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Dormir dans le chagrin du vent ; pantoum

passé avenir naître mourir

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7 réponses à ce sujet

#1 Invité_Graphene_*

Invité_Graphene_*
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Posté 06 septembre 2015 - 04:03

Dormir dans le chagrin du vent,
Blanchir sur la terre argentée.
— Comme à mon tour : Oui ! au suivant !
Dame fortune m’a plantée…

 

Blanchir sur la terre argentée,
Dans l’ombre du bonhomme hiver.
— Dame fortune m’a plantée,
Moi, la Graine au diable vauvert…

 

Dans l’ombre du bonhomme hiver,
Le givre en sanglots longs s’épanche.
— Moi, la Graine au diable vauvert,
Sur mon avenir je me penche…

 

Le givre en sanglots longs s’épanche,
Autour de l’Arbre dépouillé.
— Sur mon avenir je me penche,
Il n’y a rien dans mon cahier…

 

Autour de l’Arbre dépouillé,
Le ciel a faim sous les étoiles.
— Il n’y a rien dans mon cahier
Que la peur de prendre les voiles…

 

Le ciel a faim sous les étoiles,
Siffle le temps à en mourir.
— Que la peur de prendre les voiles
Dans la crainte de tant grandir…

 

Siffle le temps à en mourir,
L’Arbre blanchi sur la colline.
— Dans la crainte de tant grandir,
Serrer fort mon germe en sourdine…

 

L’Arbre blanchi sur la colline,
Oubliera ses printemps d’avant.
— Serrer fort mon germe en sourdine,
Dormir dans le chagrin du vent…



#2 hasia

hasia

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Posté 06 septembre 2015 - 04:24

Graphene: un pseudo irradiant!

Et une tétralogie qui cherche une issue 

à la peine qui reflue.

hasia



#3 Pas radis

Pas radis

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  • Une phrase ::La poésie ? Et si elle existait encore ....

Posté 06 septembre 2015 - 04:54

Bonjour Graphène,

 

Je n'avais pas encore vu de pantoum en octosyllabes et formé de huit quatrains c'est intéressant, dans ton cas il élimine la césure enfin du moins de ce que j'en vois c'est beaucoup plus facile, notons qu'il est construit comme un vrai pantoum puisque le dernier vers reprend le premier contrairement au baudelairien qui ne le fait pas et qui travaille sur quatre quatrain en alexandrins avec césure qui là respecte la forme originelle, mais me diras-tu dans ce cas nous devrions les construire en croisant deux idées distinctes et là dans les notres ce n'est jamais le cas Charles Asselineau (contemporain et ami de Charles Baudelaire) nous à fait un drôle de cadeau en important cette construction fixe.

Cette construction d'origine Malaise n'a pas fini de nous surprendre dans les variantes qu'elle peut nous offrir, c'est du bon travaille félicitations et merci beaucoup au plaisir de te relire.

 

Bienvenu parmi nous

Bien cordialement Tien,

Philippe.



#4 M. de Saint-Michel

M. de Saint-Michel

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  • Une phrase ::Je suis quelqu'un pour qui poésie et respiration ne font qu'un.

Posté 06 septembre 2015 - 06:18

On se laisse volontiers bercer par la douloureuse douceur de ces vers...

#5 FlorentM

FlorentM

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  • Une phrase ::J’écris lorsque je n’ai rien
    à ne pas écrire.

Posté 06 septembre 2015 - 07:54

Merci Graphene pour ce très beau pantoum !



#6 Invité_Graphene_*

Invité_Graphene_*
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Posté 07 septembre 2015 - 03:06

merci encore pour votre accueil...

 

Pas radis je te remercie de cette fine analyse. Oui une construction surprenante et intéressante à la fois à écire. J'ai aussi essayé d'avoir deux idées séparées. La déchéance sénile  (deux premiers vers en description ) et l'entrée craintive dans la vie (deux vers suivants de dialogue pensé) . Pour la césure, oui, je compte faire mieux une prochaine fois...

 

à bientôt

 

Postscriptum

Quelques précisions jolies sur le Pantoum Malais :

 

La forme fixe du pantoum, ou plus exactement pantoun, est définie par Théodore de Banville dans son Petit traité de Poésie française.

Le pantoun consiste en une suite de quatrains (d'octosyllabes ou de décasyllabes - le même mètre est conservé dans tout le poème.) où s'appliquent deux systèmes de reprises :

 

•le deuxième et le quatrième vers de chaque strophe sont repris respectivement comme premier et troisième vers de la strophe suivante,

 

•le tout dernier vers du poème reprend le premier.

 

L'alternance des rimes masculines et féminines impose un nombre de quatrains pair. Le nombre de quatrains est illimité, mais doit être supérieur à six.
Cette forme permet de donner au poème une musicalité particulière très typée.

 

La particularité vraiment originale du pantoum réside dans le sens : il développe dans chaque strophe, tout au long du poème, deux idées différentes :

 

•La première idée, contenue dans les deux premiers vers de chaque strophe, est généralement extérieure et pittoresque.

 

•La deuxième idée, contenue dans les deux derniers vers de chaque strophe, est généralement intime et morale.

 

On peut parler également d'entrecroisement thématique : le poème parle de deux sujets , l'un descriptif, l'autre sentimental en alternance , par demi-quatrains.



#7 Pas radis

Pas radis

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  • Une phrase ::La poésie ? Et si elle existait encore ....

Posté 07 septembre 2015 - 03:40

Bonjour Graphene,

 

Remettons les choses dans le bon ordre Charles Asselineau importa le pantoum puis il fut officialisé par Théodore de Banville qui le repris à son compte mais il faudra attendre 1872 pour qu'il l'inscrive à son traité de poésie certes il était un proche de Charles Asselineau puisqu'il avait avec ce dernier permis la réédition des fleurs du mal en 1868 sur la demande de Caroline Aupick mère de Baudelaire. Notons que Leconte de Lisle en fit quelques uns, prenons également en compte que Victor Hugo en 1828 en à fait traduire un pour ses "Orientales" en prose. Pour moi la forme la plus aboutie même si elle diverge de l'originale mais est bien plus adaptée à la langue française reste la baudelairienne en précisant bien l'antériorité des fleur du mal paru en 1857 par rapport au traité de Banville 1872.

 

Bien cordialement Tien et à te relire avec plaisir,

Philippe.



#8 Julien Hoquet

Julien Hoquet

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  • Une phrase ::Je regarde un ciel étoilé et je me sens une grande humilité.

Posté 07 septembre 2015 - 05:05

J'aime particulièrement le titre.





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