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Elle avait germé dans les blés de mon enfance
Elle en avait prit le blond, le chaud, l'abondance,
Et dans mes souvenirs d'images irrésolues
Elle était pour moi la femme, l'amour absolu.
Elle était si belle dans le noir de mes rêves,
Et du soir au matin je marchais sur la grève
Qu’elle tendait sous mes pas au fil de ses paupières
Je comptais les galets pour atteindre la mer
Au fond de son regard, moi je cherchais le monde
Et en fermant les yeux elle en glaçait la ronde
Elle pesait sur tout, du poids de son absence
Pulvérisant le bruit en essaim de silence.
Elle était si fine que des vagues de dunes
Au milieu du désert taillaient des roses brunes
Arrachant à la pierre la douceur d'un visage
Je les cherchais sans fin en comptant les mirages
Aux cordes de ses cils, un archet inconnu
Coulait des mélodies aux larmes contenues
On eut dit de la pluie, un sanglot de bonheur
Je comptais les notes comme on compte les heures
Elle était si légère qu’un matin désolé
Elle a quitté mes rêves, disparue, envolée
Je marche sur la nuit depuis qu'elle est au ciel,
Je compte les étoiles qui me séparent d'elle.
Cannes 2008
