L'automne a rendu à la terre
Autant de feuilles qu'il pouvait,
Les balais rangeant, pour bien faire,
La poussière dans les secrets.
Les travaux finis dans la ferme
On voyait, près du poulailler,
Le chien sous son vieil épiderme
Écouter le monde emplumé.
Le coq a négligé ses poules
Occupées à compter leurs œufs.
Quelque chose a fait fuir les foules,
Peut-être les temps désastreux.
Chaque fois c'est la même histoire :
On sait - mais qui l'a raconté ?
Que la faucheuse en robe noire,
Pour l'hiver, a tout préparé.
Qui sera sauvé par la chance
Et qui sera réduit à rien ?
Le coq souriait à l'engeance.
Les dames regardaient le chien.
« Hélas tout cela se devine,
Allait-il répondre, attristé.
Je ne vis point à la cuisine
On ne veut pas m'y voir traîner.
La reine dinde abandonnée
Par le dindon parti aux jeux,
Tremblait pour toute sa lignée
Désespérée, la larme aux yeux.
Allons madame, dit la bête
Au cou rasé par son collier,
Si l'on passe au moment des fêtes,
En janvier, tous les sabliers
Seront vides, sans plus d'idées.
Le pire n'est-il incertain ?
Voyez ce coq sur sa rangée
Qui croit inventer le matin...
J'ai bien entendu la fermière
Dire qu'elle n'en pouvait plus.
C'est elle qui tient la lumière
Et nourrit toute sa tribu.
Gallum in suo sterquilino plutimum posse - Sénèque.
(Le coq est tout puissant sur son fumier)
©M.KISSINE – ISBN 9782919390311