
#1
Posté 21 novembre 2015 - 01:17
le coup clame l'aède absolu de caveau
en sérail Il n'a peur d'affronter dans la neige
ou le sable ces dieux d'un jour dont le manège
illusoirement tourne au gré des parlements
de basse bourgeoisie Il n'est d'autres serments
que ceux-là inventés par sa passion La prose
où notre vie se pense il l'abomine et ose
boire au sexe crucial de l'amour sans trembler
Arrachés soient les coeurs dit-il que vient troubler
fadasse un romantisme à cracher aux latrines
un humanisme avec ses avortoirs S'inclinent
à ses pieds les saisons les raisons cependant
qu'il ne s'attarde pas aux songes dévidant
leur opium Pourquoi donc rêvassez-vous carcasses
et parlez-vous de lois et de droits qui s'effacent
à tous les vents du monde Et de rire Déjà
il empoigne aux cheveux l'astre qu'il exigea
sitôt que d'une oeillade il eut connu l'obscène
de la mort Quel bonheur vaut sa joie souveraine
zébrée d'éclairs et qui redécouvre à plaisir
la beauté ses parfums si proches de périr
au fil des mille fleurs qui s'offrent Oui là-même
où l'arôme sera quelque fantôme blême
en vérité au corps des femmes Car il n'a
pas la moindre illusion Tel nuage incarnat
tel baiser c'est tout un il le sait mais savoure
jusqu'au scandale un ciel flagrant dont s'énamoure
pourquoi non l'amazone au sein gorgé d'orgueil
Et chaque nuit il va coucher dans son cercueil
- Dad Allaoua, Diane, Jped et 6 autres aiment ceci
#2
Posté 22 novembre 2015 - 12:05
Bonsoir Michel,
Un poème profond qui me semble dénoncer la stérilité stupide d'un monde qui ne sait plus qui il est, mais je prends cela au premier degré, peut-être cache-t-il autre chose ....
Félicitations et merci pour ce partage qui interpelle.
Bien cordialement Tien,
Philippe.
- M. de Saint-Michel et pigloo aiment ceci
#3
Posté 22 novembre 2015 - 12:20
Entre force orageuse et frêle déliquescence, votre poème tangue et vacille pour mieux montrer les affres d'une âme soumise au monde. Merci à vous pour ce partage !
- M. de Saint-Michel, Pas radis et pigloo aiment ceci
#4
Posté 22 novembre 2015 - 06:46
l'exiguïté qui enserre les vers et destructure le poème, donne un écho qui mèle les sons....
ici, la forme même du texte trahit la pensée poétique au fond...
Est-ce une ou plusieurs voix ( voire une voix mais à l'echo diffus démultiplié)qui décrit(sculpte) dans la
masse,le parangon contre l'innommable, le trublion des âmes insensées et l'anti-esclave de ses travers...
l'entremèlement et les images dépeignent cette ambiance extra-ordinaire sur les faits et gestes d'une liaison dangereuse entre un être d'outre-tombe ( la tombe étant l'état du monde tel que décrit) et un monde au bord de la fosse, en rupture...de poésie.
Ce personnage tel l'avertisseur, entre 2 mondes, ne semble pas soumis à l'hypnose générale mais en révèle la teneur....
******
comme une sorte d'inversion qui caractérise ce tableau ,
c'est ce monde qui est vampire et seul, l'Homme vrai retourne dans son cercueil, pour une petite mort régénératrice....
