Poèmes de Loup-de-lune

le dernier dragon
bleu
vient de brûler
dans les flammes
du crépuscule

arbres
vous emplissant
de longs frissons de verre
 
qui témoignez
un chœur sans office
une nef sans rivage
 
la lumière
allée avec le vent
effeuille
vos vitraux

bourrasques
les tombes frissonnées
s'effeuillent
et n'en finissent plus
d'aimer à la folie
 
 
échappant
de mes doigts manuscrits
ta dernière lettre
 
 
bourrasques
au ciel platine
hanté de cendre
envol
d'une colombe de vélin
 
 
ton linceul
épouse le haut-relief
de ma mémoire
 ...

nourrie
de mes séjours clairvoyants
nuit après nuit
la lune bedonne

le grand feu de nuage
se communique aux stèles
comme à des flambeaux

sur la mer de lumière
et de vent
la carène automnale
touche au rivage
où s'effeuillent les ors et les cuivres

château
de brume
 
la mémoire
prend la forme
de l'enfant
 
espiègle
altier
son jeu
sur les créneaux
du rempart
 
cet instant-là
de langage
et de mouvement
cet instant-là
de chair
n'aura rien su
des mâchoires
du temps

soir éthéré
 
s'y juche
l'aboiement
 
nulle feuille
tombée
ni n'étoile
ni ne cloue
mon ombre
 
et l'on me hurle
des ailes
à en fondre
sur les hauteurs flambantes

partout
le tissage
de l'araignée
que relaie
la lumière
 
partout
des feuilles
y suspendent
la tombée
de leurs ors
 
partout
la prunelle
y souligne
sa lettre
de proie solaire

fumée
voile bleu ardoise
dans ton incessante
métamorphose
jusqu'à l'imperceptibilité
l'écho
du versant
qui se cuivre
 
de l'homme
qui regarde