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Exil

exil dépaart fuite nostalgie

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13 réponses à ce sujet

#1 Cyraknow

Cyraknow

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Posté 26 février 2015 - 02:16

*
MESSAGE POPULAIRE !

Exil
 
 
Un pas, un autre, un pas _ encore, un pas toujours...
Parviendrai-je à fermer la lourde porte verte,
À quitter ma maison, maintenant si déserte,
Et laisser à jamais ce lieu de mes amours ?
 
Saurai-je, enfin, quitter, sans jamais revenir,
Les murs nourriciers qui bercèrent l'enfance,
Pour affronter le monde et les limbes d'errance,
Me perdre sans espoir, ni même d'avenir ?
 
                    ---------------
 
Un pas, un autre, un pas _ encore, un pas toujours...
Trébuchant, hésitant, la porte refermée,
La décision prise et la route entamée,
Se décider à fuir, échapper aux vautours...
 
Il faut quitter sa vie ; on doit céder, partir,
Oublier le passé, ouvrir une béance,
Lacérer son âme d'une immense souffrance,
Respirer le regret, vivre dans le soupir...
 
               Juste un pas...

#2 Julien Hoquet

Julien Hoquet

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  • Une phrase ::Je regarde un ciel étoilé et je me sens une grande humilité.

Posté 26 février 2015 - 04:59

Quand on ferme une porte une autre s'ouvre, du moins c'est ce que l'on dit. Je pense que vous avez vécu cet exil et que vous savez ce dont vous parlez. Le poème est d'autant plus touchant.



#3 FlorentM

FlorentM

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  • Une phrase ::J’écris lorsque je n’ai rien
    à ne pas écrire.

Posté 26 février 2015 - 08:18

Particulièrement touchant !



#4 Cyraknow

Cyraknow

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Posté 26 février 2015 - 09:48

Merci, Julien et Florent, de vos lectures.

J'ai eu la chance de ne vivre dans ma vie que l'exil des déménagements choisis, pour aller sous d'autres cieux voir autre chose. Déchirement de quitter ses amis, son chez-soi, mais on sait que le choix de partir est conscient, voulu.
Par contre, je fais partie d'une lignée de déracinée, de par mes origines...
Les américains sont des mélanges d'autres peuples, déplacés (et dans américains, j'inclus les canadiens, Julien. Je sais combien les canadiens se froissent que les états-uniens se disent américains, comme s'ils étaient les seuls à l'être):
ma branche irlandaise fuyant la famine, les norvégiens cherchant une liberté de culte religieux, les allemands et les tchèques fuyant la misère. Mais tous eurent la chance de pouvoir organiser leur départ, dire adieu à la famille... Aucun ne subit l'arrachage soudain et violent de la guerre.

#5 Anwen

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  • Une phrase ::«La route vers l'inconnu est toujours bienvenue»

Posté 26 février 2015 - 10:32

Un texte profond qui serre fort, au dedans de soi.

Et aux exilés ne reste que le chemin
à leurs pieds fatigués, lourds de poussière
et les mains devant eux ils écartent la pluie,
Long rideau à leurs rêves.

Merci pour ce partage.

#6 M. de Saint-Michel

M. de Saint-Michel

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  • Une phrase ::Je suis quelqu'un pour qui poésie et respiration ne font qu'un.

Posté 26 février 2015 - 02:42

Tout lecteur ne peut que ressentir l'émotion qui est à l'origine du poème...

(Sur le plan prosodique: le vers 2 n'a-t-il pas 13 syllabes - "force", étant suivi d'une consonne, en comptant 2?)

#7 Cyraknow

Cyraknow

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Posté 26 février 2015 - 02:52

Merci de votre lecture avisée, Saint Michel. Voilà qui est modifié... en attendant de trouver mieux.



#8 Escamillo Cavradossi

Escamillo Cavradossi

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Posté 26 février 2015 - 11:59

l'émotion de la sincérité. Très beau texte!



#9 Cyraknow

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Posté 27 février 2015 - 10:07

"Et aux exilés ne reste que le chemin
à leurs pieds fatigués, lourds de poussière
et les mains devant eux ils écartent la pluie,
Long rideau à leurs rêves."

 

Merci, Anwen, de ce partage. Oui, l'exil est une bien triste chose.

 

Merci, Iland, de passer par ici nous faire part de votre expérience.

 

Merci, Escamillo, de tant de compliments.
 



#10 Thomas McElwain

Thomas McElwain

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  • Une phrase ::Les poètes sont des arbres; les poésies sont les feuilles.

Posté 28 février 2015 - 09:01

Merci de votre lecture avisée, Saint Michel. Voilà qui est modifié... en attendant de trouver mieux.

Mais c'est fort intéressant, cette solution.



#11 M. de Saint-Michel

M. de Saint-Michel

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  • Une phrase ::Je suis quelqu'un pour qui poésie et respiration ne font qu'un.

