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Réminiscences
I
Ce matin encore ce ciel d’azur menteur qui rit à ma fenêtre… Panorama chatoyant surmonté d’un mont pur débordant de lumière… Piaillements assourdissants des oiseaux tapageurs. Ma chambre ouverte sur la vie qui s’éveille et bruisse à mes oreilles assoiffées de joie, la nature consolante, exaltante qui me promet un avenir heureux.Ces lauriers roses imprégnés de mélancolie qui bordent des maisons collées les unes aux autres dans la chaleur déjà vive d’un été précoce… Je respire et avale une gorgée d’espoir puisée à ce spectacle fidèlement renouvelé, comme un baume au cœur.
Je dois entamer mon rituel, j’ai calculé mes préparatifs, à la minute près, comme tous les matins. Je suis le rythme que je m’impose. Maman a tout préparé sur la table la veille au soir, elle ne se lèvera pas. Papa est parti très tôt, bien avant que le fabuleux spectacle n’entame son cycle quotidien.
Quel plaisir étrange à ce déroulement implacable, ces gestes mécaniques auxquels je m’accroche, comme à une bouée de sauvetage ?
J’ai neuf ans, je crois. Au petit matin, je pars dans l’air embaumé de senteurs entêtantes par le canal à sec puis les ruelles du village de pierre aux portes médiévales cheminant jusqu’à ma petite école. En chemin, je me suis arrêtée plusieurs fois chez mes copines qui me rallient au passage. Nous avançons en cortège joyeux.
Bientôt la fin de l’année scolaire, une fin redoutée. La séparation, la solitude et l’ennui en embuscade. Une angoisse sourde baigne mon âme rêveuse.
- silver, M. de Saint-Michel, Loup-de-lune et 1 autre aiment ceci
puisque charmeuses des naufrageurs
elles vont voguant sur les métamorphoses du temps
Avec mon amitié,
Loup-de-lune