Poèmes de Loup-de-lune

à l'article des soufres
le plain-chant de l'aube
avec la voix du vent
par les cimes ajourées

cette insurrection d'oiseaux
à travers l'ocre linceul
des toits
 
 
la ville
descelle son sépulcre
au miracle des neiges

la chiquenaude
du vent
fait au ciel
d'ardoise
une éraflure
éblouissante
 
 
et compagnon
mon œil
saigne
une goutte
de lumière
qui transfigure le rouge et l'eau

patiemment
jour après jour
année après année
j'ai frayé ton sourire
dans la cohue des leurres
 
frayé
ce chemin de lys et de roses
jusqu'à mon âme en hiver

dans le feuillage
ajouré
s'incline
une aiguière
 
en mille lampées de cuivre et d'or
les luminaires
étanchent
la soif de la première neige

pour Papaver...
 
 
calligramme
ondoyant
des oiseaux
 
puis les toits
après un instant de houle aliforme
reçoivent
l'encre restituée
 
je sais des regards taillés
qui s'y trempent
pour le tracé
des voies neuves
 
au verso de l'hiver

premier automne
 
petite feuille sur le trottoir
une étoile paraît
dans la nuit des piétinements
 
 
 
deuxième automne
 
petite feuille d'or sur la rue
le regard s'étoile
dans la nuit des passages
 
 
 
troisième automne
 
petite feuille rouge sur le vieux tourniquet...

aux confins de la fuite
dentelure des cimes
à en croquer
dans une salivation de pluie
le ciel couleur chair éperdue

au-dessus de la montagne
que nous ne gravirons pas
ce noir haut-le-cœur
clouté d'étoiles

couleur
de cendre
leur poser
sur la braise
des feuilles
 
 
couleur
d'ardoise
leur envol
sur la craie
des cultures
 
 
couleur
d'encre
leur calligramme
sur le vélin
du ciel