Vacuum City (épisode 2)

Le vague sentiment qu'eut Izen Hollow en entrant dans Vacuum City fut des plus étranges. Une impression de n'être pas.
Les regrets d'avoir déposé projets et mémoire à l'entrée de la ville lui faillirent, le temps de la métamorphose immédiate presque brutale, de la chute sans vertige.
Il ne sut rien d'un avenir qui n'existait pas et n'avait gardé la mémoire de rien.
Et pourtant la vie ne l'avait pas quitté, enfin pas tout à fait.
Si vivre est courir sur un tapis déroulant le présent suspendu comme un pont fragile entre passé et futur, si vivre est basculer toujours entre deux rives, l'une qui nous appelle l'autre qui nous retient, alors vivre est un compromis que la règle à Vacuum City n'admettait pas.
Son présent, si on peut encore appeler ainsi un temps sans repère, Izen ne l'avait pas rendu. D'ailleurs personne ne lui avait demandé de s'en débarrasser.
À Vacuum City, les deux rives vers lesquelles tendait toujours l'espoir des hommes étaient effacées, pour ne conserver que celle qui ne semblait être rien d'autre qu'une illusion, l'autre rive; celle qui n'existe pas vraiment et qui pourtant chaque instant fait que nous sommes.
Hollow avait juste senti sa volonté s'éteindre après avoir déposé ses bagages. Et puis plus rien.
La Haute Autorité avait donc décidé pour lui, en fonction du poids du dépôt . Elle lui avait attribué une durée non arbitraire, un instant de présent pertinent dans sa contingence, qui, comme c'est la règle à Vacuum City, n'était relié à rien.
Il avait revêtu l'habit gris des citoyens de la ville et la durée de son présent fut gravée dans ses yeux.
Sept secondes, pouvait-on lire.
Pour Hollow, sept secondes suffirent à vivre un présent qui ne se déroulait plus.
Sept secondes n'étaient pas du temps compté dans une vie mais du temps abstrait, extrait du néant, une durée que les fonctionnaires de Vacuum City avaient comme toujours pris soin de vider de sens.
Sept secondes à vivre en permanence au présent.
Sans le savoir Izen s'en accommoda.
Il déambula dans les rues au gré de ce temps vide, croisa les regards sans couleur, dépourvus de vie, marqués du sceau de la présence inutile, sans les voir.

Le vague sentiment qu'eut Izen Hollow en entrant dans Vacuum City fut des plus étranges. Une impression de n'être pas.
Les regrets d'avoir déposé projets et mémoire à l'entrée de la ville lui faillirent, le temps de la métamorphose immédiate presque brutale, de la chute sans vertige.
Il ne sut rien d'un avenir qui n'existait pas et n'avait gardé la mémoire de rien.
Et pourtant la vie ne l'avait pas quitté, enfin pas tout à fait.
Si vivre est courir sur un tapis déroulant le présent suspendu comme un pont fragile entre passé et futur, si vivre est basculer toujours entre deux rives, l'une qui nous appelle l'autre qui nous retient, alors vivre est un compromis que la règle à Vacuum City n'admettait pas.
Son présent, si on peut encore appeler ainsi un temps sans repère, Izen ne l'avait pas rendu. D'ailleurs personne ne lui avait demandé de s'en débarrasser.
À Vacuum City, les deux rives vers lesquelles tendait toujours l'espoir des hommes étaient effacées, pour ne conserver que celle qui ne semblait être rien d'autre qu'une illusion, l'autre rive; celle qui n'existe pas vraiment et qui pourtant chaque instant fait que nous sommes.
Hollow avait juste senti sa volonté s'éteindre après avoir déposé ses bagages. Et puis plus rien.
La Haute Autorité avait donc décidé pour lui, en fonction du poids du dépôt . Elle lui avait attribué une durée non arbitraire, un instant de présent pertinent dans sa contingence, qui, comme c'est la règle à Vacuum City, n'était relié à rien.
Il avait revêtu l'habit gris des citoyens de la ville et la durée de son présent fut gravée dans ses yeux.
Sept secondes, pouvait-on lire.
Pour Hollow, sept secondes suffirent à vivre un présent qui ne se déroulait plus.
Sept secondes n'étaient pas du temps compté dans une vie mais du temps abstrait, extrait du néant, une durée que les fonctionnaires de Vacuum City avaient comme toujours pris soin de vider de sens.
Sept secondes à vivre en permanence au présent.
Sans le savoir Izen s'en accommoda.
Il déambula dans les rues au gré de ce temps vide, croisa les regards sans couleur, dépourvus de vie, marqués du sceau de la présence inutile, sans les voir.