Posté 28 février 2015 - 10:42

J'ai retrouvé le texte de Anna de Noailles:
 
L’exil
 
Germée à la sombre surface
Du globe obscur et paresseux,
L’humanité glisse et s’efface
A l’horizon d’un ciel chanceux.
 
Les hommes, liés à la terre,
S’y balancent placidement ;
Les mols oreillers du mystère
Endorment leur étonnement.
 
Leur irritante quiétude
N’éloigne pas le doigt pesant
Que leur aïeule, l’habitude
Pose sur leur front complaisant.
 
Complices du divin mensonge,
Le repos et la volupté
Bercent pieusement leur songe
Dans le lit de l’éternité
 
Ils croient qu’au dessus de leur tête
Le paradis est un miroir
Qui les contemple, et qui reflète
Leur ignorance et leur savoir.
 
Sans que jamais leur fois se lasse,
De leur gîte artificiel
Sortant chaque chose de place
Ils ont déjà meublé leur ciel.
 
Prolongeant le désir qui s’use
Au-delà même du trépas,
Leur besoin s’installe avec ruse
Autour d’un éternel repas.
 
Il semble à leur humeur légère
Qu’ils ont pénétré la cloison,
Et que leur âme ménagère
Ne fait que changer de maison
 
Sans révolte et sans surprise,
Ils vont répétant chaque mot
De la leçon qu’ils ont apprise
Et qu’ils gardent comme un dépôt.
 
Le triste intérêt les visite,
Les guette au réveil, les attend,
Les arrête et les sollicite
Avec un visage important.
 
Leur prévoyance qui s’aiguise,
Ignore, obstinée à veiller,
Que le hasard entre à sa guise
Et fait sa place à leur foyer.
 
Ils ont défendu qu’on leur ôte
Leur calme ignorant et replet,
Car ils ont inventé la faute
Pour punir ce qu’il leur déplait.
 
Esclaves soumis de l’usage,
L’austère méditation
Ne leur jette point au passage
Sa dure interrogation.
 
Ils adorent la main qui plisse
Les moires des vivants décors,
Et ne cherchent pas quel caprice
A livré leur âme à leur corps.
 
La senteur du sol les ennivre
- Mais moi, qui n’ai jamais connu
La molle volupté de vivre,
Je hais l’abandon ingénu !
 
Chaque aurore qui me réveille
Me luit comme un premier matin ;
J’aurais vécu sans que la veille
M’ait préparé au lendemain.
 
Je n’ai point de demeure au monde,
Point de foyer et point de lit
Où glisser ma peine profonde
Dans l’accoutumance de l’oubli.
 
J’erre en cherchant quel coin de terre
Ou quelle étoile au firmament,
Fragment de mon cœur solitaire
L’attireront comme un aimant.
 
Je chercher ver l’aube nouvelle
Et dans les lointains disparus,
Quelque écho d’une âme jumelle
Pour que je ne sois pas l’intrus.
 
Je vais, épiant à quel signe
Le passé promet l’avenir,
Et quelle prophétie est digne
De l’attente ou du souvenir.
 
- quand trouveras-tu dans ton antre,
Cœur farouche, exilé si tôt.
La gaité de l’enfant qui rentre
En reconnaissant le château ?
 
Le repos de la femme sage,
Qui, rentrant ses blés à foison,
Se plaît à songer au ravage
Que fera la froide saison.
 
Nature, étrange nonchalante
Qui balance contre ton sein
L’humanité lâche et tremblante,
Anxieuse de ton destin.
 
Tu peux secouer à ton heure
Mon poids, ce léger embarras,
Sans qu’un de mes gestes t’effleure
Pour se retenir à ton bras.
 
Je ne suis pas habituée
Et ne t’ai point appartenu,
Car ma demeure est située
Au royaume de l’inconnu.


Une poétesse, à tort méconnue de nos jours...

#12 Cyraknow

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Posté 01 mars 2015 - 01:49

Merci, Iland, de nous faire partager ce texte magnifique.
J'avais déjà entendu parler de madame de Noailles, mais dois admettre à son sujet mon inculture. Ce poème me donne envie de me renseigner....

Ah, j'ai de nouveau modifié le vers qui péchait. La correction me semblait bancale, aussi je l'ai revue. Qu'en pensez-vous (vers 2)?

#13 FlorentM

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  • Une phrase ::J’écris lorsque je n’ai rien
    à ne pas écrire.

Posté 01 mars 2015 - 09:54

Je trouve cette nouvelle version du vers très intéressante ! Notamment pour le léger changement de rythme qu'elle introduit entre les deux hémistiches, comme si une main hésitante s'avançait vers la porte, puis soudain ressentait le poids de tout ce qu'elle s’apprête à laisser derrière elle, à enfermer dans les limbes du passé en refermant cette "lourde porte verte".



#14 Cyraknow

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Posté 01 mars 2015 - 10:58

Merci, Florent. Je crois en effet que j'ai enfin trouvé la version qui me plaît.



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