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Kelton

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Publications sur Toute La Poésie

Clé de mars

27 mars 2018 - 07:32

Au soir d'une longue journée, dans le triste froid de ce printemps qui ne commence pas, j'ai repensé à toi. J'ai creusé mes souvenirs, j'ai fait s'envoler la poussière de quelques belles heures de sourires. Enivré par l'instant j'ai laissé faire le temps. Il s'est écoulé intensément, rechargeant mon cœur et mon âme, en passant. Puis, dans le hasard d'une image de toi, j'ai retrouvé cette clé et sa petite chaîne d'acier accrochées à l'usure d'un petit soldat de bois. J'ai longuement réfléchi pour savoir quelle serrure céderait sous son pas... mais aucun indice ne se révélait à moi. Le temps alors venu de passer à autre chose, j'ai enfoui cette clé dans ma poche, accepté la réalité renforcée au loin par la plainte des cloches. Il est tard, je vais me coucher.

 

Le sommeil comme souvent est l'hôte d'invités surprises ; il les fait visiter, flâner, puis repartir. De temps à autre il les laisse s'exprimer... c'est pour cela qu'au matin je savais à quoi servait cette clé. Pas d'impatience pourtant ; il convenait de rester prudent. Ne pas laisser trop grandir cet espoir d'idéal au-delà de la minuscule taille de ce morceau de métal. C'est au soir où l'heure change mais où le déclin reste inexorable, que j'ai rejoint cet espace. J'ai présenté la clé, puis tournant d'un coup sec, le déclic, la poussière et un rai de lumière.

 

Je suis de retour ici, dans ce petit salon où jadis j'ai laissé quelques amis. Peut-être les retrouverais-je, aussi joyeux des mots que lorsque je suis parti.

 

Au soir d'une longue journée, dans le triste froid de ce printemps qui ne commence pas, je dépose ces mots-là.

Impuissance

16 mars 2015 - 06:38

Une nuit de souffrance s'est achevée. Une nuit en silence, mais un cœur éclaté. J'ai regardé partout ; j'ai scruté l'air ambiant. Les parfums, la lumière, tout me rendait tremblant. A revivre sans cesse en un temps disparu, on s'enfonce, on se blesse et on saigne de tout. Les larmes ne viennent pas, elles sont bloquées dans l'âme. Cette boule, cet effroi, que l'on croit existant.

Que l'image était belle, et ce temps irréel. J'ai flotté près de toi, sans troubler ton parcours. Une nouvelle fois, pas de philtre d'amour. C'est la beauté qui compte, la jeunesse et le charme. La vie, celle que je n'ai pas eue et qui me manque, me damne. Que vouloir je ne sais pas : soit s'accrocher au temps passé, soit décrocher du temps qui passe.

Comment prendre de l'instant le meilleur et c'est tout ? Sans mémoire, sans remous, sans désespoir ni terreur ? Des heures effacées à poursuivre l'impossible. A rêver d'un passé, d'un futur insensible. A exister c'est tout et à chasser la peur.

Ce matin est un jour où le mal se renforce. Je n'ose espérer enfin que me quitte ma force. Le ciel à des couleurs qui pourtant me rassure. Un flot de lumière qui conduit au murmure. Et le rêve reprend.

ce texte marque une renaissance. Depuis de nombreux mois ma plume était muette ; je publiais des textes anciens, parfois retouchés à la marge. Mais aujourd'hui le lien entre mon âme et mes doigts est renoué. Pour longtemps je l'espère (et le dis au lecteur)

Inconsistance

17 décembre 2014 - 06:04

Ce soir j'ai repris ma plume. J'ai regardé le ciel pleurer au dehors, et le vent m'a soufflé qu'il était trop tôt, encore. J'ai reposé la plume, puis j'ai plongé dans mes mots d'alors, ceux qui, déjà, devaient être les derniers. J'ai tourné les pages comme on passe en revue des photographies de vacances, nostalgie et souffrance, en alternance. J'ai retrouvé ce texte, daté de cet ancien temps. Je le publie à nouveau, m'excusant auprès de toi, lecteur, si ton œil le reconnait ; et touché tout de même, lecteur, si ton œil le reconnait. Il est ma convalescence, un souffle de plus pour attiser la flamme de cette envie d'écrire qui me gonfle le cœur mais que ma main se refuse encore à assouvir. Le voici :

