Certains objets sont le vestige d’un secret
Quand ils sommeillent dans l’étoffe décatie
D’un délicieux petit chiffon désuet
Exhalant un grisant parfum de nostalgie.
Sous le ruban à rosette d’un vieux mouchoir
Semble leur âme prisonnière du passé
Derrière la porte grinçante d’un placard
Affichant une plaque Ne pas déranger.
C’est parfois sous le baldaquin d’une araignée
Que l’orfèvrerie de cette poche en dentelle
Cliquète fébrilement dans l’obscurité
De la mansarde exquise d’un ancien castel.
Dans cette demeure où craquellent les châssis
Dès qu’un esprit se sent un peu trop solitaire
Se lovent des joyaux au sein d’un cagibi
Hanté par leur nostalgique propriétaire.
Leur écrin soyeux fleurant bon la violette
Parfume un parchemin offrant des mots d’amour
À une princesse qui aimait en cachette
La poésie exaltée de son troubadour.
Au rythme du balancier d’un grand carillon
Remuant la poussière de leurs souvenirs
Volent des feuilles jaunies de partition
Pour célébrer le jubilé de leur empire.
Les amants vibrent bientôt au son d’un vinyle
Sur une valse viennoise de leurs vingt ans
D’un pas bellement juvénile et malhabile
Semblant trahir la pudeur de leurs sentiments.
Ils retrouvent brusquement leur fougue d’antan
Au vibrato d’une pièce de jukebox
Improvisant l’air sensuel du french cancan
Sous une lune de solstice ou d’équinoxe.
Leur château demeure une geôle de secrets
Camouflant maints de leurs présents en pierreries
Sous des jonchées de lierre formant désormais
L’écrin discret de vieux bijoux de fantaisie.