Un conte d’Andersen, « Les habits neufs de l’empereur »,
ça raconte l’histoire d’un roi qui n’a de souci que de sa vêture et n’aime rien tant que de se montrer devant ses sujets dans ses nouveaux habits. Ce roi néglige toutes les affaires du royaume, et on dit de lui qu’il « siège dans sa garde-robe ».
Arrivent dans la capitale du royaume deux escrocs qui se prétendent tisserands, se vantent d’être capables de tisser la plus belle étoffe que l’on puisse imaginer et qui possède en outre une étonnante propriété : les vêtements confectionnés avec cette étoffe « seraient invisibles aux yeux de ceux qui ne convenaient pas à leurs fonctions ou qui étaient simplement idiots ».
Le roi entrevoit aussitôt le gain de savoir qu’un tel vêtement lui offrirait : grâce à lui, il serait possible de découvrir lesquels de ses sujets ne conviennent pas à leurs fonctions, et de départager les intelligents des imbéciles. Il commande donc la précieuse et merveilleuse étoffe aux deux escrocs, qui se mettent à faire semblant de tisser, sans fil, sur leurs métiers vides. Le roi, après quelques jours, dépêche auprès des tisserands son vieux ministre, qu’il sait compétent et intelligent, puis, quelque temps plus tard, un fonctionnaire dont l’honnêteté ne fait pas de doute.
L’un, puis l’autre, éprouvent le même embarras : ils ne voient rien – là où il n’y a rien à voir – et se l’avouent. Avertis des propriétés de l’étoffe, ils s’interrogent : « Serais-je donc sot, ou inapte ? », et, placés dans cette situation impossible, résolvent de ne rien dire, c’est-à-dire de taire aux tisserands escrocs et au roi qu’ils n’ont rien vu. La même aventure arrive au roi, qui n’ose pas plus que ses sujets dire qu’il ne peut rien voir.
Arrive alors le jour de la procession, où le roi doit parader dans ses habits neufs : nul ne peut rien voir, et chacun fait semblant de voir, et chacun craint que l’on ne remarque qu’il ne peut rien voir, et tous de s’extasier à la vue des admirables habits neufs de l’empereur, jusqu’à ce qu’un petit enfant dans la foule s’exclame : « Mais il n’a pas d’habit du tout
H.C. Andersen, « Les habits neufs de l’empereur »,...
Le père s’émerveille de la parole de son fils, et la commente en ces termes : « Entendez la voix de l’innocence », et le cri de l’enfant est alors repris en chœur par la foule, sur le passage du roi, qui convient à part soi que l’enfant et le peuple ont raison.