"Parce que cette nuit j'ai enfin réalisé. J'ai appris, compris, que tout était dépassé. A revenir en arrière au plus profond de mon âme, je détruis un peu plus les secrets de ton charme. Quelle profondeur a cette vie inutile ! La chute est silencieuse, légère, et l'issue est futile. Si raison il y avait alors je serais déjà mort. Même si je l'écris souvent, je veux le dire encore. L'orage qui est passé à prévenu le silence. Son heure était comptée, il est loin, sans souffrance. J'aimerai le retrouver et me fier à son ciel. Dans mon cerveau rongé les images sont de fiel.

Parce que cette nuit j'ai enfin réalisé. Le mépris, le déni, tout m'est déjà arrivé.

J'inonderai les matins prochains du noir glacé des mots. Je hurlerai par ma plume sur le papier mes maux. Et quand l'heure tournoyante m'apportera le tôt, je cèderai ma vie à la lame d'un couteau, pleurant de perles rouges toutes ces journées égrainées sans repos."

Assurément

01 octobre 2009 - 04:37

Assurément, nous nous reverrons. Entre ciel et terre, comme le dit la chanson. Mon ciel à moi c'est un jardin fleuri au printemps, où se mêlent le parfum des fleurs et la fraîcheur de la rosée. Cliché matinal, mais gravé au plus profond de mon âme. J'ai le temps. Le refrain nécessaire en tête pour attendre, et croire, peut-être. Ma terre est celle de nos souvenirs, elle est chaude et souple, comme le sont les sourires. Autre banalité de vie, juste quelques mots jetés ici.

Assurément, nous nous reverrons. J'ai pressé l'acier froid contre ma tempe. La pression s'est apaisée, comme les battements de mon coeur. Je suis resté là, figé, comme un arrêt sur image que nous faisait le vieux magnétoscope lors de nos soirées de délices. Abréger le supplice ; enfin. J'ai senti mon index comme on subit un boulet à la cheville. Le poids des minutes d'un temps inutile, qui s'écoule en suivant la chute des feuilles de charmille au-dessus du petit mur d'entrée.

Assurément, nous nous reverrons. D'un appui ferme et décidé j'ai rejoint le point de rupture. Encore un millimètre me sépare de la fin de l'histoire. Ce qui précède le fracas final est à la fois terrifiant et excitant ; prometteur d'un nouveau territoire, d'une nouvelle aventure.

Assurément, nous nous reverrons. Le déclic a claqué. Le ciel s'est effacé, la terre m'a absorbé. Le déclic a claqué ; aucune détonation n'a retenti. Il faudrait du courage et l'assurance que tout est vraiment fini.

Assurément, nous nous reverrons...

Sortie du bureau...

18 septembre 2009 - 07:13

Le même jour ; il est tard. Je regarde bien au loin toutes les lueurs des phares. Un flot d'aiguillons lumineux qui agressent l'oeil autant qu'ils piquent le coeur. Il est l'heure. Je dois rentrer. Les mains sur le volant, je revois ces instants. Inutile d'espérer. La longueur du temps sépare nos vies, la lourdeur de mes sentiments m'enfonce davantage. Et je crains le partage. Je crains que tu n'oses dire oui, que tu t'inscrives profondément dans l'éclair de mes nuits. Je le veux si fort par instant que les larmes qui naissent dans mes yeux et coulent sur mes joues sont comme de fines morsures. Je me sens devenir fou. Et si à mon tour j'osais l'incroyable ? Quelques minutes suffiraient... Rendre cette magie éternelle ; empêcher que les heures ne nous séparent d'elle. Prolonger la douleur de l'amour, comme s'étire l'archet et sa plainte qui coure.

Le même jour ; il est tard. Je regarde bien au loin, je t'aime et je m'égare (je me gare)...