******
la crise des sens d'un monde insensé qui s'encense....
merci M. de Saint-Michel & bravo
- Jped, M. de Saint-Michel et Pas radis aiment ceci
#5
Posté 22 novembre 2015 - 07:28
j'avoue, je suis au siècle vain
un baladin sur une butte
les temps anciens soufflaient mystère
et sous la lune qui balbutiait
chemin faisant, lyre à la main
j'ai raconté de frèles histoires
qui pointent l'effet pour dire la cause
je songe et veille, ce doux mensonge
qui, de tout temps, me rend affable
debout sur le flanc d'un matin
sinistre aux sables de son déclin
je jette une plume vers l'horizon
et m'en retourne, parcheminant
au fil d'une encre, rosée morose
- Jped, M. de Saint-Michel, Pas radis et 1 autre aiment ceci
#6
Posté 22 novembre 2015 - 10:06
Je retrouve ici cette sorte d'étrange colère verbale, à la fois donnant l'impression de partir dans tous les sens et d'une remarquable perfection formelle, qui caractérise les chansons les plus fortes d'un Léo Ferré.
Marc Laroche
- M. de Saint-Michel et Pas radis aiment ceci
#7
Posté 22 novembre 2015 - 01:17
Merci, Philippe, pour ton commentaire: le monde, en effet, n'a plus, d'après moi, de repères: il divague, privé de sens - de direction... D'où le besoin, pour certains, de rompre avec lui - de renoncer à ses pseudo-valeurs...Bonsoir Michel,
Un poème profond qui me semble dénoncer la stérilité stupide d'un monde qui ne sait plus qui il est, mais je prends cela au premier degré, peut-être cache-t-il autre chose ....
Félicitations et merci pour ce partage qui interpelle.
Bien cordialement Tien,
Philippe.
Même un rebelle-au-monde est obligé, bon gré mal gré, de vivre avec lui, d'en subir les effets néfastes: il ne peut exister hors de l'espace et du temps! L'essentiel est qu'il ne lui dise pas "amen".Entre force orageuse et frêle déliquescence, votre poème tangue et vacille pour mieux montrer les affres d'une âme soumise au monde. Merci à vous pour ce partage !
Merci à vous.
- Pas radis aime ceci
#8
Posté 22 novembre 2015 - 01:19
Merci, Philippe, pour ton commentaire: le monde, en effet, n'a plus, d'après moi, de repères: il divague, privé de sens - de direction... D'où le besoin, pour certains, de rompre avec lui - de renoncer à ses pseudo-valeurs...
Bonjour Michel,
C'est tellement vrai Michel, mais les coupables sont autant ceux qui ne font rien ou qui font mal, que ces ordures de charognards qui exploitent ce désarroi et ceux-là il faut les éradiquer !!
Bien cordialement Tien mon ami,
Philippe.
- M. de Saint-Michel aime ceci
#9
Posté 22 novembre 2015 - 01:26
Un poème de colère... Assurément! De colère face au monde tel qu'il est: de moins en moins respirable! (Et pas seulement sur le plan écologique...)Je retrouve ici cette sorte d'étrange colère verbale, à la fois donnant l'impression de partir dans tous les sens et d'une remarquable perfection formelle, qui caractérise les chansons les plus fortes d'un Léo Ferré.
Marc Laroche
Merci pour votre commentaire (et votre référence, flatteuse!)
- Pas radis aime ceci
#10
Posté 22 novembre 2015 - 01:54
"La crise des sens d'un monde insensé qui s'encense": admirable formule qui exprime à la perfection ce que j'ai essayé de suggérer!texte condensé jusqu'à vouloir rompre...le silence.l'exiguïté qui enserre les vers et destructure le poème, donne un écho qui mèle les sons....ici, la forme même du texte trahit la pensée poétique au fond...Est-ce une ou plusieurs voix ( voire une voix mais à l'echo diffus démultiplié)qui décrit(sculpte) dans lamasse,le parangon contre l'innommable, le trublion des âmes insensées et l'anti-esclave de ses travers...l'entremèlement et les images dépeignent cette ambiance extra-ordinaire sur les faits et gestes d'une liaison dangereuse entre un être d'outre-tombe ( la tombe étant l'état du monde tel que décrit) et un monde au bord de la fosse, en rupture...de poésie.Ce personnage tel l'avertisseur, entre 2 mondes, ne semble pas soumis à l'hypnose générale mais en révèle la teneur....******comme une sorte d'inversion qui caractérise ce tableau ,c'est ce monde qui est vampire et seul, l'Homme vrai retourne dans son cercueil, pour une petite mort régénératrice....******la crise des sens d'un monde insensé qui s'encense....merci M. de Saint-Michel & bravo
Notre monde est à ce point mortifère qu'il faut "mourir" à lui pour "vivre" dans la pleine réalité du terme: courage et lucidité sont nécessaires pour "rompre" avec lui et ne plus se laisser prendre à ses semblants, ses slogans usés jusqu'à la corde. Ne plus être "un mouton de Panurge" mais "un roseau pensant"...
