Poèmes de Loup-de-lune

il n'y aura plus d'eau
pour leurs corps
pour leur marche
sur la terre
où ils sont nés
 
et devant son enfant
cette mère
réprime la larme
qui lui vient
de la prunelle intime
 
elle a lui
ravisseuse
d'un fragment de soleil
avant de glisser
à l'épais rouge du coeur
 
diamant
qui coupe les artères
sur tou...

égaillement
de bouteilles de verre
 
ce qui est bu
ce qui est vide
scintille
languides étoiles égarées
dans le jardin du souvenir

invisibles
dans l'herbe qui s'éteint
les cigales
traduisent
les noms des trépassés
en d'inépuisables chants d'élytres
 
tandis que sur le fil
de la frontière
entre le jour et la nuit
le souvenir
se prend pour un équilibriste

sur le mur
rectangle
de lumière orangée
qui signifie
le lever d'une étoile
 
l'ombre très pure
de ma main
s'y prend
dans l'esquisse
d'un saisir

angles sonores
fille prodigue en glace
paroi de liqueurs
 
l'ultime gorgée
et tous mes os résonnent
au tréfonds du verre

vieil homme harassé
assis au bord de la fontaine
la kyrielle de ses soifs intacte
 
et l'eau jaillit de la pierre
couleuvre de soleil frais

grand vent
dans la voile nocturne
trouée d'étoiles
 
l'insomnie
sillonne les heures
sur sa carène d'élégie

leurs mains fabriquent
avaricieusement
des nacelles de fleurs coupées
 
sur le lac
elles finissent de mourir
à la clarté d'un lumignon
mâtiné de naufrage

tableau
 
au pied du camaïeu vert
la craie blanche du clocher
dessine le temps sonore
 
***
 
douceur nocturne
 
dans la pâture d'étoiles
profusément
la clarine du ruisseau
 
***
 
impulsif
 
pétales de coquelicot chiffonnés
 
qui regretta soudain
d'avoir e...

des yeux
de vitrail assombri
cherchent
au-delà des marbres
au-delà des pierres
une image des trépassés
 
ils dardent
de longs regards
de vent
qui traversent
la lumière verte
des arbustes
 
de grosses larmes
de bronze
sous l'azur
sonnent le temps qui passe