons
Ont creusé, mes orteils ont griffé, mon corps,
Affaissé, s’est enterré. Peu à peu.

J’ai mis plus que mes pas dans la procession.
J’ai conduit d’autres spectres, d’autres statues, silhouettes.
Le vent peut bien se lever, rien ne va se dissiper.

Depuis que j’ai marché, dans cette colonne,
De mon Å“il de cyclope, mon oreille si sourde,
Et ô combien fidèle, je trace des équerres
Dans le fond du jardin devenu cimetière
Dans la bulle sans fin qui jamais ne s’envole
Qui jamais ne se crève. Où je dors, sans rêver.
Assassin.

Battement.

08 avril 2009 - 01:34

Trois pierres sur un chameau
au loin la mer fredonne
la ville s’époumone
à se dire ventrue.
Le grain que je caresse
écoute ma détresse
m’apaise, me sourit.

Il me conte les traces
évoque nos semblables
puis s’ouvre, m’éblouit.
C’est un vrai labyrinthe
où je plonge, ma quête
s’achève, se nourrit
de lumières qui chantent
de notes qui miroitent
farandoles d’oublis
genèses, renaissances
vies et morts incessantes
sans termes, infinis.

Trois pierres sur un chameau,
et une page vierge
une toile si vide…
Nul besoin de pinceau.

Trois pierres sur un chameau,
battement de paupière
pulsation des frontières
hommages désunis,
liaisons en vadrouille
les horizons vacillent
puis les grains se font poudre
cet univers se vide
s’écoule, s’évanouit.

Battement de paupière
aurore sur la terre
les grains
refont leur sable,
le sable devient dunes,
à l’horizon des pierres
le ciel et des oiseaux.

Trois pierres sur un chameau.

Funambule.

02 avril 2009 - 06:15

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Funambule mutant
Sur ta boule éphémère
De tes doigts engourdis
Tu écosses le temps,
Tes membres effilés
Parodient les étreintes
Pantomimes aériennes
Entre ciel et néant.

Chevalier du hasard
Tu épouses les vides
Failles, interstices.
Funambule mutant

Sous nos yeux ébahis
De jocrisses fervents
De ton corps balbutiant
Tu laisses des empreintes
En nos pupilles creuses
Nos globes calfeutrés.


Polichinelle, je
Tremble sous ton souffle.
De tes fils congédiés
Tu roules des pelotes
Que tu glisses, roué
Sous d’équivoques pas.

Et je chute, m’écrase
Irréductible sot.

En un souffle.

31 mars 2009 - 10:08

J’ai,
Une boîte de bois clair
Au couvercle de jade
Aux senteurs de lointain
Une boîte de hardes,
Chiffons
Poussières de rêves
Aux contours incertains.

J’ai,
Une boule de verre
Fragilement posée
En haut d’une étagère
Aux tréfonds d’un grenier
Qui dort, se désespère
De n’être visité.

J’ai, aussi,
D’autres boîtes aux couvercles
Savamment verrouillés,
Enchâssées dans des boîtes
Au sein d’une niche secrète,
Sculptée au froid poinçon,
Mécanique,
De mes peurs.

J’ai,
Un corset éphémère
Bouts de fils de fer usés
Un mannequin sur pieds.


Je suis,
- couloirs, cloisons, murailles –
Un labyrinthe
Dans un dédale égaré.


Parfois un souffle
Abroge les cloisons.
L’univers me respire
Tout est au diapason,
Me voilà, grain de sable
Poussière,
Poussière de rêve
Aux contours incertains.

Invitation.

30 mars 2009 - 06:52

J’ai laissé la cascade écrire quelques vers
Et le vent, de sa harpe, dessiner le muguet
J’ai laissé, mon âme, divaguer.

J’ai joint mes doigts, abaissé mes paupières
Entendu, clair, l’écho des murmures, des bruits
Des étoiles, au lointain qui, jadis, scintillèrent
J’ai laissé la Mort, à son ennui.

J’ai suivi les nervures des feuilles de mon âme
Accompagner la sève autant qu’il est permis
J’ai joué au passeur sur le tronçon d’octave
Tendu en équilibre et sur lequel je vis.

Mon haleine a tracé les courbes des nuages
Et le clap de la nuit a gommé mes oublis.
Je ris de bon matin aux serrures profanes
Aux galets voyageurs, ces hoquets, ces bandits.

L’enfant, qui se souvient, me tire par la manche
M’encourage à sourire, me glisser dans les plis
Les voiles, brins, les trames ; il me prend par la main.
Mes liens, aériens m’accompagnent aussi.



Je dévale ravins,
Escalade montagnes,
Ne suis plus qu’un lointain
Qu’une ébauche
De cri.

J’ai pris tant de couleurs
De formes, de visages
Accosté aux pontons
De tant de féeries !

J’esquisse, hésitant
Un pas,
Un pas de danse
Et la Vie, partenaire
M’invite.
Je la suis.