
©Adrian Fletcher http://www.paradoxplace.com
À toi, qui depuis toujours désirais
Changer le cours de tes nuits incomprises,
Chasser l'ennui de ces jours retirés
Sous le toit gris du berceau sans surprise,
Paris t'offrit: ses orgies, son emprise,
Sa tour Eiffel, sa fière citadelle,
Les baisers fous d'amoureux infidèles,
Les envolées sans valeur, les saisons
De paradis rêvées à tire-d'aile.
Abigaël a perdu la raison.
Revenais-tu au pays, libérée,
En étudiante aux leçons malapprises ?
Au 'Majestic' tes amis t'admiraient.
Rester au Puy ? ils t'auraient bien reprise,
Ces pieux parents au bord de la méprise,
Ne comprenant ton regard isabelle
Qui signifiait que tu vis en rebelle:
Blouson de cuir, cœur brisé, sans prison,
Jean déchiré sur tes jambes si belles.
Abigaël a perdu la raison.
À Saint Germain aux amours délivrées
Tu crucifiais tes nuits où s' électrisent
Tous les 'Je t'aime' inaudibles, givrées
De tes envies, quand le son magnétise
Le risque pris, la peur qui poétise
Tes vingt printemps, sans un vol d'hirondelles.
Abigaël, les pris-tu pour modèle
Lorsqu'en ton sang coula le noir poison ?
Lorsqu'au matin s'éteignit la chandelle ?
Abigaël a perdu la raison
Princes absents vous n'êtes pas fidèles
En cette église où la foule autour d'elle
Prie sans y croire à l'insane oraison.
Là je dépose une fleur d'asphodèle,
Abigaël a perdu la raison.
J'aime bien ta rime en Asphodèle, cela me rappelle un de mes poèmes (ARGOS2).
A+