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Nuées nostalgiques
« Si on me presse de dire pourquoi je l’aimais, je sens que cela ne se peut exprimer, qu’en répondant : parce que c'était lui ; parce que c’était moi. » Michel de Montaigne
La brise légère soulève
De précieux débris de mémoire
Comme de vifs fétus de vie
Qui virevoltent en spirales
Et viennent envoiler mon âme
De mélancoliques arômes.
Oh l’écrasante torpeur de l’été
L’entêtante senteur des pins
La rumeur tapageuse des marchés !
Au loin, dans les profondeurs du silence
Surgit l’irréparable absence.
A toi l’ami si cher, le confident fidèle,
Le père protecteur ou le frère complice,
Un amour dont jamais ne fut tarie la source,
Dans les pires tourmentes ou les plus denses joies
Ange gardien, seigneur au cœur immense
Dont sans bruit chaque pas fut lié à mes pas.
Je ne sais désormais plus où poser les pieds
Je cherche mon chemin aveugle sans boussole
Je ne sais plus à qui confier tous ces espoirs,
Ces folies, ces doutes, ces bonheurs, ces angoisses
Qui parsèment en vain une existence exsangue.
Le monde n’aura plus ta saveur singulière
Alors je te recrée, je te parle en secret
Dans un recoin méconnu de mon âme
Qui vibre de ta voix et rayonne du feu
Aigu et malicieux de ton regard candide
Car toutes les myriades d’étoiles du ciel
Ne me vaudront jamais ta présence essentielle.
Je voudrais savoir recoudre
Ces tissus de temps qui s’étiolent
Cette baie, ces soleils couchés
Tombés dans la mer immense
Sous nos regards émerveillés,
Ressusciter ces douces soirées éphémères
En poussière au fond des mémoires.
Si seulement je te croyais au ciel
Oh si tu pouvais être un impalpable esprit !
Tu serais près de nous et tu nous couvrirais
De ta vibrante bienveillance…
Mais l’incertitude embrume mon cœur flétri
Et je m’adresse à toi comme si tu étais.
06/08/2018
- silver, M. de Saint-Michel et Loup-de-lune aiment ceci
