Le Kremlin, comme un grand cœur rouge qui bat, au centre de la ville, et que le Volkhov effleure paisiblement, tandis que nous marchons sous les arbres de la « Cour de Iaroslav », tandis que nous nous asseyons sur un banc. Dans le nom de la ville («Новгород», « Nouvelle ville »), entends-tu déjà, comme en écho sonore, les syllabes de « nouvelle vie » ?
Tu me montres du doigt, dans une trouée entre les arbres, la coupole dorée de Sainte-Sophie. Ton regard d’aquarelliste...Qui a dit que l’on n’aimait bien qu’une seule fois, la première, et que « les amours qui suivent sont moins involontaires » ? Ma volonté a-t-elle eu quelque rôle à jouer quand, sur les vieux remparts où nous étions assis, j’ai vu tes pieds nus, dans l’herbe, et que j’ai eu, soudain, l’irrépressible envie de les prendre dans mes mains ?
extrait de Fin de Siècle/Charmes/2000
Source : Le Kremlin