Sous ses airs inoffensifs, cette limace est un phytoravageur que craignent les agriculteurs. Photo: R. Forsyth, Smithers.
"Arion fuscus est une espèce beaucoup plus envahissante et opportuniste que les autres limaces d'Amérique du Nord, mentionne l'étudiant à la maîtrise Érik L'Heureux. Mon mémoire porte sur les limaces du complexe d'Arion subfuscus et vise à déterminer la diversité taxinomique des espèces de ce complexe au Québec et leurs origines respectives."
Quand Arion subfuscus et sa cousine Arion fuscus sont trouvées dans un champ, ce n'est pas une bonne nouvelle pour l'agriculteur : celui-ci doit réagir rapidement, selon le site Internet Vetabio, qui recommande des solutions de rechange à l'épandage de molluscicides. Plus de 30 % de la récolte peuvent être décimés par ces phytoravageurs.
Ces futées limaces qui avancent à la vitesse de 2 à 10 mètres par jour intéressent tout particulièrement l'étudiant, qui les a suivies à la trace à l'échelle de la province, notamment en Estrie. "À la fin des années 60, ces limaces étaient encore très localisées au Québec, n'ayant été repérées que dans quelques endroits sur le territoire. Un peu plus de 45 ans plus tard, la présence de limaces du complexe d'Arion subfuscus était rapportée presque partout au Québec. Parmi ces limaces, j'ai retrouvé Arion fuscus dans 36 des 40 lieux sous surveillance de la province. Cette espèce représente 86 % de mes captures! C'est immense compte tenu de son faible pouvoir de dispersion active, ce qui laisse entendre que d'autres modes de transport existent", dit l'étudiant, car sa capacité d'invasion est présentement équivalente à celle d'une voiture de formule 1!
Érik L'Heureux
Pourquoi cette limace apprécie-t-elle en particulier le Québec et comment a-t-elle été introduite sous nos latitudes? On n'en sait rien pour l'instant. La recherche de M. L'Heureux, menée sous la direction des professeurs Bernard Angers et François-Joseph Lapointe, nous en apprendra davantage. Une seule chose est certaine : son origine. "L'haplotype d'ici est identique à l'un de ceux identifiés en Allemagne, affirme l'étudiant. On peut donc conclure que Arion fuscus au Québec vient de ce pays."
C'est avec des analyses moléculaires qu'il entend déterminer où au Québec les différentes espèces de limaces ont été introduites. "Trouver une grande diversité génétique dans certains lieux signifie que les limaces y ont probablement été introduites en premier. Quelques-unes de ces limaces iront ensuite ailleurs sur le territoire, créant des populations dont la diversité génétique sera plus faible", explique le jeune chercheur, qui souligne que les limaces sont hermaphrodites. Certaines peuvent même se reproduire par autofécondation... Et ainsi se multiplier encore plus rapidement!