Merci pour la finesse de votre lecture.
le cercueil qui fredonnej'avoue, je suis au siècle vainun baladin sur une butteles temps anciens soufflaient mystèreet sous la lune qui balbutiaitchemin faisant, lyre à la mainj'ai raconté de frèles histoiresqui pointent l'effet pour dire la causeje songe et veille, ce doux mensongequi, de tout temps, me rend affabledebout sur le flanc d'un matinsinistre aux sables de son déclinje jette une plume vers l'horizonet m'en retourne, parcheminantau fil d'une encre, rosée morose
La Poésie est l'avenir de l'homme...
Aux grands maux, les grands remèdes!! 😉Bonjour Michel,
C'est tellement vrai Michel, mais les coupables sont autant ceux qui ne font rien ou qui font mal, que ces ordures de charognards qui exploitent ce désarroi et ceux-là il faut les éradiquer !!
Bien cordialement Tien mon ami,
Philippe.
#11
Posté 22 novembre 2015 - 07:31
Nietzschéen : ainsi parlait Zarathoustra ...
Même s'il y a du Dracula aussi.
Heureusement le poète est là : " Son œil est limpide et sur sa lèvre ne se creuse aucun pli de dégoût. Ne s’avance-t-il pas comme un danseur ? " ( Le prologue de Zarathoustra, 2 )
- M. de Saint-Michel et Pas radis aiment ceci
#12
Posté 22 novembre 2015 - 07:38
Un éclairage inattendu - mais intéressant...Nietzschéen : ainsi parlait Zarathoustra ...
Même s'il y a du Dracula aussi.
Heureusement le poète est là : " Son œil est limpide et sur sa lèvre ne se creuse aucun pli de dégoût. Ne s’avance-t-il pas comme un danseur ? " ( Le prologue de Zarathoustra, 2 )
Merci à vous.
- Pas radis aime ceci
#13
Posté 25 novembre 2015 - 05:25
Ce texte exprime avec sincérité la réalité de notre monde
Merci pour le partage
Bonne soirée
Amitiés
- M. de Saint-Michel et Pas radis aiment ceci
#15
Posté 25 novembre 2015 - 07:56
D'un hédonisme farouche,
ce texte est d'une rare audace poétique
- M. de Saint-Michel et Pas radis aiment ceci
#16
Posté 25 novembre 2015 - 11:14
Merci pour votre commentaire.D'un hédonisme farouche,
ce texte est d'une rare audace poétique
Quant à l'hédoniste du poème, il me semble être tenaillé entre le nihilisme vis-à-vis d'un monde auquel il ne peut croire et une soif irrépressible d'absolu qu'il ne peut étancher. (Le dernier vers fait allusion aux trappistes qui, dit-on, avaient pour lit leur futur cercueil...)
#17
Posté 08 décembre 2015 - 05:26
Merci pour ce grandiose éclat de poésie
N'est-ce point l'énergie du désespoir, ici, qui déchire le monde ?
- M. de Saint-Michel et Pas radis aiment ceci
#18
Posté 08 décembre 2015 - 07:46
Le désespoir mais aussi, peut-être, l'appel d'un certain absolu...Merci pour ce grandiose éclat de poésie
N'est-ce point l'énergie du désespoir, ici, qui déchire le monde ?
Merci bien.
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