Écrivons cette histoire
Dans les règles de l’art
Prenez votre pinceau
Sur un air de pipeau
Dessinez une forêt
Un oiseau et un pré
Sans omettre un chalet
Et des fleurs de tiaré
Votre paysage est alors terminé
Mais maintenant il faut tout effacer
Pour mieux recommencer
Hâtez-vous de gommer
Les senteurs d’été
Parviennent à mon nez
Le tableau est vivant
J’aimerai le visiter
Mais c’est alors que tout s’efface
Un robot et une ville remplacent
La campagne et la montagne
Tout est revisité, dans la toile absorbé
La cité détruit la forêt
Les voitures abîment le chalet
Le beau tableau
Devient un fiasco
Autour des autos, des gens s’agitent
Il ne sont jamais contents
Ils voudraient qu’on leur offre le gîte
Selon eux, l'art c'est du vent
Tout ce qui les intéressent c’est l’argent
Mais voilà que le cadre change à nouveau
Maintenant il y a un château et des veaux
C’est la nuit, plus un bruit, éblouis
Nous retenons notre souffle
Puis dans le silence, un long cri retentit
"Attention, ne chutez pas dans le gouffre !"
C’est la vie, c’est la mort
Se mélangent toutes les couleurs
En fait tu avais tort
L'oeuvre fait vraiment peur...
Notre imagination débordante
S’enfuit en même temps que nous
prenons nos jambes à nos cous
Et ce tableau d’épouvante
Disparaît tout à coup
Mais la nuit dans notre lit
Nous entendons le bruit des loups
Dans un grenier, loin d’ici
L’œuvre d’art croupit, ne valant plus un clou
Sur sa surface rigide
D’un mouvement furtif
Passe un coucher de soleil
Quelle beauté, quelle merveille
Ensuite, en lettres de feu s’inscrit
En bas, le nom de l’auteur
Nous n’avons plus a avoir peur
Car le peintre, c’est la vie !
En dessous, un autre paysage surgit
Emplit de volcans et de magie
Nous connaissons le réalisateur
Comble de malheur, de cette vaste horreur
Revêtant un aspect mystérieux
Nous qui en avons une peur bleue
Et oui, nous n’avions pas tort
Car, en voici l’auteur, c’est la mort !