Je vous envie mes salauds
Pour ce verbe placé si haut
Ne pourriez vous point vous taire
Avoir pitié de ma misère
N’écrire que des banalités
Ou en solitaire rimailler ?
Prenez-vous malin plaisir
A remuer dans ma chair
Tous ces mots nommés «désir »,
Vos vers comme autant de fers ?
N'avez vous donc point de cœur ?
Votre âme est-elle morte à ce point
Que vous aiguisiez ma douleur
En continuant d’écrire si bien ?
Si seuls les anciens
M’étonnaient encore et toujours
De se renouveler si bien
Dans les larmes ou dans l’humour,
Mais même les baliveaux
Me tournent en vieille branche
Dans leurs écrits au jour nouveau
Je tâtonne à la canne blanche.
Je vous hais, je vous envie
Presque autant que je vous aime
Et si je me sens trahi
Ce n’est que le temps d’un poème.
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