C'est l'heure où le soir vient frôler la mer
de ses doigts fiévreux aux quêtes d'amant ;
sa coupole bleue sertie de diamants
se pose en douceur sur le ventre vert.
Couvrant de baisers, de constellations
la coupe des ondes nimbée d'outremer
le ciel en rotonde embrasse la mer
comme aux premiers jours de la création ;
Nous passions des heures, ensemble, au lagon ;
ce soir aurait dû aux autres ressembler
un jour sans fin, d' éternel été
où nos vagues rêves devenaient passion.
Sur ses longs cheveux, couverts de feuillages
un sylphe posait le dernier rayon
du soleil perdu dans son ciel d'orage
il la regardait d'étrange façon ;
l'éclair le suivit, grondant de tonnerre
de foudre et de rage et je vis la peur
sur son beau visage et je vis ses pleurs
comme un déluge recouvrir la terre ;
Les jours s'écoulaient au canal du temps
en eau et en feu au bord de la plage ;
elle riait souvent, sans fin aux mirages
rides de sable lissées par le vent ;
au bord de la nuit, prononçant des mots
pleins de terreurs vagues, elle voyait, mystique,
derrière les monts, d'affreux animaux,
dans les vagues, un peu du ciel pacifique ;
quand elle parut, longue silhouette
étirant le jour en trait de lumière
vers l'ombre au silence empreint de mystère
sur l'eau bleue qui danse, elle flottait un peu ;
sa robe tournait par- dessus sa tête,
ses bras dessinaient des ailes d'oiseaux
son corps, cygne blanc entre les roseaux,
brillait des rayons d'un dernier soleil ;
dans un tourbillon, le jour disparaît ;
sur les îles descend un calme parfait
les frangipaniers répandent un parfum
au- dessus des palmes oscillant sans fin