La perversion de l'innocence
On commença, par lui parler sans restriction aucune, de toute cette violence
Celle d'un autre lointain qui tuait des semblables, et avec toute sa démence
Puis on décrit cet autre, tellement inhumain, et celui-là comme un être ignorant
toute cette horreur sans but et très certainement, c'est un vrai diable arrogant
ils dirent aussi que cet autre, ce n'était jamais que la mort, celle qui est donnée
Et ils dirent que pour que nos vies, elles puissent aussi leur être pardonnées
Il fallait que nous tuions ces monstres, ceux qui sont là bas, ceux qui tuent nos frères
Je les croyais, je pensais que dans leur âmes et dans cœurs, ils étaient sincères
Ce fut une guerre meurtrière et sans cadeau, pour une fin qui fut très entêté
Il fut utilisé des gaz mortels, les hommes mouraient, sur un front tout fait d'insectes
Des insectes qui avançaient et qui reculaient, des cafards d'Allemands ou des Français
Et tous ! Gazés comme des poux, par des obus que des artilleurs à l'arrière lançaient
Pour un bout de terre défendue, ou une petite avancée, dans la boue infecte
Il n'y eut pas de choix permis, la mort qui engrange, les obus qui explosent
Les pacifistes et les bellicistes, ils mouraient tous, des innocents cafards, d'une mort abjecte
Les un et les autres, sans amour et sans joie, sans savoir la raison ou la cause
En ce début du vingt-et-unième siècle, je sais encore, ce discours des prêcheurs
Qui nous parlent de croisades et de djihad contre des infidèles et des pécheurs
Je n'aime pas revoir ces mêmes causes qui sans doute donneront les même effets
L'innocent que j'étais, celui que je suis encore, je prie pour une non-violence des faits