
Lithographie de Jean-Claude Quillici
Vers toi présent lacté d'un désert joaillier,
Vers tes dyar amassées, perle sur le jebel
Enrobée du parfum d'exquis bougainvilliers,
Les regards de la mer toujours azur et belle.
Où coulent mes pensées enivrées de jasmin
J'attends patiemment sur le "siège des mages"
De te voir, aujourd'hui ou peut-être demain,
Sous le moucharabieh apparaître en mirage.
Mon âme vagabonde accrochée aux arcades
De tes rues où abonde une blancheur altière,
Désire un temps clouté bleui de tes façades,
Et comme d'Erlanger en faire un cimetière.
Tes portes de saphir fermées presque jalouses,
S'ouvriront à l'appel d'amers bigaradiers
Quand le soir l'arabesque aux couleurs andalouses
Va dévorer le cœur du fruit de l'amandier.
J'attendrai longuement si au Café des Nattes
On sert encor du rêve adouci des lumières
D'un Soleil fatigué d'horizons écarlates,
Si la Nuit sera mienne étoilée et première.
Ruisseau de Chanaan dans mes yeux madéfiés
Ô Sidi Bou Saïd perce d'or mon sommeil,
Et fais que ton rivage au loin soit édifié
Au-delà de l'aride hiver de mes éveils !
© Mars 2008