LE MASQUELOUR

Couleurs de Flandre,

Blanc cet épis de blé avant d'être coupé,
Sous les ciseaux épais d'une faucheuse affamée,
Jaune d'or comme la paille, couchée après la taille,
Des moissons la mitraille sur le champ en bataille;
Vert des hautes herbes qui cachent les fossés,
Et servent de repairs à quelques rats musqués.

Noir comme l'eau d'un canal tâché de nénuphars,
Où les vaguelettes s'emballent quand le vent d'Ouest démarre,
Gris comme le littoral des fumées qui l'assaillent,
La côte saturée, d'industries, le vitrail.
Bleu d'un ciel sans nuage du matin jusqu'au soir,
Ou nuit remplie d'étoiles et lune au teint blafard.

Orange l'horizon juste avant qu'il fasse noir,
Quand les ombres s'allongent jusqu'au fond du terroir,
Mauve ce champ où poussent des fleurs en pagaille,
Les jachères éclaboussent leurs parfums qui exhalent;
Argenté comme un lac sans vent pour l'agiter,
Seulement animé des ronds des ricochets.

Rouge le coquelicot qui ne donne pas sa part,
Des talus fait le beau en mille bouquets épars,
Juste avant l'arc en ciel qui naît après l'orage,
Bandeau aux sept merveilles qui forme le mirage.

Couleurs de Flandre, mon beau pays,
Couleurs de Flandre si jolie.


Le Masquelour

FEUILLE DOREE

Vole, vole, feuille dorée, au doux vent emportée,
Dans le ciel pâle et morne, ta valse est bien monotone;
Des branches agitées tes soeurs sont aussi lâchées,
Elles t'emboitent le pas, sans fleur ni couronne.

Le soleil au plus bas vous donne toutes des reflets,
Centaines de papillons, aux ailes jaunes et marron.
Son souffle vous fait tourner, parfois même remonter,
Mais à l'heure de l'oraison, vous faites toutes paillasson.

C'est surtout en fôret que vous vous faites remarquer,
Quand les derniers arbres verts terminent ensemble leur prière,
Les verdures remplacées, par jaune et rouge mélangés,
Elles vous laissent le choix en couleurs incendiaires.

Comme pour nous chuchoter que la saison vient de changer,
On vous voit virevolter de maison en maison,
Sur la place du village vous vous êtes rassemblées,
Et des arbres au clocher vous faites la procession.

Vole, vole feuille dorée, au doux vent emportée,
Dans le ciel pâle et morne tu tournes sans vergogne,
Pour ce tout premier bal, qui sera aussi le dernier,
Ta jolie robe orangée nous rappelle à l'automne.

13.11.2007
LE MASQUELOUR

Ma Flandre

Ma Flandre c'est un long tapis de sable fin,
Où s'étale la mer, aux doigts si caressants,
Qu'ils dressent les dunes, pareil à des seins,
Frémissants à l'amour des soupirs du vent.

Au loin une chapelle, une église, un beffroi,
En leurs pierres capturées, mille vies, mille voix,
Et les sons mystérieux par les cloches émis,
Morcellent les silences et les temps de la vie.

Ma Flandre c'est un monstre aux ailes déchirées,
Fantôme d'un moulin implorant le Seigneur,
Esquissant sur les blés son spectre étiré,
A la fin du jour, aux nuages rêveurs.

Ma Flandre aux champs fertiles inondés de soleil,
Sur la plaine embrumée d'un beau matin d'été,
Ma Flandre d'estaminets et aux mille fermettes,
Leur sort suspendu, à la terre s'en remettent.

Ma Flandre mon pays, où sont nés tous les miens,
Ma Flandre c'est un Lion qui te ressemble bien,
Toutes griffes dehors pour redresser les torts,
Debout la tête haute, Roi en région du Nord.

Monts de Flandre,

Magnifique nature en Flandre élégamment,
En ce pays si plat carressé par le vent,
Qui fait parfois plier les plus beaux peupliers,
Et que seules les haies semblent pouvoir contrarier.

Aux matins embrumés ta plaine est exposée,
Seulement entrecoupée par de nombreux fossés,
Longés de routes si droites qu'on en voit pas la fin,
Où parfois un canal se perd dans le lointain.

Quand le ciel est si bas, est-ce pour qu'on la voit?
Cette lande dans le lointain qui dans la mer se noie,
Est ce pour mieux t'apprécier quand le temps est clément?
Que s'enchaînent ces monts au beau milieu des champs.

D'une centaine de mètres à s'élever pour qu'enfin,
On aperçoit au loin ces quelques vieux moulins,
Qu'on imagine encore à voir tourner les ailes,
Confondre à l'horizon la terre avec le ciel.

Est-ce pour mieux t'admirer, comme l'enfant sur un banc?
Qui regarde le spectacle, debout derrière les grands,
Que tes monts sont placés comme des observatoires,
Magnifique nature, ta Flandre est belle à voir.

Dunkerque,

Dunkerque, Dunkerque,
Tout là haut sur la carte,
Dunkerque, Dunkerque,
Quand souffle le vent du large,
Les embruns et les vagues,
Viennent carresser ton phare.

Dunkerque, Dunkerque,
Derrière le Leugheunaer,
Dunkerque, Dunkerque,
Sur son socle Jean-Bart,
Sabre au clair face au vent,
Défie les éléments.

Dunkerque, Dunkerque,
Au dessus de la Duchesse Anne,
Dunkerque, Dunkerque,
Des mouettes crient et planent,
Au port ou sur la plage,
Font un joyeux tapage.

Dunkerque, Dunkerque,
Les chantiers disparus,
Dunkerque, Dunkerque,
Les sirènes se sont tues,
Le champagne sur les coques,
Aujourd'hui ne coule plus.

Dunkerque, Dunkerque,
Tu ris au carnaval,
Dunkerque, Dunkerque,
Tu chahutes dans les bals,
Tu te noies dans la bière,
Pour oublier tes larmes.

Dunkerque, Dunkerque,
C'est au coeur des marins,
Dunkerque, Dunkerque,
Qui surent lever le poing,
Héritiers des corsaires,
Que tu dois ton caractère.

Dunkerque, Dunkerque,
Ma ville dans la dune,
Dunkerque, Dunkerque,
Dans la brume ma hune,
Mon ancre, mon amarrage,
Du Nord, mon étoile.

25.06.2007
le masquelour